Les premières idées de stations spatiales dataient d'avant la conquête spatiale. L'idée d'une station spatiale, d'une façon générale, pourrait devoir être attribuée au visionnaire russe Constantin Tsiolkovsky (1857-1935) dans ses croquis de 1883; son influence s'exerça essentiellement sur nombre de futurs ingénieurs et scientifiques spatiaux de son pays dont le concepteur-en-chef Sergei Korolev maître d'oeuvre de l'espace soviétique qui, entre autres, envisagea aussi une station spatiale. Herman Noordung, un jeune officier de l'armée austro-hongroise, dans les années 1920, écrivit "Le problème du voyage dans l'espace" qui se centrait sur l'idée d'une station spatiale de forme torique, en rotation pour créer une gravité internationale. En termes de station spatiale, ou "station orbitale" en orbite terrestre, l'âge spatial n'aura finalement connu que les les programmes soviétiques, le Skylab américain et l'actuelle Station Spatiale Internationale. Les stations spatiales ont été évoquées par les pionniers de l'astronautique tels Constantin Tsiolkovski ou Hermann Oberth. Pourquoi sont-ce les Soviétiques qui ont acquis une telle expérience en termes de station orbitale? Il semble bien, qu'une fois passé le temps -rapide- de leur politique spatiale de prestige du tournant des années 1960, l'apparente avance dont avait fait preuve l'Union Soviétique s'avérait surtout n'être que de la poudre aux yeux. L'avance spatiale, en termes généraux, était désormais dans le camp des Etats-Unis. Non seulement, le programme Apollo et le premier homme sur la Lune ainsi que l'exploration spatiale leur donnaient le premier rôle mais, de plus, même pour ce qui était de l'aspect militaire de la conquête spatiale -les missiles intercontinentaux, l'espionnage- ils avaient également activement réagi à l'avantage que les Soviétiques semblaient avoir acquis au milieu des années 1950. Ainsi, les Etats-Unis avaient également envisagé, via un projet conjoint entre l'U.S. Air Force et le National Reconnaissance Office, un laboratoire orbital spatial aux fins de missions de reconnaissance via des photographies haute-résolution, le "Manned Orbiting Laboratory" ("laboratoire orbital habité" ou MOL). Un autre véhicule, le "Big Gemini", dérivé du Gemini B, devait pouvoir transporter vers une station jusqu'à 12 membres d'équipage; il fut évoqué en 1969. L'initiative américaine allait alors se poursuivre avec le programme Skylab, en 1973-1974, une station habitée construite à partir des vaisseaux et lanceurs du programme Apollo, celui de la navette spatiale, vaissau ré-utilisable qui vola en 1981 ou celui de la station spatiale américaine "Freedom". Après leurs grandes premières spatiales, les Soviétiques, très vite, ne furent plus qu'en position de devoir répondre aux progrès américains. C'est dans ce cadre que l'on peut mieux comprendre quels furent leurs programmes de station spatiale. L'URSS avait réssi le premier rendez-vous spatial automatique en octobre 1967, ce qui constituait une étape essentielle dans le développement aussi bien de leur programme d'atterrissage lunaire que de leurs projets en termes de station spatiale. Ils firent s'amarrer deux vaisseaux Cosmos -le 186 et le 188- qui étaient des variantes non habitées des Soyouz; les Cosmos, par ailleurs, avaient été re-certifiés pour emporter des cosmonautes à la suite de l'accident, en avril 1967, d'un Soyouz-1 qui avait coûté la vie à un cosmonaute. La réussite de l'amarrage automatique fut une étape cruciale dans le retour des Soviétiques dans l'espace. La mission, cependant, fut entachée de dysfonctionnements: une connexion électrique entre les deux vaisseaux ne put être établie et le mécanisme d'auto-destruction du Cosmos 188 se déclencha accidentellement lors de son retour sur Terre. Les rendez-vous automatiques devinrent une composante entière des programmes russes des stations spatiales Saliout et Mir (et ils restent, encore aujourd'hui, utilisés pour les arrimages à la Station Spatiale Internationale)
Ce fut, en 1965, le premier programme de station soviétique; son nom signifie "diamant", en russe. Aussi appelé le "Orbital Piloted Station" ou OPS ("station pilotée orbitale"), l'URSS le considéra donc comme sa réplique au projet MOL américain. Les vaisseaux du programme ne volèrent pas avant 1973. De plus, les Soviétiques déguisèrent le programme Almaz, qui fut tenu hautement secret, sous celui de la station civile Saliout, dont les vaisseaux furent adaptés du programme militaire et commencèrent de voler dès 1971. Il est possible que l'aspect civil du programme ait aussi été un moyen de redorer le blason spatial soviétique après le succès américain du premier homme sur la Lune. D'un diamètre de 4,15m, d'un poids de 20t, le vaisseau OPS consista d'abord, de 1965 à 1970, en huit modèles-tests