La conquête de l'espace a commencé le 7 octobre 1957. Ce jour-là, le vaisseau Spoutnik russe fut le premier satellite à atteindre l'orbite terrestre. Cette date marque le début d'une longue série de missions spatiales soit en orbite autour de la Terre, soit à destination des profondeurs du système solaire. La conquête spatiale maintenant, 60 ans plus tard, est sortie de l'âge des débuts. L'espace fait désormais partie de nombreux domaines d'activité
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Origines et débuts Vers la conquête de l'espace Premières spatiales | Les années 1960 L'espace utile |
Ce sont les Chinois, avec leurs fusées propulsées par de la poudre noire, qui peuvent être considérés comme les inventeurs de la fusée. Ces fusées chinoises apparurent vers l'an 1200 et servirent d'abord à faire la guerre. Elles passèrent en Inde, puis au Moyen-Orient et enfin en Europe où elles furent utilisées à partir de la fin du XIIIème siècle. Ces fusées furent améliorées par l'emploi de poudre à canon en remplacement de la poudre noire, mais elles continuèrent à être employées à usage militaire. Ces fusées militaires avaient une portée relativement courte, elles ne pouvaient pas porter de lourdes charges et elles ne pouvaient pas être guidées après leur lancement. Même Kepler écrivit sur un voyage à destination des planètes et qu'un jour des vaisseaux spatiaux pourraient naviguer dans l'espace d'une planète à l'autre. La seconde étape importante dans le développement de l'idée de conquête spatiale, cependant, apparut avec Constantin Tsiolkovsky, un Russe et maître d'école, qui, vers 1900, devint le théoricien du vol spatial par le biais de fusées améliorées. C'est lui qui, le premier, proposa l'utilisation de carburants liquides (oxygène, hydrogène) et le contrôle du vol par des gouvernes situées dans le flux des moteurs ou en rendant mobiles les tuyères elles-mêmes. Tsiolkovsky, grâce à d'autres anticipations, peut être considéré, sans aucun doute, comme le père du voyage dans l'espace. Tsiolkovsky cependant, n'entreprit jamais aucune expérimentation pratique. Il est célèbre pour cette phrase: "La Terre est le berceau de l'humanité mais on ne peut pas vivre toute sa vie dans son berceau". L'idée de satellites de reconnaissance ou de l'utilisation de vaisseaux spatiaux pour des observations astronomiques apparurent tôt aussi. Ce fut l'Américain Robert H. Goddard qui, ensuite, le premier, réalisa les potentialités des missiles et du vol spatial et qui contribua directement aux premières réalisations pratiques en la matière. Sa carrière commença en 1907 lorsque ses expériences, en tant qu'étudiant, en matière de fusées à poudre attirèrent l'attention des responsables du Worcester Polytechnic Institute à la Clark University. Dès 1914, il avait déposé deux brevets, l'un pour une fusée utilisant un carburant liquide, l'autre pour une fusée à deux ou trois étages et à carburant solide. Les avancées de Goddard en termes de missiles et de vol dans l'espace comprennent aussi les premières suivantes: étude de l'utilisation de la propulsion par fusée pour atteindre les hautes altitudes voire la Lune dès 1912; preuve qu'une fusée peut fonctionner dans le vide; premier emport d'une charge scientifique à bord d'une fusée (1929); vannes qui agissent dans le flux du moteur pour le guidage (1932); pompes adaptées aux carburants pour fusée; tuyères orientables via un mécanisme gyroscopique; systèmes de contrôle par gyroscope. Toutes ces techniques se retrouvèrent par la suite dans les V2 allemands. Les travaux que Robert Goddard mena dans les années 1920 pour le Smithsonian Institute et l'U.S. Navy visaient essentiellement à l'emport à des altitudes plus élevées des charges des ballons sondes météorologiques. Il en développa donc les théories mathématiques de la propulsion par fusées tout en soulignant, de plus, la possibilité pour une fusée d'atteindre la Lune, y signalant son alunissage par une charge explosive. Ce dernier point, d'ailleurs, n'amena que du ridicule via la publicité qui lui fut donnée par la presse de l'époque. Mais surtout, ce fut Goddard qui fut le premier à faire voler une fusée à carburant liquide (16 mars 1926, à Auburn, dans le Massassuchets). Continuant, dans les années 1920 et 1930, avec l'appui financier du Smithsonian Institute et, par l'appui de Lindbergh, avec celui de la fondation Daniel and Florence Guggenheim, il publia "Construction des fusées à carburant liquide" en 1936. De façon anecdotique, on peut signaler aussi qu'il inventa l'idée de base du bazooka en 1918. Pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Goddard fut embauché par l'U.S. Navy et, comme ce fut souvent le cas pour les spécialistes des fusées, il travailla sur les décollages d'avion assistés par fusées; il travailla également sur des moteurs de fusée à carburant liquide avec poussée variable. Tous ses travaux restèrent largement ignorés aux Etats-Unis jusqu'aux débuts de l'ère spatiale. Il mourut en 1945. Les brevets déposés par Goddard sont encore utilisés de nos jours par les fusées contemporaines. Goddard testa des idées que, plus, tard, les Allemands, au cours de la Seconde Guerre mondiale, attribuèrent à leurs succès dans les missiles guidés tels le V-2. Ce furent ainsi les Allemands qui firent faire à l'astronautique ses premiers pas significatifs. Les travaux de vulgarisation et les travaux théoriques de Hermann Oberth ou de Walter Hohmann amenèrent l'armée allemande à s'engager dans un programme de fusée dès 1932. La fusée A2, à carburant liquide, atteignit 2,4 km (1,5 mi) en 1934. Wernher von Braun était le responsable de ce programme. Von Braun, avec son équipe, déménagèrent pour la côte de la Baltique en 1937, sur l'île de Peenemünde, dont les habitants furent évacués et réinstallés sur la côte. C'est là qu'ils developpèrent la fusée A4, qui posa les bases de toute la science contemporaine des fusées. L'A4 fit un vol contrôlé en octobre 1942. Elle se transforma en la fusée "V2" ("Vergeltunswaffe 2", "Arme de représailles 2") qui avait une portée de 320 km (200 mi) et emportait une charge de guerre d'une tonne. Les V2 furent