Une fois l'ESA née, en 1975, sa première préoccupation fut de développer son propre lanceur, clé d'un accès indépendant de l'Europe à l'espace. Le côté remarquable du lanceur européen tint au fait qu'il ne fut pas, comme ce fut le cas pour l'URSS ou les Etats-Unis, tiré d'un missile ballistique militaire mais que ce fut, dès le départ, un lanceur purement civil. Le premier projet européen fut ainsi le "Lanceur à Trois Etages de Substitution", ou "LIIIS". En 1977, après avoir considéré divers noms de remplacement -"Edelweiss", "Guillaume Tell" ou des noms tirés de la mythologie grecque ou latine- on opta finalement pour "Ariane", du nom de la déesse grecque qui avait aidé Thésée dans son combat contre le Minotaure. La construction avait commencé dès 1974 mais le premier vol n'eut lieu, sous le nom de "Ariane-1", après deux essais infructueux, que le 24 décembre 1979, depuis Kourou. L'Ariane-1 était capable de placer deux satellites de télé-communications en orbite en même temps. 11 fusées Ariane-1 furent lancées de 1979 à 1986. Les Ariane-2 et 3, des fusées plus puissantes, furent, elles, lancées au nombre de 5 (1987-1989) et de 11 (1984-1989) respectivement. Les Ariane utilisaient une nouvelle technologie, mélangeant oxygène et hydrogène liquides. Ces trois premiers modèles étaient légèrement différents: les premiers et troisièmes étages des Ariane-2 et Ariane-3 étaient plus longs que ceux de l'Ariane-1 et l'Ariane-3 portaient des boosters d'appoint, à carburant liquide ou solide. L'Ariane-3, plus évolutive et plus puissante, était capable de placer 1,7 t en orbite
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La plus récente série des Ariane, depuis le premier vol opérationnel en décembre 1999 (le premier vol eut lieu en octobre 1997), est l'Ariane-5. Les lanceurs Ariane-5 sont capables d'atteindre l'orbite de transfert géosynchrone (GTO), les orbites terrestres moyenne et basse, les orbites héliosynchrones (SSO) ainsi que de missions planétaires. Toutes les Ariane-5 sont basées sur un étage principal -et central- auquel s'attachent deux boosters à carburant solide. Sur cette base, peuvent s'intégrer diverses configurations à titre d'étage supérieur. Pour les Ariane-5, l'ESA a construit un nouveau site de lancement à Kourou ainsi que de nouvelles installations permettant le montage des boosters et le production du carburant solide qu'ils utilisent. L'Ariane-5 -en anglais dite "Ariane-5 Generic"- a démontré sa robustesse et sa fiabilité. De façon à suivre l'évolution du marché des lancement, quelques changements -comme l'augmentation de la capacité des réservoirs de carburant ou un matériau composite plus léger utilisé pour une partie de la structure- ont été apportés à un nombre limité de lanceurs Ariane-5, qui se sont ainsi appelés des "Ariane-5 Generic Plus" ou des "Ariane-5G+"
Depuis le milieu des années 1990, une évolution de la demande, venant des clients du lanceur européen, montrait que la majorité de ceux-ci visaient l'accès à l'orbite de transfert géosynchrone. Aussi, après l'arrêt des versions Ariane-5G+, l'ESA continua d'apporter des modifications -cette fois importantes- à l'Ariane-5. L'Ariane-5 ECA était une Ariane-5G+ améliorée, avec une poussée accrue de ses boosters et du moteur principal, le Vulcain-2, moteur cryogénique; elle pouvait lancer sur l'orbite GTO des charges de 9,6 t. L'Ariane-5 ES ATV est une Ariane-5 qui a été spécialement créée en relation avec le vaisseau-cargo européen ATV (le "Automated Transfer Vehicle"), qui sera l'un des moyens de ravitailler l'ISS. L'Ariane-5 ES ATV est une version améliorée de l'Ariane-5 ECA, dotée, de plus, d'un moteur de propulsion stockable et ré-allumable, l'"EPS". Le premier allumage de l'EPS a lieu juste après la séparation de l'étage principale de l'Ariane, l'"EPC". Il est ensuite éteint, pour un vol purement ballistique de 45 minutes. Puis il est rallumé pour un court laps de temps pour séparer l'ATV et l'injecter sur orbite. L'EPS, enfin, est utilisé une dernière fois pour faire rentrer -et brûler- l'étage supérieur dans l'atmosphère. Ces versions apportées à ces versions nouvelles de l'Ariane-5 ont récemment été incluses dans l'Ariane-5 GS, dont le premier vol a eu lieu en août 