Lorsque la course à la Lune, déclenchée par les Etats-Unis en mai 1961, commença, les Russes, menés par Korolev, le père du Spoutnik, misèrent, outre une fusée plus puissante, la N1, sur le concept de robots mobiles télécommandés depuis la Terre et sur celui de base permanente sur la Lune. Le robot mobile soviétique fut nommé "Lunokhod" et sa construction confiée à l'usine de chars Transmash de Leningrad, sous la direction de l'ingénieur Alexandre Kemurdzhian. Le projet devint secret d'Etat. Il fut ensuite transféré à l'Institut NPO Lavochkine de Moscou, spécialisé dans la construction des sondes spatiales
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Korolev disparu en 1966, on passa cependant au choix des pilotes des Lunokhods: on fit appel à des hommes de l'Armée Rouge. Alors que les Américains progressaient dans le programme Apollo et que la fusée N1 connaissaient ses déboires, des missions soviétiques Luna, en 1968, atterrirent sur la Lune, prirent des photos et testèrent le sol lunaire. Le design des Lunokhods devenait définitif: des roues motrices -et pas des chenilles, un système de couvercle dont l'intérieur, une fois le couvercle déployé, servait de panneau solaire et qui, se refermant, protégeait le rover du froid de la nuit lunaire de 12 jours et un système d'alimentation en énergie et en chaleur par du matériau radioactif, du polonium. Le rover avait un aspect, très archaïque, de gros baquet avec couvercle, monté sur roues. Il pesait 756kg pour une dimension de 2,2m sur 1,6m. Décidant de prendre une forme d'avantage sur les Américains qui se rapprochaient de leur premier atterrissage lunaire habité, les Russes décidèrent de lancer leur Lunokhod début 1969. Le 19 février, une fusée Proton décolla de Baïkonour, emportant le premier robot. Malheureusement, ce premier lancement fut un échec: le lanceur explosa en vol. Les Soviétiques ne purent donc que laisser la place aux Américains. En juillet de la même année, Neil Armstrong devenait le premier homme à poser le pied sur la Lune
Ce ne fut que le 10 novembre 1970 que les Soviétiques lancèrent un second Lunokhod, amarré sur une sonde Luna et emporté, de nouveau, par une fusée Proton. La mission atteignit l'orbite lunaire en 4 jours et demi. Elle resta 48h en orbite avant de se poser sur la Lune, dans la mer des Pluies, le 17 novembre. Le Lunokhod fut pris en charge par les pilotes, installés à Simféropol, en Crimée. Le pilotage, par un joystick, était handicapé par le fait que les caméras avaient été installées trop bas et que le pilote se basait sur une image, transmise ligne par ligne et qui ne restait affichée que 10 secondes. Le Lunokohd portait un spectromètre et de nombreux autres instruments scientifiques. Il pouvait se déplacer à 2 vitesses, soit 800m par heure, soit 2km/h. Le robot était piloté le jour et était parqué la nuit. Alors que la mission ne devait durer que 90j le Lunokhod fonctionna pendant 11 mois, parcourant 11 km et il hiberna sans problèmes pendant les nuits lunaires. Le rover faillit être perdu par 2 fois par erreur de pilotage. Cette mission fournit des données sur la régolithe lunaire et des vues rapprochées du relief local
Les Russes récidivèrent en janvier 1973. Un second Lunokhod, porté par le Luna 21 et portant des expériences françaises, atterrit avec succès dans l'Est de la mer de la Sérénité, au cratère Lemonnier. Il put parcourir 37 km en 4 mois et il était équipé de caméeras à plus haute définition ainsi que d'instruments scientifiques améliorés. Le succès de la mission avait été assuré par de nombreux tests, surtout ceux fait à l'automne 1972; ils découvrirent des problèmes avec le système de télécommunications à longue distance lesquels furent rapidement corrigés. Le système de contrôle à distance connut des problèmes au cours de la 250ème session lorsqu'un ordre de stopper dut être réitéré 3 fois avant que le rover ne s'arrête (il se dirigeait vers un cratère). Le Lunokhod 2 se déplaçait plus rapidement que le premier vaisseau. Les deux Lunokhod utilisèrent des rétroréflecteurs laser pour les communications et la navigation, une méthode peu habituelle pour l'époque. La mission, malheureusement, se termina rapidement pour cause de surchauffe qui fut peut-être due au fait que du sol lunaire recouvrit le rover, couvrant des composants-clés; la température interne s'éleva à 88°C.et le robot cessa de répondre. Ces missions Lunokhod permirent, en un sens, à l'Union Soviétique de sauver la face. Bien qu'aucun Soviétique n'atteignit la Lune, ces deux robots furent une forme de réussite soviétique, en termes de technologie. Les Russes, finalement, avaient une longueur d'avance, en termes d'exploration robotique terrestre de la Lune et des planètes du système solaire. Ils continuèrent de constuire des "planetokhods" jusqu'à la chute de l'URSS (le Lunokhod-3, qui devait être encore plus rapide, fut construit à la fin des années 1970 mais la mission n'eut jamais lieu pour cause de financement insuffisant). Comme pour le projet Spoutnik, toute l'équipe des rovers resta secret d'Etat, dont l'autre ingénieur du projet, Babakin. A la chute de l'URSS, ces ingénieurs furent admis à collaborer avec les Américains, au sein du JPL, qui, ainsi, testa leur Marsokhod. On ne peut que constater que les Américains tirèrent très vite profit de ces connaissances puisque le rover martien Pathfinder en 1996 puis les actuels Twin Rovers, bénéficièrent largement de la technologie et des choix techniques des soviétiques
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