utilisés contre Londres et d'autres cibles alliées. La plupart des ingénieurs et du matériel du programme allemand furent capturés par les Alliés en 1945. Les Russes, de leur côté, furent moins gâtés, ne mettant la main que sur un nombre plus petit de scientifiques allemands dont plusieurs dizaines de physiciens et de mathématiciens. Les Allemands avaient aussi commencé d'atteindre le vol orbital, ou sub-orbital: le "Amerika Bomber", ou "Silbervogel", réutilisable, devait être lancé sur rail, poussé par un traîneau portant 15 moteurs de V2; il devait effectuer l'aller -retour sur New-York en vol plané, procédant par ricochets entre la stratosphère et l'espace suborbital. Il aurait largué au-dessus de la ville une "bombe sale", répandant du sable radio-actif et autres. Le vaisseau avait été conçu par un dénommé Sanger avec la participation de von Braun. Il aurait volé sur une orbite basse, à 185-195 km (115-120 miles) d'altitude à une vitesse supérieure à Mach 6. Oberth, lui, avait con¸u une arme puissante qui consistait d'un miroir orbital de 5km (3 miles) de diamètre concentrant la lumière solaire en un rayon destructeur; ce miroir aurait dû être construit en orbite -comme une sorte de station orbitale- ce qui amena les Allemands sur la route des vols habités. Toutes ces armes faisaient partie des "armes secrètes" dont se vantait Hitler, qui devaient changer le cours de la guerre mais les Allemands n'eurent pas le temps de les transformer en armes effectives
L'Armée de Terre américaine avait un programme de fusées dès mai 1943 et les équipes de chercheurs s'installèrent en 1944 à la base d'essais de White Sands, au Nouveau Mexique. Le financement, après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, ne vint pas. Les recherches continuèrent cependant avec le lancement, depuis White Sands, de 64 V2. Des fonds pour la recherche furent également alloués dans les différentes branches de l'armée américaine. Le Secrétaire à la Défense, en 1948, décida que c'était à l'Armée de Terre que revenait la charge de développer les missiles tactiques et les missiles ballistiques à portée intermédiaire ("Intermediate Range Ballistic Missiles", IRBM), alors qu'il revenait à l'U.S. Air Force de développer les missiles ballistiques intercontinentaux ("Intercontinental Ballistic Missiles", ICBM). La Navy, quant à elle, prenait en charge les missiles ballistiques lancés depuis les navires ou les sous-marins (les "SLBM" dans ce dernier cas). D'une façon générale, c'était l'Air Force qui était considérée comme la branche de l'armée qui avait le plus compétence en matière de satellites et de lanceurs (ce qui deviendrait officiel et définitif sous la présidence Eisenhower, aux débuts de la conquête spatiale). En 1950, l'Armée de Terre avait commencé le développement de la fusée "Redstone", l'Air Force développait l'"Atlas" et la Marine la "Vanguard". Entre-temps, à la mi-1949, l'Armée de Terre avait encore déménagé. Elle s'était installée cette fois sur la côte ouest de la Floride, à l'emplacement qui allait devenir Cap Canaveral. La recherche américaine, en termes de fusées, se fondait surtout sur l'utilisation de V2 allemands auxquels on ajoutait une fusée-sonde sous forme d'un deuxième étage; elles portaient le nom de "Bumpers". Elle avait surtout pour but d'étudier ce qu'on pourrait appeler des missiles de croisière à longue portée: les Bumpers étaient conçus pour voler sur une trajectoire "plate" et pour collecter des données sur le vol hypersonique dans la haute atmosphère. Lorsque les Soviétiques firent exploser leur première bombe atomique en septembre 1949 et que les services de renseignement, fin 1953, montrèrent que le programme russe de missiles intercontinentaux était déjà bien développé, il devint clair que l'URSS avait désormais les moyens de lancer une tête nucléaire contre les Etats-Unis. Pour ce qui est du camp soviétique, les scientifiques allemands travaillèrent avec le "Département 7" et les ingénieurs russes, travaillant sur la base du V2, développèrent les missiles de type R. Le Conseil des ministres soviétique, dès mai 1946 et sur la base des fusées prises en Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, avait ordonné la construction de la fusée R-1. Ceci a été, depuis, considéré par beaucoup dans l'industrie spatiale russe comme le début des programmes spatiaux du pays et cette décision apporta la création des nombreux instituts qui allaient créer d'autres lanceurs. Les missiles soviétiques étaient dûs à l'ingénieur Korolev et étaient 4 fois plus puissants que leurs équivalents américains. Cette perception qu'il y avait un "missile gap", un avantage en matière de missiles, au profit des Russes fut particulièrement développée par John Fitzgerald Kennedy qui était alors séanteur et elle modifia totalement l'attitude du public et du gouvernement américains envers les satellites et les fusées. A la même époque, on considérait aussi que le fossé existait, d'une façon générale, en matière de science et d'engineering. Le président Eisenhower, en 1955, décida que le projet de missile intercontinental Atlas, de l'U.S. Air Force, devenait une priorité et l'idée se développa de placer, dans le cadre de l'Année Géophysique Internationale (1957-58), un satellite en orbite. Ce fut la "Vanguard" de la Navy qui fut retenue pour ce dernier projet car c'était la branche des recherches américaines qui était le plus en lien avec la communauté scientifique internationale. Les Etats-Unis présentèrent leur recherche spatiale comme mettant l'espace au service de la paix mais le but véritable des satellites à venir était bien sûr de maintenir la capacité américaine de surveiller les activités soviétiques dans le vaste hinterland russe. En 1957, les Etats-Unis, comme l'URSS, avaient ainsi la capacité de mettre un satellite en orbite. Le premier missile intercontinental soviétique fut lancé en août 1957 alors qu'un missile tactique de l'Armée de Terre américaine, le "Jupiter C", avait atteint la distance de 4800 km (3000 mi) en septembre 1956. Les Russes avaient un léger avantage cependant et ils étaient tellement sûrs du missile SS6 qu'en septembre 1956 il annoncèrent publiquement qu'ils lanceraient un satellite pour l'Année Géophysique Internationale
