L'astronomie amateur se pratique souvent pour le plaisir mais elle peut être aussi le moyen d'agir d'une façon scientifique. Une façon simple d'aller dans ce dernier sens est d'abord de bien "régler" son observatoire puis de prendre l'habitude de rédiger des rapports d'observation (cette façon de faire, d'ailleurs, peut également permettre d'augmenter le simple plaisir amateur d'observer le ciel). Les rapports d'observation, de plus, avec le temps, pourront servir à vous souvenir de vos observations aussi bien que, dans une perspective plus scientifique, vous fournir les premiers éléments d'une base de données. Cela, dans son ensemble, peut prendre la forme d'un gabaritque vous utiliserez pour chaque observation. Par ailleurs, faire un dessin de ce que vous observez est quasi-obligatoire. Fonction de si vous êtes ou non membre d'un club d'astronomie ou d'une association d'astronomie en ligne, vous pourrez ou pas avoir à votre disposition un gabarit spécifique et obligatoire. La communauté des astronomes amateurs, elle, en général, ne propose pas de standard en la matière. Des associations d'observation planétaire, ainsi, pour le monde anglo-saxon, l'A.L.P.O., proposent aussi, par exemple, des gabarits spéciaux et détaillés pour ce type d'observation. Le tutoriel qui suit est une description de ce que mettent en oeuvre la plupart des astronomes amateurs. Vous pourrez, bien sûr, adapter nos conseils fonction de vos choix personnels, de vos goûts ou de vos besoins. On remarquera qu'il est possible de télécharger depuis le Web des freewares qui permettent d'enregistrer les données d'observation. La question à se poser alors, avant d'utiliser un outil de ce type, est quelle est sa capacité d'exportation des données entrées; il serait dommage, après quelques années, de réaliser, qu'on ne peut plus récupérer ses observations dans un format de son choix. Ensuite, il faudra aussi se demander si cette continuité concerne aussi le passage d'un ordinateur au suivant lorsque, par exemple, vous en ferez l'acquisition d'un nouveau
Une bonne pratique consiste à étalonner votre observatoire ou votre lieu d'observation, fût-ce un simple balcon. Cela est utile -d'autant plus si vous utilisez un instrument muni d'un système automatisé d'orientation vers les objets observés. Vous prendrez, d'abord, les coordonnées géographiques précises de votre site (ce qui peut se faire facilement à l'aide d'un logiciel tel Google Earth, par exemple). Ensuite, vous pourrez aussi repérer où se trouvent, par rapport au site, les quatre points cardinaux, l'Ouest, le Nord, le Sud et l'Est (les observateurs les plus chanceux disposeront des quatre points cardinaux...). Ces repères vous permettront, par exemple, de situer rapidement un objet, ou un champ, en azimuth, pendant une observation. Cela est également utile lorsqu'on utilise un logiciel-planétarium d'astronomie car cela permet de confronter ce que donne le logiciel en termes de carte du ciel et les directions sur le terrain. L'altitude du lieu d'observation est aussi utile. Cela peut donc mener à un premier groupe de données
Une autre bonne idée est aussi de faire une recension précise des instruments astronomiques que vous utilisez habituellement pour vos observations. Cela vous permettra des comparaisons sérieuses entre vos observations, par exemple. Aussi prévoyez une partie du gabarit consacrée à l'instrument avec lequel vous observez. Comme, d'une façon générale, vous utiliserez différents grossissements pendant une même observation -ou si vous utilisez plus d'un instrument- notez tout cela sur une feuille -ou un fichier- séparée de façon à pouvoir reprendre les données pour chaque observation. Pour tout instrument, jumelles comprises, cela peut prendre la forme suivante:
Cela, sur le gabarit, donnera (avec toutes données supplémentaires que vous pouvez trouver bon de noter):
site 'Amateur Astronomy' |
Une fois les données concernant l'observatoire, on passera à l'estimation des conditions visuelles d'observation au moment d'une observation même. Cela permettra que les données d'observation soient utilisables par la suite et comparables soit par vous-même soit par d'autres. Le rapport d'observation comportera ces valeurs. Les conditions visuelles d'observation concernent essentiellement l'état du ciel. Le problème est que, si trois données sont les plus utilisées par les astronomes amateurs, leurs échelles, elles, sont très variables, jusqu'à des échelles spécifiques à chaque amateur... Aussi nous allons décrire aussi trois critères relatifs aux conditions visuelles et leur échelle; cependant, vous devrez ne considérer ces données que comme des exemples et devrez rechercher plus d'éléments pour votre propre usage. A plus forte raison si vous faites partie d'un club, auquel cas vous utiliserez surtout les critères et les échelles qui y sont utilisées. Dans les tous les cas, vous ne devrez pas consacrer trop de temps pour l'estimation, sur le terrain, de ces conditions et consacrer l'essentiel du temps à l'observation