et deux vaisseaux prêts au vol. Les vols commencèrent en 1973. Ce fut le savant Vladimir Chelomei qui conçut le programme ainsi que sa fusée de lancement Proton UR-500. Equipés d'un équipement d'espionnage, il semble que les Almaz aient aussi été dotés d'un canon à tir rapide -dérivé du canon arrière d'un Tupolev-22- fixe, orientable par un mouvement d'ensemble du module. Le vaisseau OPS-2, inhabité, en fit un test réussi. Il était question ensuite de doter le programme de missiles. Les vols devaient durer de 30 à 60 jours, les équipages décollant avec le vaisseau. Des capsules de petite taille permettaient d'envoyer rapidement les films développés sur Terre. Le retour des équipages se faisait via un "Return Vehicle" ré-utilisable mais le concept fut rapidement remplacé par celui des vaisseaux TKS, emportant soit un équipage soit -en vol automatique- du matériel et servant aux manoeuvres de la station. Les TKS (abréviation du russe "Transportnyi Korabl’ Snabzheniia", "vaisseau de transport de ravitaillement") étaient plus petits mais semblables aux capsules Apollo, dérivés d'une capsule de Chelomei pour un vaisseau habité circumlunaire, ils n'eurent pas le temps de réellement servir, le programme étant interrompu avant leurs premiers vols effectifs -sans compter une question de rivalité politique. Les TKS, cependant, effectuèrent plusieurs vols-test non-habités, dont trois lancements sous le nom de Cosmos, à destination des stations spatiales Saliout 6 et 7. La partie cargo des TKS, dite "Functional Cargo Block" ("bloc cargo fonctionnel"), elle, devint la base de modules des futures stations spatiales soviétiques, ainsi Mir mais aussi l'ISS (module Zarya). Les vaisseaux OPS furent aussi équipés de ports d'arrimage pouvant accueillir les vaisseaux Soyouz. Le programme Almaz, en tout, ne compta que deux vols habités réussis, pour un séjour total de 81 jours, sous les noms officiels de Saliout-3 (1974-75) et Saliout-5 (1976-77); ces vols accomplirent des missions d'espionnage. Le programme se termina après ce vol, en 1978, sur décision du Ministère de la Défense, qui estima que l'avantage tactique procuré n'équivalait pas les coûts du programme et que les temps nécessaires à l'entretien des capsules étaient trop importants et, qu'enfin, les satellites militaires inhabités étaient plus efficaces. Entre 1986 et 1991, trois vaisseaux Almaz furent reconvertis en satellites militaires inhabités, les "Almaz-T" portant un radar lourd; seul l'un, le Kosmos 1870, réussit, volant de 1987 à 1989
Nom de la mission (ou du vaisseau) | Date de lancement | Date de fin de mission (ou de ré-entrée dans l'atmosphère) | Equipage(s) | Remarques |
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Saliout 2 (OPS-1, Almaz 101,1) | 04/04/1973 | 28/05/1973 | - | une fois en orbite, la station commença à perdre sa pressurisation (probablement parce que l'étage supérieur de la Proton explosa près d'elle, un éclat venant la frapper) et perdit son système de contrôle de vol. 11 jours plus tard, une cause inexpliquée fit que les 4 panneaux solaires furent arrachés de la station |
Cosmos 557/DOS-3 | 11/05/1973 | 18/05/1973 | - | comme des erreurs dans le système de contrôle de vol se produisirent alors que la station était hors de portée du contrôle au sol, celle-ci mit à feu ses moteurs de correction d'orbite et ils épuisèrent tout le carburant disponible; le vol ayant été enregistré par les radars occidentaux, les Soviétiques déguisèrent le vol sous le nom de satellite "Cosmos 557"; il rentra dans l'atmosphère une semaine plus tard |
Saliout 3 (OPS-2, Almaz 101,2) | 25/06/1974 | 24/01/1975 | seul l'un des trois équipages prévus, volant à bord du Soyouz 14, put s'installer dans la station; le Soyouz-15, qui amenait un second équipage, ne put s'amarrer | la station testa de nombreux et divers capteurs de reconnaissance et renvoya une capsule contenant des films; les cosmonautes, le 24/01/1975, essayèrent le canon Nudelman de 23mm sur des distances de 500 à 3000 mètres, détruisant un satellite-test; on laissa l'orbite s'abaisser d'elle-même pour permettre la ré-entrée de la station dans l'atmosphère |
Saliout 5 (OPS-3, Almaz 103) | 22/06/1976 | 08/08/1977 | 3 équipages partirent en orbite mais deux seulement (équipage 1 et 3, Soyouz-21 et Soyouz-24) purent s'amarrer à la station; le deuxième équipage, sur le Soyouz 23, ne put s'amarrer | 3ème et dernière mission Almaz |