Hugh L. Dryden fut l'un des acteurs fondamentaux qui permirent aux Etats-Unis d'accéder à l'espace. Etudiant à la Johns Hopkins University sous la direction de professeur Joseph Ames, un membre fondateur du NACA, l'agence aéronautique américaine. Son doctorat sur les flux d'air lui permirent de devenir le directeur de la section aérodynamique du Bureau national des standards (en anglais "Chief of the Aerodynamics Section of the National Bureaus of Standards"), disposant des tunnels aérodynamiques les plus avancés des Etats-Unis (lesquels tunnels fonctionnaient via des prêts du NACA. Dryden développa aussi une relation étroite avec Théodore von Karman, le fondateur du JPL. Dryden, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, inspecta les équipements scientifiques en Europe et exécuta les débriefings des scientifiques allemands du programme des V2. Il en édita le rapport "Toward New Horizons" ("Vers de nouveaux horizons") du Scientific Advisory Group, lequel posa le programme américain d'après-guerre pour les efforts militaires et civils en matière de vols aéronautiques et spatiaux. En 1947, il devint le directeur du NACA, supervisant les recherches sur les vols à haute vitesse et sur l'espace; il organisa l'accord entre l'Army et la Navy concernant l'avion hypersonique X-15. Il permit aussi le "National Unitary Wind Tunnel Plan" qui mit un terme aux débats entre l'industrie et les différents secteurs militaires concernant la création d'une famille de souffleries supersonic et hypersonique. Lorsque les Soviétiques lancèrent, en 1957, le Spoutnik, le NACA était ainsi déjà devenu, de facto, une agence spatiale. La NACA menait des recherches en aéronautique et les données apprises furent transférées à l'industrie aérospatiale naissante; dans les années 1950 ses pilotes menaient les avions expérimentaux tels le X-15 aux frontières de l'espace et les ingénieurs de l'agence avaient commencé de réfléchir à l'envoir d'hommes dans l'espace; un plan avait été mis en place qui prévoyait un vaisseau "blunt-body" muni d'un bouclier pour sa rentrée dans l'atmosphère, un réseau de suivi réparti dans le monde et un double système de contrôle qui permettrait aux pilotes une plus grande part dans le pilotage. Comme des membres importants du Congrès tenaient Dryden pour le responsable du retard américain par rapport à la réussite du Spoutnik, il ne fut pas nommé à la tête de la NASA, l'agence remplaçant le NACA mais seulement directeur-adjoint (le directeur nommé n'ayant accepté sa nomination qu'à cette condition). Dryden devint la personnalité fondamentale dans le développement rapide du programme Mercury, des autres programmes habités américains et de la recherche scientifique effectuée à la NASA. Au printemps 1961, Dryden joua aussi un rôle critique pour convaincre le vice-président Johnson et le Président John Fitzgerald Kennedy qu'une mission habitée vers la Lune était un but réalisable pour les années 1960. Dryden, par ailleurs, fut également chargé de mener des négociations avec l'URSS en termes de coopération spatiale du fait de sa stature internationale et des rencontres qu'il avaient eues avec les principaux scientifiques soviétiques en tant que membre de diverses associations professionnelles internationales. Un premier accord de coopération spatiale avec l'URSS fut signé en 1962. Dryden mourut d'un cancer en 1965. Dryden, méthodiste, fut un pasteur très actif de cette religion
Le concept de "complexe militaro-industriel"
La conquête de l'espace a vu intervenir le concept de "complexe militaro-industriel". Ce terme vise des processus et des relations financières qui lient, dans un pays donné, les législateurs, les institutions publiques, l'armée et les acteurs du monde industriel, ce qui fait que le complexe contrôle, pour le moins, la politique du pays pour ce qui est des domaines qui le concernent. Le terme fut utilisé pour la première fois par le président américain Dwight D. Eisenhower qui, à la fin de son mandat, souligna les dangers qu'un tel complexe militaro-industriel permanent, aux Etats-Unis, faisait peser à la démocratie car, finalement, il s'était constitué en un cartel. Aux Etats-Unis, on utilise aussi les termes "Triangle de fer" (en anglais, "Iron Triangle") pour désigner la collusion entre l'industrie, le Pentagone et le gouvernement américain. Le XXème siècle fut dominé, au cours de la Guerre Froide, qui s'installa à partir de 1945, à la fois par le complexe militaro-industriel américain et par celui de l'URSS. La Guerre Froide, dès ses débuts, se transforma en une compétition en termes de missiles ballistiques nucléaires et les deux camps, de plus, incluèrent aussi la conquête spatiale (ce qui amena des progrès technologiques aux deux nations). Même l'Internet est un sous-produit de la Guerre Froide. La conquête de l'espace, par ailleurs, dut aussi aux technologies que les Allemands avaient mises au point à la fin de la Seconde Guerre Mondiale: les premiers avions à réaction (ainsi le Me-262), les fusées ballistiques (V1, V2) ou les projets sub-orbitaux et orbitaux (ainsi le miroir solaire, par exemple) avaient tous mené l'Allemagne à 5-10 ans de l'accès à l'espace -vols habités compris. Comme les Alliés bénéficièrent de cette technologie et des ingénieurs allemands (le plus connu est Von Braun) -et les Russes aussi dans une moindre mesure, on peut dire que la conquête de l'espace fut également surtout -jusqu'au programme lunaire Apollo des Etats-unis- la mise en oeuvre dans la réalité des projets allemands. A noter que certains des ingénieurs allemands ramenés aux Etats-Unis -ils étaient 200 au total en provenance de Pennemüde- avaient été impliqués dans les crimes de guerre nazis ou que ceux qui participèrent au programme Apollo furent mise à l'écart une fois ce dernier terminé. Par ailleurs, c'est une réalité que l'industrie aérospatiale fut le secteur leader de l'économie américaine jusqu'à la fin du XXème siècle