La transparecnce. Notée "T", la transparence est une estimation de la transparence du ciel au moment de l'observation. On la pratique en déterminant en recherchant quelle est l'étoile la plus faible à laquelle on accède à l'oeil nu. La transparence influe sur quels sont les objets les plus faibles auxquels on accède pendant une séance d'observation. Certains conseillent d'utiliser une série d'étoiles situées autour de la Polaire ou des étoiles qui se trouvent au zénith au moment de l'observation. Pour parvenir à cela, il faut utiliser un atlas céleste ou un logiciel d'astronomie à partir duquel vous réaliserez une carte de magnitudes utilisables sur le terrain; vous y aurez fait apparaître les magnitudes d'étoiles jusqu'à la magnitude 7. Cela se fera pour le centre d'une constellation qui se situera au zénith au moment de l'observation; on numérotera aussi les étoiles de la plus lumineuse à la plus faible (par exemple a, b, c, etc.). On pourra préparer des cartes pour la Lyre, Cassiopée, le Cocher et la Grande Ourse pour les observations, respectivement, d'été, automne, hiver et printemps. Une fois sur le terrain et vos yeux adaptés à l'obscurité, recherchez, à partir de la moins lumineuse, quelle étoile vous pouvez voir. La magnitude de cette étoile est dite la "magnitude visuelle limite à l'oeil nu" (abrégé "Mvlon"). De là, diverses échelles sont utilisées pour estimer la transparence. Voici un exemple d'échelle
Cette échelle peut aussi s'écrire de T0 (Mvlon 6,5) à T5 (Mvlon inférieure à 4,5) avec les valeurs intermédiaires T1 (6,5-6,25), T2 (6,25-6), T3 (6-5,5), et T4 (5,5-4,5). Une autre échelle s'étend de 0/10 à 10/10, par exemple
La turbulence (ou, en anglais, le "seeing"). Notée "S", la turbulence ("seeing", en anglais) est une estimation de la turbulence atmosphérique du fait des différentes couches de densité ou de température; elle est estimation de comment l'atmosphère trouble la vision obtenue de l'objet. La turbulence, d'une façon générale, est un état inévitable de l'atmosphère terrestre qui fait, par exemple, scintiller les étoiles (la lumière stellaire est déviée en différentes directions lorsqu'elle traverse l'atmosphère). La turbulence affecte la résolution. On conseille habituellement d'estimer la turbulence en observant l'aspect, dans un instrument, d'une étoile modérément brillante via le concept de "figure d'Airy". La figure d'Airy provient de la diffraction de la lumière des objets stellaires à travers l'atmosphère et de la nature quantique de la lumière: une étoile, dans un instrument astronomique, ne présentera pas un aspect de sphère mais apparaîtra sous la forme de la figure d'Airy, à savoir un point ou disque central brillant entouré d'anneaux concentriques qui sont de moins en moins lumineux au fur et à mesure qu'on s'éoigne du disque. Voici l'exemple d'une échelle de turbulence, qu'on appliquera en observant, la mise au point étant faire, une étoile modérément brillante:
Une échelle alternative à la précédente est la bien connue "Pickering Seeing Scale" ("échelle de turbulence de Pickering, d'après William H. Pickering (1858-1938)); des meilleurs aux pires conditions de turbulence:
La pollution lumineuse. Notée "P", la pollution n'est que le concept classique de la présence ou pas de la Lune -et dans quelle phase- augmenté de considérations concernant la pollution lumineuse venant des villes et autres lumières artificielles. La présence de la Lune affecte l'observation des objets du ciel du profond, limitant la magnitude la plus faible qu'on peut atteindre. L'échelle dite "Bertrand Laville" est souvent utilisée (la pollution lumineuse, soit le halo lumineux qu'elle crée ne doit être estimé que s'il concerne la direction générale de l'observation)
Une autre échelle s'étend de 0/10 à 10/10
A savoir aussi qu'on peut estimer d'autres facteurs et les reporter sur le rapport d'observation ainsi le taux d'humidité, la température ou la force du vent (pour cette dernière: 0 pour vent nul, 2 pour vent faible, 3 pour vent moyen, 4 pour vent dérangeant, 5 si le vent compromet l'observation, par exemple). Cela donne donc, sur le gabarit du rapport d'observation:
Le rapport d'observation, enfin, va vous permettre d'enregistrer ce que vous avez observé pendant la séance d'observation. Celles-ci, bien sûr, dépendront de l'objet observé. Pour le cas d'une observation planétaire, particulièrement, il vous faudra préciser certains points (qui ne sont pas développés ici). Un ensemble de données, par ailleurs, concerne la date, l'heure et la durée de l'observation. L'heure est notée en TU (la précision d'une montre correctement réglée ou l'horloge d'un ordinateur sont habituellement suffisants. Quand une précision plus grande est nécessaire, on aura recours à un système d'horloge parlante (certains logiciels spécialement conçus pour l'astronomie existent aussi). On peut également, à ce niveau du gabarit, ajouter des données complémentaires concernant la météorologie (une bonne pratique est de se préoccuper de signes qui peuvent laisser penser que le temps peut évoluer au cours de l'observation ainsi, par exemple, des nuages qui s'incrustent bas sur l'horizon au coucher du Soleil et qui pourraient venir perturber l'observation; ou toute autre remarque jugée utile)