Etroitement liée, comme on l'a vu, au programme militaire Almaz, la station Saliout ("salut" ou "feu d'artifice", en russe) a consisté en 9 missions au total de 1971 à 1982. La partie purement civile du programme, succédant aux missions secrètes militaires, fut essentiellement des missions consacrées à la science et à une politique de prestige. Au cours des 6 missions on accomplit des recherches à long terme sur les problèmes liés aux séjours dans l'espace ainsi qu'une variété d'expériences astronomiques, biologiques et des sciences de la Terre. Alors que les missions Saliout du programme Almaz portaient le noms d'OPS, les missions civiles étaient dénommées sous le nom de "DOS" ("Durable Orbital Station", "station orbitale durable"). Elles étaient fondamentalement semblables mais les stations civiles furent munies de deux ports d'amarrage -l'un à l'avant, l'autre à l'arrière- pour Soyouz, vaisseaux TKS ou autres modules ainsi que de panneaux solaires supplémentaires. Le programme Saliout battit plusieurs records de durée et de sorties dans l'espace et réalisa le premier passage de commandement entre deux équipages. Surtout, il a permis que le concept de station spatiale passât du stade du développement à celui de la possibilité réelle de séjours longs dans l'espace. Ces stations des années 1970 (le Skylab américain en fait aussi partie) sont dites "monolithiques", car conçues pour être construites et lancées en une seule pièce. Ce n'est qu'avec Saliout-7, en 1977, qu'on ajouta des modules d'amarrage permettant l'arrivée d'un équipage nouveau et de cargaisons. Cette nouveauté permit donc l'utilisation de ces stations sur le long terme alors que, jusque là, le module de la station était abandonné une fois l'équipage parti ou les vivres épuisés. Les Saliout qui suivirent furent donc une transition en direction de la seconde génération, celle dite des "stations modulaires" du type Mir puis, finalement, ISS. Le vaisseau Soyouz avait été re-conçu après un accident de juin 1971 dans lequel trois cosmonautes étaient morts du fait de la dépressurisation de leur cabine lors de la réentrée dans l'atmosphère. Un nouveau centre de contrôle soviétique avait ouvert en 1973 à Kaliningrad -maintenant Korolev- dans les environs de Moscou
Nom de la mission (ou du vaisseau) | Date de lancement | Date de fin de mission (ou de ré-entrée dans l'atmosphère) | Equipage(s) | Remarques |
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Saliout 1 (DOS-1) | 19/04/1971 | 11/10/1971 | le 1er équipage s'envola à bord du Soyouz-10 mais ne put passer dans la station du fait d'une panne dans le mécanisme d'arrimage; un second équipage, à bord du Soyouz-11 put embarquer | 1ère station spatiale en orbite; le 2ème équipage resta 23 jours à bord; l'ouverture prématurée d'une valve d'égalisation de pression sur le Soyouz, lors du retour, tua les trois membres d'équipage |
DOS-2 | 29/07/1972 | 29/07/1972 | - | le deuxième étage de la fusée de lancement Proton ne s'alluma pas et la station n'atteignit pas l'orbite, s'écrasant dans l'océan Pacifique |
Saliout 4 (DOS-4) | 26/12/1974 | 02/02/1977 | 2 équipages purent rejoindre la station à bord des Soyouz-17 et 18. L'un d'eux totalisa 63 jours dans la station. Le Soyouz-20, inhabité, testa, pendant 3 mois, la fiabilité des systèmes sur le long terme | à la différence du DOS-3 du programme Almaz, la Saliout 4 fut un succès |
Saliout 6 (DOS-5) | 29/09/1977 | 29/07/1982 | 5 équipages réalisèrent des séjours de longue durée (avec un séjour de 96 jours, surpassant celui du Skylab américain et le record absolu de 185 jours) alors qu'11 séjours de courte durée eurent également lieu (dont des cosmonautes de pays du pacte de Varsovie) | la station comprenait des améliorations, dont un second port d'amarrage (pour les vaisseaux-cargo Progress qui pouvaient recharger la station en carburant). Pendant la dernière année, la mission demeura sans équipage, on y testa un vaisseau lourd TKS. La station Saliout 6 n'arriva à son terme que parce que de la moisissure empêchait de continuer de l'habiter | Salyut 7 (DOS-6) | 19/04/1982 | 07/02/1991 | pendant 8 ans et 10 mois, 6 équipages principaux et 4 vols secondaires (dont des cosmonautes français et indiens) rejoignirent la station | il s'agissait de la station de secours de la mission précédente; elle comprenait encore plus d'innovations; elle testa, entre autres activités, l'amarrage et l'utilisation de modules supplémentaires dit "Heavy Cosmos modules" ("modules Cosmos lourds") qui préparèrent la construction de la station Mir |
Le programme Saliout devait, en plus des missions décrites dans le tableau précédent, encore comporter deux stations, les DOS-7 et 8, DOS-7, équipées de 4 ports d'amarrage. Elles ne volèrent pas: la DOS-8 devint le "Mir Core Module" ("module central Mir") avec des ordinateurs et des panneaux solaires plus performants, 6 ports d'amarrage et des installations pour 2 membres d'équipage (chacun ayant sa propre cabine). La DOS-8, elle, devint le "Mir-2 project"; il devait remplacer la station Mir mais le module se transforma en le 3ème module, le Zvezda, de la Station Spatiale Internationale
site 'Amateur Astronomy' | .