Si le lancement du Spoutnik russe trouve bien son origine dans la Guerre Froide et dans la puissance du missile intercontinental soviétique, le R-7 (le plus récent, alors, du type R) pour cause de manque de savoir-faire dans la miniaturisation de leurs têtes nucléaires -ainsi que dans le fait que l'Union Soviétique ne disposait pas d'une force suffisante en termes de bombardiers à longue portée- la logique détaillée qui mena au lancement doit en partie à la politique et en partie à la volonté d'un seul homme. Il existait, en effet, un programme spatial russe. La bombe H soviétique, dont le premier test eut lieu en 1953, pesait 7 tonnes et, si elle pouvait être emportée par les bombardiers stratégiques Tu-16, les Soviétiques autorisèrent aussi la mise en oeuvre d'un missile ballistique intercontinental capable de l'emporte. La bombe H américaine, par ailleurs, elle, pesait 54 tommes et, en fait, ne pouvait pas être transportée... L'ingénieur-en-chef du programme russe était Sergeï Korolev. Il savait que les Américains, avec le projet "Vanguard", visaient à lancer un satellite à l'occasion de l'Année Géophysique Internationale. Aussi, il décida de saisir l'opportunité procurée par le R-7 pour que la Russie fut la première à placer un satellite artificiel en orbite! Il obtint l'accord du Kremlin en janvier 1956 mais l'armée, par ailleurs, souhaitait que les missiles soient réservés à son seul usage. Korolev réduisit le projet officiel, le transformant en le Sputnik (qu'il appela, d'abord, le projet "PS-1" -"Prosteishiy Sputnik", "satellite très simplifié"). Le seul intérêt de l'équipe de Korolev devint alors de battre les Américains dans la course à l'espace. Ils y réussirent, construisant le Spoutnik en trois mois seulement. La date du lancement -le 4 octobre 1957- fut même décidée sur la base que l'on pensait que les Etats-Unis s'apprêtaient à un lancement imminent: le lancement avait été fixé le 6 mais Korolev pensait que les Américains allaient tenter un tir le 5; le KGB n'ayant rien révélé de tel, Korolev, cependant, ne prit aucun risque. Il annula les derniers tests et il avança le lancement du Spoutnik de deux jours, le 4 octobre. Deux jours avant le lancement, par ailleurs, un travail de soudure mal fait avait engendré des problèmes avec la batterie du satellite. Le lancement eu lieu depuis les steppes du Kazakhstan. Le Spoutnik pesait 90 kilos (184 livres) et il fut construit en moins de trois mois. C'était une sphère d'alliage d'aluminium pressurisée, avec deux transmetteurs radio et 4 antennes. Korolev choisit la forme de sphère par référence à la sphéricité de la Terre. L'aspect poli de la sphère avait pour but de mieux dissiper la chaleur engendrée par les rayons du Soleil. Les objectifs scientifiques officiels du Spoutnik étaient les suivants: tester comment on pouvait placer un satellite artificiel en orbite, recueillir des informations sur la densité de l'atmosphère terrestre en calculant la durée de vie d'un satellite sur l'orbite, tester les méthodes de suivi radio et optique d'un satellite en orbite, déterminer les effets de la propagation des ondes radio dans l'atmosphère et, enfin, vérifier, les principes de pressurisation utilisés sur un satellite. Le Spoutnik, propulsé au sommet d'un missile SS6 Sapwood émit des bips pendant 3 semaines -qui étaient intentionnellement destinés aux radio-amateurs du monde entier- puis il continua d'orbiter pendant 3 semaines avant de dé-orbiter de lui-même après avoir parcouru, au total, 1400 orbites. Au cours des deux premières orbites, le satellite soviétique avait survolé les Etats-Unis sans être repéré. Le Spoutnik accomplissait une orbite en 100 mn. La Pravda avait affirmé que l'on pouvait voir le satellite à l'oeil nu mais ce que virent les observateurs ne fut que le deuxième étage du lanceur, qui avait aussi atteint l'orbite et qui suivait la même orbite que celle du Spoutnik. Les leaders soviétiques, dont Khrouchtchev (et même les membres de l'équipe de Korolev), ne considérèrent d'abord le succès du lancement que comme une réussite soviétique parmi d'autres, la Pravda, par exemple, n'annonçant la nouvelle que loin dans le journal. L'annonce passa en une du journal deux jours plus tard, lorsque les Russes se rendirent compte de l'impact, sur le plan international, que le lancement avait déclenché. Les dirigeants soviétiques ne croyaient même pas que leurs scientifiques pourraient battre les Américains dans l'accès à l'espace. Le Spoutnik semble ainsi bien avoir été le résultat de la convergence d'une initiative individuelle, d'un état de la technologie soviétique et d'un ralliement des leaders politiques. On retrouve, d'ailleurs, cette convergence, quelque temps plus tard, au moment de la course à la Lune: Khrouchtchev, d'abord, n'y trouva aucun intérêt; puis Brejnev, son successeur, se montra plus intéressé; mais le projet resta mal financé et handicapé par des divergences de vues entre Korolev et d'autres ingénieurs; enfin, cette fois, la technologie soviétique -en termes de lanceur et d'électronique- n'était pas au rendez-vous. Le nom de Korolev et des scientifiques de son équipe devinrent secret d'Etat pendant 50 ans en URSS, y compris pour les populations mêmes de l'Union Soviétique, qui ne connurent jamais ces noms. On présenta Léonid Sedov, un membre de l'Académie Soviétique des Sciences comme le père du Spoutnik. Korolev ne fut autorisé à publier des travaux non sensibles que sous le nom d'emprunt de K. Sergeyev et Krouchtchev refusa la proposition du comité Nobel de nominer Korolev pour le prix Nobel: Krouchtchev considérait que le Spoutnik était un succès collectif de l'Union Soviétique et, de plus, dans l'ambiance communiste, singulariser Korolev aurait vexé les autres savants soviétiques spécialisés dans ce domaine, ce qui aurait risqué de handicaper et ralentir le programme spatial russe et, surtout, celui des missiles ballistiques. La décision, par contre, offusqua Korolev. Son nom ne parvint à l'Ouest et à l'URSS qu'en 1966, à sa mort du savant. Aujourd'hui, la maison de Korolev, à Moscou, est un musée en son honneur. L'armée soviétique participa au Spoutnik jusqu'au lancement et au suivi et ces branches de l'armée ont finalement donné naissance à ce qui est, aujourd'hui, les Forces spatiales russes