2005. L'ESA, on le notera, s'en est toujours tenue à son concept -original dans le monde- de pouvoir lancer deux -voire trois- satellites en même temps, à bord d'une même fusée Ariane. L'étage principal de l'Ariane-5 fonctionne pendant 540 secondes; il contrôle aussi les fonctions d'attitude pendant toute la phase de propulsion. Il est éteint à une altitude d'entre 160 et 210 km (99-130 miles), fonction de la mission puis il brûle dans l'atmopshère, au-dessus de l'Atlantique. Fin 2012, l'ESA a décidé de passer à une Ariane 6 en 2021 (modulable, 2 à 8 t en orbite géostationnaire) via une Ariane 5 'mid-life evolution' (Ariane 5 ME), opérationnelle en 2017. Un concept dit "Multi P linear" fondé sur des moteurs utilisables pour les premier et second étages a été adopté en 2013; le troisième étage sera une version adapté de l'étage supérieur de l'Ariane 5 ME. En 2013, plus de précisions ont été décidées à propos de l'Ariane 6: une configuration "PPH" comportera un premier et un second étages utilisant du comburant solide (P) et un troisième étage à comburant cryogénique (H), le tout pouvant emporter 6,5t en orbite géostationnaire. La récente apparition, aux Etats-Unis de la compagnie spatiale privée SpaceX, qui concurrence Ariane, a accéléré le passage à l'Ariane 6. L'ESA se fonde sur un réseau industriel, mené par ArianeGroup le groupe principal, de plus de 600 compagnies dans 13 pays dont 350 petites à moyennes entreprises et ce réseau va perfectionner le design de la fusée et commencer la production. L'agence spatiale française, le CNES, lui, a préparé ses installations de lancement au spaceport européen de Guyane française. L'étage principal de l'Ariane 6 est mû par un moteur Vulcain 2.1, un moteur amélioré, dérivé du Vulcain 2 de l'Ariane 5; l'étage supérieur sera propulsé par le moteur ré-allumable Vinci. Deux (pour l'Ariane 62) ou quatre (Ariane 64) boosters P120C à comburant liquide -qui seront communs avec la Vega-C- seront ajoutés à l'Ariane 6 pour ajouter de la puissance au décollage. ArianeGroup a démarré la production des 14 premières Ariane 6 qui devraient voler d'ici 2021 ou 2023 en parallèle avec les dernières Ariane 5, un vol inaugural étant prévu dans la seconde moitié de 2020
Version | Ariane-1 | Ariane-2 | Ariane-3 | Ariane-4 | Ariane-5G | Ariane-5 ECA | Ariane-5 ES ATV | Ariane-5 GS |
Hauteur | 47,4 m | 49 m | 49 m | jusqu'à 58,72 m | 46-52 m | jusqu'à 52 m | jusqu'à 53 m | jusqu'à 47 m |
Diamètre | 3,8 m | 3,8 m | 3,8 m | 3,8 m | jusqu'à 5,4 m | jusqu'à 5,4 m | jusqu'à 5,4 m | jusqu'à 5,4 m |
Masse au décollage | 210 t | 219 t | 237 t | 240 t (certaines versions pouver emporter jusqu'à 350 puis 470 t) | 746 t (en deux satellites) | 780 t (en deux satellites) | 760 t | 750 t (en deux satellites) |
Emport maximal | 1,83 t (GTO) | 2,27 t (GTO) | 2,65 t (GTO) | 2 t (note: certaines versions pouver emporter jusqu'à 3,1 puis 4.3 t) | 6 t (GTO; 9,5 t SSO) | 9,6 t (GTO) | jusqu'à 21 t | 6,7 t (GTO) |
Pour ce qui est des opérations de lancement, une Ariane 5 lance depuis Kourou, en Guyane française. Un directeur des opérations (DDO) supervise le lancement. A T-0, on allume le moteur principal Vulcain et on attend 7 secondes d'être certain de son bon fonctionnement avant d'allumer, cette fois, les fusées latérales à poudre. Comme pour tout lanceur à fusées d'appoint, les boosters latéraux à carburant solide sont abandonnées aux alentours de 2 mn 30 au cours de la montée; ils ne sont pas ré-utilisables. Lorsqu'Ariane atteint une altitude de 120 km, la coiffe qui protège le chargement est abandonnée à son tour, ce qui allège le poids de l'ensemble de lancement. Dans le cas d'une montée à l'orbite géostationnaire, le moteur principal est éteint vers 8 mn 50 après le décollage pour permettre la séparation du premier étage du deuxième étage et du chargement. Le moteur du deuxième étage prend ensuite le relais puis est éteint à son tour aux alentours de 25 mn après décollage, le lancement étant alors à 650 km d'altitude et à une vitesse de 33700 km/h. La satellisation des charges a lieu aux alentours de 32 minutes après le décollage. Fin 2010, la fusée Ariane 5 avait procédé avec succès à 39 tirs
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