Jusqu'à l'époque des Grandes Découvertes, aux XVème et XVIème siècles, le ciel de l'hémisphère austral a été quasi-inconnu. Seuls les astronomes grecs travaillant depuis l'Egypte des Ptolémées, les astronomes arabes voire chinois ou indiens voyageant dans des contrées lointaines eurent un aperçu des ces cieux et des objets qu'il contenaient sans compter la représentation du ciel des civilisations de l'hémisphère sud. Les astronomes de Méditerranée pouvaient également avoir eu accès aux cieux du Sud du fait de la précession des équinoxes. Les travaux astronomiques des inventeurs du ciel austral à l'ère moderne font partie, la plupart du temps, des entreprises de l'époque de rendre plus sûrs et plus précis les voyages maritimes. Les noms souvent cités pour ce qui est des contributions à l'élaboration du ciel austral sont ceux qui suivent dans le texte. On n'oubliera pas que les capitaines des Grandes Découvertes furent les premiers à rapporter des observations des cieux du Sud, ainsi Magellan ou Amerigo Vespucci. Amerigo Vespucci, lors d'un de ses voyages vers 1500, avait passé l'équateur, "ayant un pôle et l'autre au bout de notre horizon" et perdant de vue la Polaire, l'"étoile tramontane" (les connaissances astronomiques de l'époque étaient cependant déjà suffisantes pour qu'on pût déterminer sa latitude par l'altitude du Soleil et l'analemne -comme on pouvait le faire dans l'hémisphère nord). Vespucci chercha un équivalent de la Polaire pour l'hémisphère sud et il découvrit, dans les parages, la Croix du Sud, un groupe de quatre étoiles formant comme une amande, qui lui rappelèrent les vers de Dante: "pour mieux voir l'autre pôle, où brillaient quatre étoiles que les premiers humains ont pu seuls contempler"
Ce furent ensuite, à la fin du XVIème siècle, les Hollandais qui firent progresser la représentation du ciel austral. Petrus Plancius (1552-1622), né dans la Flandre occidentale, ministre de l'Eglise réformée hollandaise, s'installa à Amsterdam où il eut accès à des cartes nautiques portugaises; il devint ainsi un spécialiste des routes maritimes vers l'Inde, étant l'un des fondateurs de la Compagnie hollandaise des Indes orientales et imposant la projection de Mercator aux cartes de navigation. Il connaissait aussi très bien l'explorateur Henry Hudson. En 1589, avec le cartographe Jacob Floris van Langren, il réalisa un globe céleste de 32,5cm de diamètre qui, pour la première fois, décrivait les objets du ciel austral pour lesquels on disposait d'information: la Croix du Sud, le Triangle austral et les deux Nuages de Magellan (appelés alors Nubecula Major et Nubecula Minor). Ce fut Plancius qui demanda à Keyser de l'aider à remplir les blancs de la sphère, particulièrement autour du pôle céleste austral. Pieter Dirkszoon Keyser (1540-1596), navigateur néerlandais, fut formé à cartographier les étoiles australes par Petrus Plancius. Alors qu'il connaissait déjà le Brésil, Keyser fut second maître et chef-navigateur de la 1ère expédition néerlandaise à destination des Indes orientales, le "Eerste Schipvaart", qui quitta la Hollande en 1595. Il semble que ce soit à Madagascar, escale où l'expédition refit des vivres et ses forces, qu'il effectua la plupart de ses observations astronomiques. Keyser mourut dans les Indes orientales au cours de l'expédition. Faisaient également partie de l'expédition Frederick de Houtman (1571-1627) et Vechter Willemsz qui purent regagner les Pays-Bas en 1597, rapportant avec eux les observations nouvelles à Plancius. Ce fut Plancius, qui, sur la base des observations de Keyser et celles d'Houtman, organisa les 12 nouvelles constellations sur un nouveau globe (35cm) réalisé avec l'artiste, cartographe et graveur Jodocus Hondius l'Ancien (1563-1612; qui avait déjà cartographié les découvertes de l'explorateur anglais Francis Drake) en 1597 ou 1598. Au total Keyser, Houtman et Plancius sont