Un autre des fondateurs de l'espace soviétique a été Boris Yevseyevitch Chertok, qui est mort en 2011. Né Polonais, il avait rejoint l'Institut NII-88 en 1946 en tant que directeur du département des systèmes de contrôle. Il y a travailla en étroite collaboration avec Sergueï Korolev, alors chef-concepteur et il en devint le plus proche collaborateur en termes de la création de systèmes de contrôle pour les missiles ballistiques et les vaisseaux spatiaux. Il devint, finalement, chef-concepteur adjoint de l'OKB-1, l'organisme de conception qui avait été créé en 1956 à partir du NII-88 et il fut responsable de la série des premières spatiales des débuts de l'espace soviétique. Chertok participa à tous les projets important de l'OKB-1 -qui est devenu, de nos jours, la compagnie dite "Energia" (la "S.P. Korolev Rocket and Space Corporation Energia"). Il ne prit sa retraite qu'en 1991. Figurent parmi ses nombreuses contributions à l'industrie spatiale de l'URSS, sa participation remarquée au lancement du Spoutnik, en 1957 puis de Youri Gagarine, le premier homme dans l'espace, en 1961
Dès 1955, Allen Dulles, le directeur de la CIA avait prévenu le secrétaire à la Défence Charles Wilson que "[l]a nation qui sera la première à placer un satellite en orbite et ainsi inaugurer l'âge du voyage dans l'espace, y gagnera un prestige et une reconnaissance internationaux incalculables". Un tel lancement, de plus, aurait un "impact psychologique" significatif sur les alliés des Etats-Unis, les pays neutres et -ce qui est plus important- sur les "pays contrôlés par les communistes". Mais la CIA était encore peu sûre des progrès soviétiques: en 1956, elle pensait que les Russes lanceraient un premier satellite en 1958 et que le suivant, qui serait plus élaboré, ne serait pas lancé avant 1963. Mais, en juin 1957 ils estimèrent que Moscou allait lancer son premier satellite en 1957, peut-être à l'époque de l'un ou l'autre solstice pour permettre de meilleures conditions d'observation; on estimait à 50% le risque d'un échec et qu'un satellite aux possibilités de reconnaissance militaire importantes lancerait en 1963-1965. Pour établir ses points de vues, la CIA avait recours à des sources ouvertes -ainsi les conférences internationales, par exemple- ou à des données obtenues par espionnage -ainsi les noms des implantations secrètes des Soviétiques
NASA/Asif A. Siddiqi | .
Le 4 octobre 1957, un missile intercontinental russe SS6 Sapwood plaça donc en orbite le premier satellite artificiel de la Terre. C'était "Spoutnik", dont le nom, en russe, signifie "Voyageur", marquant le début de la conquête spatiale. Le 3 novembre, pour le 40ème anniversaire de la Révolution russe, ce fut Spoutnik 2, qui emportant la chienne Laïka et pesant 550 kg -nettement plus que le Spoutnik- atteignait l'orbite basse terrestre; le vaisseau resta attaché au lanceur une fois l'orbite atteinte. Le vol avait été préparé hâtivement pour prendre avantage de la valeur, en termes de propagande, du lancement du Spoutnik. Cette petite chienne bâtarde avait été prise dans les rues de Moscou, appelée Laïka, qui signifie "petit aboyeur" en russe et elle mourut après 5 heures de vol probablement de déshydratation et de stress intense. Les Soviétiques déclarèrent officiellement que Laïka avait été volontairement empoisonnée pour lui éviter les souffrances de la rentrée dans l'atmosphère; en fait, du fait du manque de temps pour la préparation du vol, rien n'avait été prévu pour récupérer le chien et les ingénieurs n'avaient pas conçu le système de contrôle de l'environnement pour une longue durée. Le 10 novembre, les batteries du vaisseau expirèrent et la réception des données scientifiques cessa; le Spoutnik 2 brûla lors de sa rentrée dans l'atmosphère le 14 avril 1958. Les Soviétiques allaient alors attendre 3 ans avant d'envoyer d'autres animaux dans l'espace, ramenant, cette fois, l'"équipage" sur Terre, ce qui allait représenter les premières étapes en direction des vols habités. En tout cas, le vol Spoutnik 2 démontrait encore plus que l'URSS avait la possibilité de mettre en orbite une tête nucléaire et, à volonté, de l'en faire sortir. Le vol, d'autre part, commen¸a à galvaniser les Etats-Unis dans la préparation de leur propre programme spatial et à les lancer dans un programme habité. Le congrès américain s'était déjà inquiété de la supériorité scientifique soviétique que semblait montrer le lancement du Spoutnik -le lancement du Spoutnik fut qualifié par la presse américaine de "Pearl Harbor scientifique". Du coup, tous les programmes américains furent accélérés. Le 31 janvier 1958, une "Jupiter C" -ou "Juno 1"- de l'Armée de Terre lançait "Explorer I", le premier satellite américain. Le lancement de Spoutnik et l'autre succès que représenta l'envoi en orbite de la chienne Laïka amena le gouvernement américain à se concentrer sur et consolider ses programmes spatiaux qui existaient dans différentes agences. Trois mois plus tôt, une première tentative avait vu le lanceur s'élever d'à peine plus d'un mètre puis retomber. Les Américains disposaient de deux projets pour essayer d'atteindre l'orbite. Pendant cette époque, qui était celle de la Guerre froide, on n'avait pas encore décidé si la souveraineté d'une nation s'étendait jusqu'à l'espace extra-atmosphérique (ce qui amena Eisenhower, le président américain, à assurer que les satellites américains ne seraient pas perçus comme des éléments militaires ou liés à la sécurité nationale). Le JPL, à l'époque, accomplissait, pour l'U.S. Army, des travaux liés à la défense. Ses ingénieurs, en 1954, avaient commencé de travailler avec la "Army Ballistic Missile Agency", en Alabama, sur un projet nommé "Orbiter". L'équipe de l'U.S. Army comprenait Wernher von Braun et son équipe d'ingénieurs, qui se centraient sur la Redstone Jupiter-C, une fusée dérivée du V-2 allemand (une fois installé aux Etats-Unis, von Braun utilisa le V-2 comme base pour créer le Restone, un missile ballistique de portée intermédiaire qui, ensuite, lui servit de base pour le Jupiter-C, une fusée à haute