Le projet Mir (en russe: "paix" ou "monde") fut le second programme de station spatiale soviétique. A cette époque, les Soviétiques commencèrent aussi, à la fin des années 1970, à concevoir un véhicule spatial orbital, le BOR-4 (abbréviation russe pour "avion-fusée-4 orbital non-piloté"), ce projet conçu au départ pour tester la technologie du bouclier thermique de la navette Bouran. 4 BOR-4 furent lancés en orbite depuis le site secret de lancement et de conception de véhicules spatiaux de Kasputin Yar (région d'Astrakan) revenant sur Terre dans l'océan Indien et la mer Noire. Le BOR-4 était une continuation d'un projet soviétique antérieur, le projet de l'avion orbital Spiral, des années 1960, qui était une réponse au programme américain du X-20 Dyna Soar (un projet d'avion d'interception et de reconnaissance de chez Boeing). Vers 1975, après que le président américain Ronald Reagan eût annoncé que les Etats-Unis allaient créer un système de défense par missiles capable de neutraliser toute attaque soviétique, les ingénieurs soviétiques envisagèrent de mettre en orbite 15 BOR équipés de charges nucléaires en les plaçant à l'intérieur de leur navette Bouran de sorte à rendre inefficace le projet américain. Mir répondait, à l'origine, à une volonté de maintenir une base de recherche à long terme en orbite. Il a coûté, au total, 4,2 milliards de dollars. Le programme démarra officiellement en février 1976 comme une étape d'amélioration des stations Saliout. On allait passer à des modules équipés de ports supplémentaires d'amarrage ce qui, en août 1978, prit la forme définitive d'un port à l'arrière et de 5 ports placés sur un compartiment sphérique à l'avant. Dans le même mouvement, on prévoyait d'y amarrer des modules-laboratoires amenés par une variante de Soyouz, dépourvus de systèmes orbital et de ré-entrée. Finalement, les Soviétiques optèrent pour des modules dérivés du vaisseau TKS du programme militaire Almaz. Ce furent les instituts NPO Energia et KB Salyut qui prirent en charge ces travaux, deux instituts déjà en synergie sur différents projets, tels les fusées de lancement Energia, les Soyouz-T ou les Progress. Les travaux sur la planche à dessin commencèrent en 1979 seulement et n'aboutirent à des modèles définitifs qu'en 1982-83. On améliorait aussi l'ordinateur de bord, les systèmes de contrôle du vaisseau (via des roues de contrôle repris du programme Almaz) et on avait conçu le système de rendez-vous automatique Kurs. Cependant, en 1984, le programme dut s'interrompre car les autorités décidèrent de rendre prioritaire le programme de la navette spatiale Bouran, qui était une réponse au programme de la navette américaine. Mais, presqu'aussitôt, le programme reprit car il s'agissait, cette fois, d'en revenir à une politique de prestige et de mettre la nouvelle station russe sur orbite début 1986 pour le 27ème Congrès du Parti Communiste de l'Union Soviétique, mouvement qui était ordonnée par le Secrétaire du Comité Central pour l'espace et la défense. On accéléra le processus et, finalement, en 1986, après un échec au lancement pour cause de problèmes de télé-communications le 16 février, le premier module Mir atteignit l'orbite le 19 février. Le module de base de la nouvelle station avait été lancé par une fusée Proton-K. L'addition de modules supplémentaires dura jusqu'en 1996: les modules, aussi lancés par une Proton-K, rejoignaient automatiquement le module de base et, un équipage étant présent, il utilisait un bras automatique pour les installer. Au complet la station Mir consista en 7 modules pressurisés et plusieurs éléments non-pressurisés. Des panneaux solaires, sur chaque module, fournissaient l'alimentation électrique. La station Mir pouvait accueillir, sur le long terme, 3 cosmonautes augmentés d'équipages en visite pour des séjours de courte durée (6 personnes au total pendant 1 mois). Les équipages et les cargaisons arrivaient à Mir via des Soyouz et des vaisseaux-cargo Progress. La station Mir orbitait à une altitude d'entre 296 km (184 mi) et 421 km (262 mi), à une vitesse moyenne de 27700 km/h (17200 mph), accomplissant, généralement, 15,7 orbites par jour. Un total de 80 sorties dans l'espace eurent lieu pendant l'existence du programme Mir. Ce fut un total de 28 missions de longue durée qui occupèrent Mir, chaque équipage étant désigné sous un format EO-x, chaque mission durant généralement 6 mois et étant pourvue de deux ou trois cosmonautes. Les Soviétiques inaugurèrent alors un système repris, depuis, pour la Station Internationale, une partie de l'équipage venant avec une partie de l'autre et réciproquement, cela donnant lieu à des périodes de passation des pouvoirs et les missions de plus courte durée avaient lieu pendant cette période