Puis viennent les données d'observation proprement dit (avec une partie concernant des remarques plus précises et personnelles):
Pour ce qui est d'un dessin d'observation, cela constitue une bonne pratique et peut même être considéré comme obligatoire. L'observation planétaire se fera toujours mieux à l'oeil nu et au crayon car dessiner ce qu'on observe fait que l'oeil va percevoir des détails plus fins. La remarque est vraie en général aussi car en dessinant ce qu'on observe, l'oeil travaille différemment de lorsqu'on se contente d'observer sans dessiner et on voit différemment l'objet observé (ou l'on acquiert plus de données ou des données différentes). Si vous avez réalisé un dessin, faites-y référence sur votre rapport d'observation. Là aussi, il faudra standardiser vos dessins d'observation de sorte que votre base de données d'observation puisse être utilisable
Enfin, si vous faites de la photographie astronomique d'une façon habituelle ou si vous avez pris des images pour l'objet observé, en particulier, il faudra aussi prévoir des champs supplémentaires sur le gabarit. Ainsi le type d'appareil utilisé (webcam, réflex, capteur CCD, etc.) et l'ensemble des données y afférentes, y compris le logiciel de traitement d'image. Pour une webcam, par exemple, cela pourrait prendre la forme suivante:
A ce point, vous voilà donc en possession d'un gabarit de rapport d'observation, qui peut donc se présenter ainsi (nous l'avons formaté en format fichier .txt):
RAPPORT D'OBSERVATION =====OBSERVATOIRE=================================================== Lieu: Coordonnées: Altitude: =====INSTRUMENT===================================================== Instrument, type: Diamètre: Longueur focale: Rapport focal (f): Monture: Oculaire(s) (focale, grossissement, champ): Autres: =====CONDITIONS D'OBSERVATION======================================= Transparence (avec Mvlon): Turbulence: Lune (avec pollution lumineuse): Vent: Température: =====OBSERVATION==================================================== Date: Heure (UT): Durée de l'observation: Remarques météo: Objet: Type: Localisation: Magnitude: Dimensions: Observation: =====PHOTOGRAPHIE=================================================== Type de webcam: Logiciel d'acquisition: Images/s: Nombre de vues: Vitesse d'obturation: Nombre de flats: Nombre de darks: Luminosité, contraste, gamma, gain, saturation (in that order): Logiciel de pré-traitement d'image: Logiciel de traitement d'image:
Ce qui peut donner un rapport d'observation comme celui qui suit (il est fictif et traiterait d'un rassemblement de planètes, par exemple)
RAPPORT D'OBSERVATION =====OBSERVATOIRE=================================================== Lieu: Armentières Coordonnées: 47° 56'N, 3° 2'E Altitude: 250m =====INSTRUMENT===================================================== Instrument, type: oeil nu et jumelles 8x21 Diamètre: - Longueur focale: - Rapport focal (f): - Monture: - Oculaire(s) (focale, grossissement, champ): - Autres: =====CONDITIONS D'OBSERVATION======================================= Transparence (avec Mvlon): - Turbulence: - Lune (avec pollution lumineuse): pas de Lune (se levait à l'Est à 0h 12 TU) Vent: 4km, d'Ouest Température: 15°C =====OBSERVATION==================================================== Date: 23/05/2003 Heure (UT): 7h 15 Durée de l'observation: 38mn Remarques météo: le ciel du crépuscule se dégage rapidement de nuages en voile; une bande a persisté jusqu'à ce que Vénus devienne visible Objet: rassemblement de Saturne, Mars, Vénus et Mercure dans le crépuscule Type: rassemblement de planètes Localisation: - Magnitude: - Dimensions: - Observation: Vénus est visible à l'oeil nu avant 9h 24 heure locale mais Saturne et Mars ne sont visibles qu'aux jumelles 8x21 -et après les avoir beaucoup recherchés. Mercure n'est vu (également aux jumelles) que plus tard. Saturne commence d'être visible à l'oeil nu vers 9h 29 et Mercure vers 9h 34. Un nuage empêche de savoir quand Mars le devient. Alnath, du Taureau, est dans le champ du rassemblement un dessin a été réalisé =====PHOTOGRAPHIE=================================================== Type de webcam: PAS DE PHOTOS Logiciel d'acquisition: Images/s: Nombre de vues: Vitesse d'obturation: Nombre de flats: Nombre de darks: Luminosité, contraste, gamma, gain, saturation (in that order): Logiciel de pré-traitement d'image: Logiciel de traitement d'image:Website Manager: G. Guichard, site 'Amateur Astronomy,' http://stars5.6te.net. Page Editor: G. Guichard. last edited: 2/14/2012. contact us at ggwebsites@outlook.com