performance de trois étages; et l'ajout d'un 4ème étage donna la fusée Juno, capable de placer un satellite en orbite). Le rôle du JPL était de préparer les trois étages de la fusée de lancement; ils utilisaient des moteurs à carburant solide que le JPL avait conçu pour le missile guidé Sergeant de l'armée de Terre américaine et le JPL devait être aussi responsable pour les communications avec un satellite lancé par la fusée. Le programme de la fusée Jupiter-C était ainsi remis en selle alors que la première partie de la réponse américaine, le programme Vanguard, était accéléré. Le programme Vanguard appartenait à l'U.S. Navy (le Naval Research Laboratory) avec la National Academy of Sciences américaine; ce programme avait l'avantage de n'être pas dérivé d'un quelconque programme de missile ballistique. Même si l'U.S. Army et sa fusée Jupiter-C du JPL avait accompli avec succès un vol suborbital en 1956, ce fut le programme de la Navy qui fut choisi pour lancer un satellite dans le cadre de l'Année géophysique internationale. Cependant le JPL continua de construire un satellite tenant dans une coiffe déjà existante pour le cas où il serait nécessaire. Le lancement du Spoutnik résolut de se l'incertitude diplomatique concernant le statut de l'espace et établit le droit des nations d'orbiter au-dessus de n'importe quel territoire. L'administration Eisenhower continua de donner la priorité à la Vanguard de la NASA mais, malheureusement, celle-ci fut détruite au cours du lancement, le 6 décembre. Le "Vanguard Test Vehicle 3" ou TV3 essayait de placer en orbite, pour un vol-test, un minuscule satellite de 15 cm et 1,5kg mais il s'éleva de 1,20m, le moteur principal perdit sa puissance et la fusée retomba sur le pas de tir dans une énorme explosion. La presse surnomma cet essai manqué le "Flopnik" ou le "Kaputnik". Le satellite Vanguard avait été éjecté de l'explosion et avait été récupéré mais du fait des dommages qu'il subit, il ne put être réparé pour un autre lancement (il est actuellement exposé au National Air and Space Museum de la Smithsonian Institution de Washington). Aussi les Etats-Unis se tournèrent-ils vers l'armée de Terre et le JPL pour sauver la face en termes que les Etats-Unis étaient en tête en termes de technologie. Le JPL, depuis lors, ne s'intéressa plus qu'aux satellites et non plus aux fusées de lancement et, du fait des travaux mentionnés plus haut, le laboratoire, 84 jours plus tard, fut capable de placer un lanceur et un satellite sur le pas de tir à la Air Force Station du Cap Canaveral; le Explorer 1 fut lancé le 31 janvier 1958 (cette date, par ailleurs, était le 15ème anniversaire de la victoire soviétique de Stalingrad au cours de la Seconde Guerre mondiale, en 1943). L'annonce du succès fut fait le lendemain matin à la Academy of Sciences américaine à Washington -Pickering, Van Allen et von Braun répondant aux questions des journalistes- de sorte de garder l'image qu'on souhaitait donner que le lancement américain avait eu lieu en tant que réussite de l'engagement américain dans l'Année Géophysique Internationale. On ne donna son nom -Explorer 1- au satellite qu'après le lancement. Le 11 janvier 1958, le travail de montage et de test de l'Explorer 1 de (15kg, 2m) fut terminé. Le premier étage de la Jupiter C fut positionné le 16 au pas de tir 26 de la "Cape Canaveral Missile Annex" (maintenant la "Cape Canaveral Air Force Station") et les étages supérieurs arrivèrent le 24 et furent positionnés au sommet du premier étage. Le soir du 31 janvier, un groupe de 57 ingénieurs, techniciens et gestionnaires suivirent le compte à rebours depuis le blockhause du pas de tir 26. Pickering, von Braun et Van Allen attendaient au Pentagone; il était prévu qu'ils se rendissent à la "National Academy of Sciences" d'où soit ils annonceraient le succès, ou l'échec du lancement. Une fois la fusée décollée, le contact fut perdu car, à l'époque, il n'existait pas encore un réseau de stations de suivi de grande ampleur. Pickering, au JPL, restait au téléphone avec son équipe, attendant confirmation que l'Explorer 1 avait atteint l'orbite (dans ce cas, il passerait au-dessus de la station de suivi de Californie au plus tard à 0h 30, heure de la côte est américaine; mais le temps passait et aucun signal n'arrivait; finalement, à 0h 45 le message arriva: "la Californie a contact avec l'oiseau" (traduction littérale de "California has the bird")); une équipe de mathématiciennes du JPL put calculer la trajectoire exacte du Explorer et confirmer qu'il était en orbite. Lors de leur conférence presse, Pickering, von Braun et Van Allen annoncèrent que le premier satellite américain se trouve sur une orbite elliptique légèrement plus élevée que prévu (ce qui avait entraîné ce retard de 15mn dans la réception du signal). Lors de la création de la NASA plus tard dans l'année, Pickering et le Caltech travaillèrent à ce que le JPL s'écartât des ses travaux liés à la défense et qu'elle devînt part de la nouvelle agence; le JPL resta un département du Caltech lequel gère le laboratoire pour la NASA. L'échec du Vanguard et l'inefficacité provenant de ces différentes organisations qui étaient en concurrence pour développer les capacités spatiales des Etats-Unis sur la base de ressources peu nombreuses contribuèrent à ce que le gouvernement américain établit une seule agence spatiale en 1958, la NASA. Le premier succès américain fut dû à un travail intensif de 83 jours, durant lesquels une équipe du Jet Propulsion Laboratory (JPL), en collaboration avec l'U.S. Army Ballistic Missile Agency, travailla sous la direction du directeur du centre, William H. Pickering. Explorer 1 fut lancé du "Launch Complex 26" de la Patrick Air Force Base, au Cap Canaveral. La Jupiter C était l'oeuvre de Wernher von Braun). Ce premier satellite n'avait comme charge scientifique qu'un détecteur de rayons cosmiques destiné à étudier ce qui allait devenir les ceintures de Van Allen. Explorer 1 avait une orbite elliptique (354-2515 km -220-1,563 miles) et orbitait en 114,8 mn soit 12,5 orbites par jour. Le satellite ne mesurait que 2,03 m par 15,9 cm (80 par 6,25 pouces) et pesait 14 kg (30,8 lbs). Explorer cessa de transmettre le 23 mai 1958 et il ne rentra dans l'atmosphère terrestre qu'en mars 1970, brûlant au-dessus de l'océan Pacifique. Il avait continué de renvoyer des données pendant 4 mois jusqu'à ce que ses batteries fussent épuisées. Le Explorer 1 rentra et brûla dans l'atmosphère le 31 mars 1970 après plus de 58000 orbites. 