Nom du module (et désignation de l'équipage) | Fonction | Date de lancement (et fusée de lancement) | Description détaillée) |
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Module central (N/A19) | module de base de la station | février 1986 (fusée Proton-K) | ce module, dit DOS-7, dérivé du programme Saliout, était conçu comme le centre de vie des équipages et il portait aussi les moteurs principaux de la station Mir ainsi que des systèmes de contrôle d'attitude; un module sphérique, à l'avant, portait des ports d'amarrage sur lesquels allaient venir se fixer une partie des modules suivants, avec un port pour un Soyouz ou un Progress |
Kvant-1 (EO-231) | module d'astrophysique | mars 1987 (fusée Proton-K) | le Kvant-1 était un module scientifique équipé de divers instruments astronomiques; il était doté de systèmes supplémentaires de contrôle d'attitude. Il fut apporté par un vaisseau TKS et installé à la partie arrière du module central car, à la différence des modules suivants, il ne possédait pas de moteurs propres |
Kvant-2 (EO-526) | module d'augmentation des capacités de la station | novembre 1989 (fusée Proton-K) | il s'agissait d'un module basé sur un vaisseau TKS de l'ancien programme Almaz. Il augmentait la station Mir d'un sas pour les sorties dans l'espace (avec la version soviétique du système autonome pour cosmonaute de déplacement dans l'espace, l'"Ikar", l'équivalent du Manned Maneuvering Unit américain (il ne fut utilisé qu'une seule fois)), d'un compartiment pour instruments et cargaisons et d'un compartiment pour instruments et expériences scientifiques. Le module augmentait aussi les systèmes de vie de la station |
Kristall (EO-631) | module technologique | mai 1990 (fusée Proton-K) | le module Kristall comportait une section-laboratoire pour des expériences concernant la fabrication de matériaux dans l'espace et des observations astronomiques et une section qui était un compartiment d'amarrage, avec deux ports (qui devaient servir à la station Bouran mais qui servirent finalement à la navette américaine) |
Spektr (EO-181) | module d'alimentation, habitat et expériences américaines | juin 1995 (fusée Proton-K) | le module Spektr servait de quartiers aux astronautes et aux expériences scientifiques américains; ses quatre panneaux solaires fournissaient la moitié de l'énergie de la station Mir. Le module devint inutilisable quand, en 1997, le vaisseau-cargo Progress M-34, le heurta |
Docking Module (EO-2015) | module d'amarrage pour la navette spatiale américaine | novembre 1995 (navette Atlantis, mission STS-74) | le module devait simplifier les amarrages de la navette américaine qui jusque là avait utilisé les ports russes au prix d'un repositionnement du module Kristall (pour une marge suffisante des amarrages par rapport aux panneaux solaires du module central) |
Priroda (EO-2126) | module des sciences de la Terre | avril 1996 (fusée Proton-K) | ce dernier module de la station Mir était conçu pour les sciences de la Terre via l'observation à distance; les expériences qu'ils contenait appartenaient à douze pays différents; il était aussi équipé d'un grand radar à ouverture synthétique externe |
les éléments non-pressurisés de la station: Mir possédait de nombreux éléments externes .le "Sofora" était une structure longue de 14m qui prenait sur le module Kvant-1 et servait, via son bloc, à son extrêmité, de thrusters, de mieux contrôler l'attitude en roulis de la station et de diminuer de 85% la consommation de carburant .le "Rapana", structure, de 5m, aussi fixée sur le Kvant-1, devait servir de support à antennes paraboliques pour la Mir suivante; il servit surtout à installer des expériences dans le vide spatial .les deux grues-cargo Strela, montées sur le module central, assistaient les cosmonautes pendant les sorties dans l'espace; avec, déployées, une longueur de 14m, elles accédaient à toutes les parties de la station .l'antenne Travers, montée sur le module Priroda, un radar à ouverture synthétique, était le type des différents composants externes liés à tel ou tel module, fonction des expériences qui étaient menées dans celui-ci |