à l'origine de 12 constellations nouvelles dont les noms sont tirés de l'histoire naturelle ou mythique -ou des explorations- de ces régions (caméléon, paon, poisson volant, phénix, hydre mâle, etc.). Les observations propres de Keyser furent publiées en annexe à son dictionnaire et grammaire posthumes des langues malaise et malgache (1603) alors que Houtman repartit pour d'autres expéditions -il eut l'occasion de naviguer le long de la côte ouest de l'Australie ou il fut fait prisonnier par le sultan d'Aceh- au cours desquelles il ajouta encore d'autres étoiles du ciel austral. Ce fut Willem Janszoon Blaeu, qui avait déjà repris le globe de Plancius/Hondius en 1602 qui en créa un nouveau en 1603 à partir des nouvelles observations de Houtman. Plancius, sur un globe de 1612 (ou 1613), créa 8 autres constellations nouvelles dont seuls la Girafe et la Licorne existent encore
Les 12 constellations nouvelles furent reprises, finalement -avec crédit à Keyser mais sans référence à Plancius- par Johann Bayer dans son Uranométrie, atlas céleste de 1603 -ce qui fait qu'on attribue parfois faussement les 12 nouvelles constellations à Bayer. Johann Bayer (1572-1625) était un magistrat d'Augsbourg, en Allemagne, passionné d'astronomie. Son atlas céleste fut le premier à couvrir entièrement la sphère céleste, contenant 1 carte pour chaque constellation de Ptolémée, une pour les cieux plus au Sud et deux planisphères. En plus des observations hollandaises, Bayer se fonda aussi sur les données de Tycho Brahe. Edmund Halley (1656-1742), Anglais, astronome et ingénieur, lui, s'installa, en 1676, dans l'île de Ste-Hélène pour y dresser la première carte du ciel austral, soutenu par la Royal Society de Londres. Ce fut la première carte précise jamais dressée. De la même époque, on peut aussi citer Isaac Habrecht (1544-1620), horloger suisse, constructeur de la seconde horloge astronomique de Strasbourg vers 1570, que l'on crédite de l'invention du Rhombe (qui deviendra le Réticule); Jacob Bartsch (1600-1633), astronome allemand, époux d'une fille de Kepler, qui publia plusieurs cartes d'étoiles sous le nom d'"Usus astronomicus planisphaerii stellati" ("utilisation astronomique d'un planisphère étoilé"), qui incluait les constellations inventées par Plancius en 1613 plus la Croix du Sud et le Réticule; Johannes Hevelius (1611-1687), Polonais, brasseur et astronome -il est surtout connu pour avoir fondé la topographie lunaire (Selenographia, 1647)- qui a classé et catalogué plus de 1500 étoiles. Son Firmamentum Sobiescianum (1690), atlas de 56 feuilles, contient sept nouvelles constellations toujours en usage (dont, pour l'hémisphère sud, le Sextant). Augustin Royer, astronome sous Louis XIV publia un catalogue d'étoiles (1679) qui reprenait des ajouts antérieurs et plusieurs constellations de son cru. N'ont été conservées que la Colombe (tirée du Grand Chien) et l'officialisation de la Croix du Sud (tirée du Centaure). Enfin, l'abbé Nicolas Louis de Lacaille (1713-1762), l'un des principaux astronomes français du XVIIIème siècle; élève de Cassini, qui participa à la mesure de la méridienne dans les Pyrénées. Il effectua, entre octobre 1750 et juin 1754, une longue mission dans l'hémisphère austral pour y continuer des mesures sur l'arc du méridien; il en profita pour construire un observatoire astronomique au Cap, en Afrique du Sud, d'où il effectua un nombre impressionnant d'observations. 14 des 88 constellations lui doivent ainsi leur nom; elles furent publiées dans le Coelum australe stelliferum (1763). Lacaille puisa ces noms dans l'arsenal des outils des scientifiques de l'époque (compas, table, boussole, télescope, etc.). C'est à lui qu'on doit la division, pour des raisons pratiques, de la très antique et très grande constellation du Navire (Argo) en la Carène, la Poupe et les Voiles
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