5 autres satellites Explorer furent ensuite lancés dont deux n'atteignirent pas l'orbite. Le 17 mars suivant, ce fut une "Vanguard" de la Navy -le projet avait été transféré à la NASA- qui plaça un satellite en orbite; premier satellite à énéergie électrique, un Vanguard 1 avait été conçu pour tester une fusée de lancement à trois étages ainsi que les effets de l'environnement, en orbite terrestre, sur un satellite et ses systèmes; Vanguard 1 devint donc le second satellite américain en orbite -essentiellement identique à son prédecesseur malheureux- à la suite d'Explorer 1 et il reste, encore de nos jours, le plus ancien satellite artificiel encore en orbite -le contact fut perdu en 1964. Le Vanguard 1 détermina que la Terre n'était pas une sphère parfaite mais était quelque peu asymétrique et avait une forme de poire. Une série d'Explorer fut alors lancée; le dernier fonctionna jusqu'en octobre 1959. Ils réussirent une série de premières technologiques: premier enregistrement de données et transmission lors du passage dans la zone de réception d'une station terrestre, mesure des effets d'une explosion atomique dans la haute atmosphère, étude du Soleil, études des rayons-X du Soleil et de leur impact sur l'ionosphère, identification des particules constitutives des rayons cosmiques. Le détecteur de rayons cosmiques de l'Explorer 1 avait indiqué un niveau beaucoup plus bas de rayons cosmiques que prévu et Van Allen comprit que ces données signifiaient que le détecteur était en fait saturé par des particules énergétiques chargées qui provenaient principalement du Soleil et qui étaient piégées par le champ magnétique terrestre. La découverte de ces ceintures de radiation -qu'on nomma ensuite du nom de Van Allen- fut considérée comme l'une des découvertes scientifiques remarquables de l'Année géophysique internationale. Les ceintures de Van Allen furent étudiées plus en détail par l'Explorer 3 lancé en mars 1958. La série des Explorer permit aussi de véfier que l'espace et la magnétosphère terrestre n'étaient pas hostiles à la présence d'astronautes. Le président Eisenhower, de façon à unifier l'effort spatial américain, prit, en juin 1958, le "National Aeronautics and Space Act" (le Congrès américain avait adopé la loi sur la NASA après de longues auditions en commissions). La NASA ("National Aeronautics and Space Administration") faisait ses débuts officiels le 1er octobre 1958 et devenait le centre civil de la recherche spatiale américaine aussi bien que des lancements. Il est également à noter que les Etats-Unis répondirent aussi aux avancées soviétique en matière d'espace ou de missiles ballistiques par leurs propres programmes militaires en termes de missiles ou de missiles anti-missiles. Ils passèrent, de plus, des systèmes radars utilisés depuis la Seconde Guerre Mondiale à un système de mise en phase électronique de petits faisceaux radar mis en rotation électroniquement. La technologie, au début de l'ère spatiale, n'avait pas atteint un niveau très élevé: les ingénieurs, par exemple, utilisaient encore des tubes à vide et pas des transistors
->Le Sputnik 3
Le chef concepteur soviétique Sergei P. Korolev, pendant deux ans, avait travaillé sur un projet dit "projet Objet D" (en anglais "Object D project") en tant que réponse de l'URSS au projet de l'Année géophysique internationale d'étudier l'environnement proche de la Terre via le lancement d'un satellite scientifique. Mais, devant faire face à la compétition des Américains, le premier secrétaire soviétique, Nikita Khrouchtchev, ordonna à Korolev de préparer un projet plus simple -le Spoutnik- lequel fut lancé en octobre 1957. Khrouchtchev, voyant alors le bénéfice politique du Spoutnik, ordonna à Korolev de rapidement lancer le Spoutnik 2 (novembre 1957), lequel emportait, cette fois, la chienne Laïka à bord. Khrouchtchev, estimant alors que les Russes étaient largement en tête devant les Etats-Unis, permit à Korolev de retourner à l'Objet D. Korolev, prudent, décida de construire deux satellites. Le lancement de l'Objet D eut lieu le 27 avril 1958 depuis le cosmodrone de Baïkonour, au Kazakstan; le lancement commença bien mais après 90 secondes de vol, la fusée de lancement se désintégra et retomba. Le satellite, lui, miraculeusement, était intact mais lorsque les ingénieurs le rapportèrent au pas de tir, un feu causé par un court-circuit le détruisit presque. Intrépide, Korolev prépara le second Objet D au vol et le lancement eut lieu le 15 mai suivant. Cette fois, tout se déroula sans problème et le Spoutnik 3 atteignit son orbite elliptique prévue, devenant le 6ème satellite artificiel de l'âge spatial -après ses deux prédécesseurs soviétiques et les trois satellites que les Etats-Unis avaient lancés début 1958. D'un poids d'1,5t, c'était, de loin, le satellite le plus lourd jamais mis en orbite; il emportait 12 instruments scientifiques alimentés par batterie qui devaient lui permettre d'étudier la haute atmosphère, les champs magnétiques, l'environnement radiatif et la poussière cosmique. Ces différents instruments collectèrent des données d'une semaine à un mois mais, malheureusement, l'enregistreur de bord à bandes était tombé en panne peu après le lancement, empêchant, entre autres, l'enregistrement de données critiques lors du passage du satellite dans ce qu'on appelle maintenant les ceintures de Van Allen. La mission se termian le 6 avril 1960 lorsque le Spoutnik 3 rentra dans l'atmosphère terrestre et s'y désintégra, son transmetteur télémétrique et son compteur à scintillation -tous deux alimentés par des batteries expérimentales solaires au silicium- fontionnèrent jusqu'à la fin. Cet autre succès soviétique donna une forte impulsion supplémentaire à l'adoption, aux Etats-Unis, de la loi qui créait la NASA, l'agence spatiale américaine (juillet 1958); en réponse aux premiers Spoutniks, un consensus s'était fait, au Congrès qu'il fallat créer une agence civile qui aurait en charge le programme spatial américain