En termes de fonctionnement, la puissance électrique de Mir venait de panneaux solaires, via des batteries mais il fallait ré-orienter la station dans son entier pour leur orientation optimale. La station Mir souffrit toujours d'une alimentation insuffisante, les panneaux solaires, de plus, installés progressivement avec chaque module, se détériorant au fil du temps. On voulait maintenir la station sur des orbites circulaires. La traînée atmosphérique faisait perdre de l'altitude à la station, qui devait être, plusieurs fois par an, remontée en altitude; on utilisait habituellement pour cela les moteurs des vaisseaux-cargo Progress (voire ceux des navettes américaines). Le contrôle des attitudes de Mir se faisait par des roues de contrôle pour ce qui était du maintien en stabilité, et via des thrusters pour les changements majeurs (souvent nécessités en cas d'observation de la Terre); les roues et les thrusters se trouvaient, d'origine, sur les modules. Les communications radio avec la Terre se faisaient via l'antenne Lira du module central voire le système de satellites-relais ou de navires de suivi soviétiques (ces deux derniers systèmes cessèrent de fonctionner dans les années 1990). Les communications pendant les sorties dans l'espace ou lors d'amarrage de vaisseaux se faisaient en UHF. En termes de pressurisation, la station Mir offrait une composition et une pression équivalentes à celle de la Terre, une atmosphère d'oxygène pur ayant été écartée pour éviter les risques d'incendie. Un système de recyclage des urines existait pour contribuer à cette atmosphère. L'environnement des équipages était relativement peu engageant car encombré et vieillissant au fil du temps. La station vivait à l'heure de Moscou (GMT-3) et l'équipage vivait 16 levers et couchers de Soleil par jour (on obturait les hublots pendant les heures de "nuit" de l'équipage); pour contrer les effets habituels de l'apesanteur (perte musculaire, détérioration des os, etc.), les équipages devaient pratiquer des exercices en utilisant un tapis roulant ou un vélo. Le contrôle spatial de Mir était assuré par le centre de contrôle des missions, le "RKA Mission Control Centre (TsUP)", situé à Korolyov, près de l'usine RKK Energia dans les environs de Moscou qui pouvait assurer le contrôle de jusqu'à 10 vaisseaux via trois salles (en général, une des salles était en fait consacrée au programme Mir, l'autre aux vols Soyouz et la troisième à la navette Bouran -et qui est devenue la salle de la Station Spatiale Internationale). La station, dans ses dernières années, souffrit de diverses pannes (elle n'avait été conçue que pour 5 ans): pannes d'ordinateurs, perte d'alimentation électrique, fuites de canalisations (qui polluaient l'air respiré, sans compter les pannes du système général de pressurisation), perte d'attitude, etc. Mir connut plusieurs accidents, tels la collision entre un Soyouz et le module Kristall, en 1994, dont trois pour la seule mission EO-23 (un feu de 90 secondes, un vaisseau Progress, au cours de tests, percuta le module Spektr -ce qui entraîna un problème d'alimentation électrique et de dérive des attitudes, qui ne purent être réglés que des semaines plus tard). Mir, enfin, était assez mal protégée contre les météorites et, pendant les essaims importants, l'équipage devait dormir dans un Soyouz de façon à pouvoir évacuer rapidement. La station Mir voyait arriver et repartir les cosmonautes via des Soyouz alors que les ravitaillements étaient assurés par des vaisseaux Progress. Les Soyouz, une fois arrivés, restaient arrimés et servaient aussi de vaisseau de secours. Dès le début du programme, la station a vu la naissance des Soyouz-TM, une version améliorée des Soyouz-T (ils étaient équipés du système automatique d'amarrage Kurs). Les Progress apportaient le ravitaillement et du carburant; ils servaient ensuite à rehausser l'orbite de Mir ou, surtout, à brûler dans l'atmosphère après avoir été remplis des déchets (deux générations de Progress, essentiellement, furent utilisées: les anciens Progress 7K-TG et les Progress-M (avec système Kurs); un total de 64 missions de ravitaillement eurent lieu). Bien que les Progress s'arrimait, la plupart du temps, automatiquement, Mir était équipé d'un système d'arrimage manuel, le TORU, manoeuvré par les cosmonautes depuis l'intérieur de la station. Le retour de certaines cargaisons se faisait par le biais de capsules Raduga que certains Progress apportaient; elles pouvaient porter 150 kg. On notera que les équipages Mir portaient le nom d'"Expedition", comme ceux de l'ISS de nos jours
Mir représentait donc la deuxième -voire troisième- génération des stations spatiales soviétiques, à savoir le concept de stations modulaire: une unité centrale se voyait ajouter des modules additionnels, chacun ayant généralement un rôle spécifique (une "seconde" génération pourrait consister en les derniers Saliout, qui avaient reçu, une capacité d'être ravitaillées). Une telle spation spatiale, au contraire des Saliout, permettait une plus grande flexibilité en termes d'opérations et on n'avait pas besoin d'un lanceur de forte puissance. Une station spatiale modulaire permet également une plus grande durée d'utilisation puisqu'elle peut-être ravitaillée. Alors que la NASA, sous la présidence Reagan, essaya de répondre à cette nouvelle station soviétique par le programme de station Freedom, celui-ci ne vit jamais le jour. Mir devint donc ainsi la première station spatiale utilisée comme laboratoire de recherche à long terme et habitée continûment par des équipages de longue durée. Elle resta longtemps le plus gros objet satellisé autour de la Terre. Les expériences, menées en micro-gravité, furent variées: biologie, biologie médicale, physique, astronomie, météorologie, tests de systèmes de vaisseaux spatiaux, etc. Le cosmonaute Valeri Polyakov détient toujours le record du plus long vol spatial, avec 437 jours et 18 heures. Les équipages furent majoritairement des Soviétiques -puis des Russes, après la chute de l'URSS en 1990- mais une politique de collaboration y amena aussi des cosmonautes et astronautes étrangers via des programmes tels Intercosmos (cosmonautes du pacte de Varsovie) et Euromir (Europe; sans compter des astronautes français qui y furent accueillis car considérés d'un pays favorable à l'URSS). Un des évènements majeurs du programme Mir fut, bien sûr, la chute de l'Union Soviétique (l'agence spatiale russe devint alors la "Russian Federal Space Agency", ou "Roskosmos"). Comme, à l'époque, les Américains avaient abandonné leur propre projet de station spatiale, la station Freedom et que les Russes ne pouvaient plus financer le successeur du programme Mir, le programme Mir-2, les Etats-Unis, au début des années 1990, s'engagèrent dans des négociations avec les autres pays ayant accès à l'espace. D'abord, en juin 1992, un programme conjoint avec les Russes, mêlant Mir et la navette spatiale puis, surtout, en septembre 1993, le projet d'une nouvelle station internationale, la future ISS. Le programme Shuttle-Mir commença par des accords gouvernementaux entre les Etats-Unis et la Russie en 1992 lesquels prévoyaient le vol d'un cosmonaute russe à bord d'une navette américaine, un vol de longue durée d'un astronaute américain à bord de la station russe Mir et l'arrimage d'une navette avec Mir pour ramener l'astronaute sur Terre. Ce programme fut ensuite étendu pour comprendre un rendez-vous préliminaire entre la navette de Mir et 6 missions supplémentaires de longue durée d'astronautes à bord de la station russe ainsi que 8 arrimages de plus de la navette. La NASA accepta d'équiper la station Mir avec de l'équipement scientifique et, du fait du peu de temps disponible aux ingénieurs, ils modifièrent des expériences déà conçues pour la navette spatiale. Les buts du programme Shuttle-Mir étaient, pour les deux nations, d'apprendre à travailler ensemble non seulement au niveau des programmes mais aussi de l'ingéniering, dont installer et faire fonctionner des dispositifs de la NASA à bord des véhicules russes aussi bien pour le lancement que les opérations en orbite. Ces 11 missions conjointes, qui eurent lieu de 1994 à 1998, dites aussi "Phase 1 de l'ISS" (en anglais, "Phase 1 of the International Space Station (ISS)"), donnèrent aux Etats-Unis et à la Russie, avant le début de l'assemblage de l'ISS et le début des opérations de celle-ci, l'expérience d'un travail commun dans l'espace et permirent les premiers vols habités -et les premières recherches scientifiques- américains de longue durée depuis le programme Skylab des années 1970. Le programme inclut aussi un vol conjoint dans un Soyouz russe. Les astronautes américains apprirent de l'expérience russe en terme de station spatiale de longue durée et les scientifiques américains et russes menèrent des expériences conçues pour répondre à des questions vitales concernant comment les humains fonctionnaient dans l'espace ou comment construire de futures stations spatiales. En juillet 1998, les Russes annoncèrent que le programme Mir allait, faute de financement, se terminer en juin 1999 (le 20 novembre 1998, le module Zarya, premier module de la Station Spatiale Internationale était lancé mais des délais pour le module Zvezda (un ancien module du temps des Saliout, qui devait être la base du programme Mir-2) aurait nécessité que la station Mir continuât de voler au-delà de 1999). Une dernière mission quitta Mir le 28 août 1999, les roues de contrôle et l'ordinateur principal furent éteints le 7 septembre. Malgré un vol commercial par la société MirCorp, en avril 2000, qui envisageait de transformer Mir en studio télévisuel et cinématographique en orbite, la station Mir quitta finalement l'orbite: on laissa d'abord la traînée atmosphérique abaisser la station orbitale jusqu'à 220 km d'altitude, ce qui fut aidé par un Progress rempli de carburant; puis on passa à une orbite de transfert de 165 x 220 km (23 mars 2001) puis, le même jour, une mise à feu des moteurs du Progress pendant 22 minutes firent rentrer Mir dans l'atmosphère terrestre. La ré-entrée se fit au-dessus des îles Fidji, des fragments réussissant à survivre, qui chutèrent dans l'océan Pacifique sud
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L'Union soviétique avait également conçu, dans les années 1960, un satellite conçu pour tuer des satellites militaires ennemis et avait envoyé en orbite en 1963 son premier satellite expérimental manoeuvrable, le Polet-1. Cinq ans plus tard, le 1er novembre 1968, les ingénieurs soviétiques réussirent la première interception d'un satellite factice. Dès 1982, l'Union soviétique et ses alliés s'étaient engagés dans le voie d'être en mesure d'effectuer des opérations de combat dans et depuis l'espace avec également la capacité de missiles anti-missiles. A la fin des années 1970, la société Energie avait créé le projet de deux vaisseaux de combat basés sur une plate-forme unique -le premier armé d'armes antimissiles et le second de lasers. Ce vaisseau fut dénommé le 17F111 Kaskad et il avait pour cible les systèmes ennemis en orbite terrestre basse. Le vaisseau armé d'un laser, connu sous le nom de 17F19 Skif, lui, devait être utilisé contre les satellites ennemis en orbite moyenne et géostationnaire. Le projet Kaskad comprenait également un missile intercepteur destiné à intercepter les têtes de rentrée nucléaires des ICBM américains et une station spatiale lourde, la 17K DOS, ainsi que des véhicules autonomes (de type navette spatiale Bouran) emportant jusqu'à 15-20 têtes nucléaires visaient les installations militaires ennemies à terre. Par ailleurs, après que le président américain Ronald Reagan eut dévoilé son "Initiative de défense stratégique", les ingénieurs soviétiques commencèrent des travaux exploratoires sur la possibilité de faire exploser des nuages explosifs en orbite capable de détruire tout satellite jusqu'à une altitude de 3000km. Les Etats-Unis ne commencèrent la création de stations spatiales à usage militaire que dans les années 1970, avec des lasers et des faisceaux de particules et les Russes considèrent encore aujourd'hui qu'il étaient en retard par rapport à eux en terme d'utilisation militaire de l'espace; ils mirent un terme en 1993 à leur "Strategic Defense Initiative". En mai 1987, le leader soviétique réformiste Gorbatchev ordonna, avec regrets, sur le cosmodrome de Baïkonour, la fin du programme spatial militaire russe ainsi qu'il l'avait promis au président américain à Reykjavik l'année précédente. Ainsi, le programme d'une station orbitale lourde fut fermé en 1989 et peu après le travail cessa aussi sur le lanceur lourd de chez Energia ou sur la navette spatiale Bouran. Pour conclure, signalons que la Russie, en vue du moment où il faudra mettre un terme à l'ISS, prévoit de détacher un de ses modules pour l'utiliser comme base d'une nouvelle station russe, nommée "Orbital Piloted Assembly and Experiment Complex" ou OPSEK. Cette nouvelle station spatiale russe serait utilisée essentiellement dans le cadre de l'exploration habitée du système solaire -et Mars particulièrement: tous les composants d'une mission vers Mars s'arrimeraient d'abord à la station et y seraient assemblés avant le voyage. La station russe servirait aussi aux vols habités vers la Lune, créant et entretenant des "remorqueurs" de l'espace. Enfin, on y ré-habituerait les équipages après de longues missions interplanétaires
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