A l'époque, on n'était pas sûr si l'espace américain serait sous la responsabilité d'une agence nouvelle, ou d'une agence qui serait bâtie sur la base d'une institution déjà existante, telles la "National Science Foundation" (sorte d'office central de la recherche scientifique aux Etats-Unis), la "Atomic Energy Commission" (la commission pour l'énergie atomique américaine) ou le "National Advisory Committee for Aeronautics", le NACA, l'agence pour les recherches aéronautiques. La nouvelle agence ne serait-elle qu'une simple part d'une agence militaire, ce que semblaient souhaiter l'armée et l'U.S. Air Force. Comprendrait-elle des activités aéronautiques, comment l'agence se relierait-elle à la politique étrangère américaine? On déboucha, finalement, sur la NASA, une façon d'unifier l'effort spatial américain. L'agence nouvelle fut officiellement créée en juin 1958, par le président Eisenhower, dans le "National Aeronautics and Space Act" et la NASA commença de travailler le 1er octobre 1958. Elle devenait le coeur -civil- de la recherche spatiale et des lancements. T. Keith Glennan a été le premier administrateur de la NASA jusqu'en janvier 1961. Il a ainsi présidé l'organisation qui avait absorbé le NACA et trois grands laboratoires de recherche à savoir le "Langley Aeronautical Laboratory" en Virginie, le "Ames Aeronautical Laboratory" en Californie et le "Lewis Flight Propulsion Laboratory" de l'Ohio. Rapidement, il y incorpora aussi une partie du " Naval Research Laboratory' -ce qui devint le Goddard Space Flight Center, dans le Maryland. En décembre 1958, la NASA acquit le Jet Propulsion Laboratory du California Institute of Technology, en Californie ainsi que la "Army Ballistic Missile Agency" de l'Alabama, qui fut transférée à la NASA en 1960 et devint le Marshall Space Flight Center. Certains pensent que la création de la NASA représenta un changement énorme, la NASA devenant institution technocratique, institutionnalisant, à fins étatiques, le bond en avant que représentait l'espace et amenant une explosion considérable, financée et contrôlée par l'état, en termes de recherche scientifique et technologique. A l'opposé, d'autres historiens considère que ces conceptions était déjà bien ancrées au moment de la création de la NASA et mettent plutôt l'accent sur les parallèles qui sont à établir entre la "Atomic Energy Commission" et la NASA: la NASA, ainsi, aurait plutôt été le moteur du prestige international des Etats-Unis au cours des années 1960, lequel se fondait surtout sur une "diplomatique de l'atome". Certains débats au Congrès au sujet de la nouvelle agence spatiale, en effet, furent envisagés en utilisant les cadres législatifs qui avaient été utilisés pour créer l'agence atomique américaine en 1946 et la modifier en 1954. Cela aurait limiter les débats en termes stricts de politique spatiale et aurait donc influencé la création de la NASA. Des parties de la loi créant l'agence furent inspirées des "Atomic Energy Acts" de 1946 et 1954, en particulier en ce qui concerne les relations entre le Département de la Défense et l'agence, le rôle de la coopération internationale ou la quesion des droits de propriété intellectuelle. Par ailleurs, on ne peut négliger que les débats politiques du temps influèrent aussi la naissance de la NASA. Cela ressort particulièrement du chapitre 102 du "Space Act" créant l'agence. On y trouve ces objectifs, qui sont assignés à la NASA: expansion de la connaissance des phénomènes atmosphériques et spatiaux; l'amélioration de l'utilisation, des performances, de la vitesse, de la sécurité et de l'efficacité des véhicules aéronautiques et spatiaux; le développement et l'opération de véhicules capables d'emportant dans l'espace des instruments, de l'équipement, des vivres et des organismes vivants; l'établissement d'études à long terme des bénéfices potentiels, des possibilités et des problèmes liés à l'utilisation des activités aéronautiques et spatiales à des fins pacifiques et scientifiques; le maintien du rôle de leader des Etats-Unis en matière de science et de technologie aéronautiques et spatiales et de l'application de celles-ci à la conduite d'activités pacifiques dans l'atmosphère terrestre et en-dehors de celle-ci; la mise à disposition des agences directement impliquées dans la défense nationale de découvertes ayant une valeur ou un impact militaire et la mise à disposition, dans l'autre sens, par ces agences, à l'agence établie pour diriger et contrôler les activités aéronautiques et spatiales non-militaires des informations concernant des découvertes ayant une valeur ou un impact pour ladite agence; la coopération des Etats-Unis avec d'autres nations, ou d'autres groupes de nations, dans les domaines en conformité avec les buts définis par cette loi et dans l'application pacifique des résultats obtenus; l'utilisation plus efficace des ressources scientifiques et d'ingénierie des Etats-Unis en coopération étroite avec toutes les agences américaines intéressés de façon à éviter tout double-emploi des efforts, des installations et des équipements. Tous ces concepts montrent bien le compromis que l'administration républicain du président Eisenhower dut sans doute accepter du fait des luttes politiques de l'époque voire la nette influence d'une idéologie bien spécifique avec, par exemple, des concepts tels que l'utilisation "à des fins scientifiques et pacifiques", la coopération internationale ou la question des relations entre la NASA et l'armée. D'une façon plus générale encore, on peut dire que le défi que représenta le Spoutnik russe déclencha une accélération sans précédent, aux Etats-Unis, de l'enseignement des sciences et des mathématiques, le congrès américain, par exemple, en 1958, adoptant le "National Defense Education Act" qui offrait des possibilités de formation aux jeunes américains tentés par une carrière de scientifique, d'ingénieur ou de mathématicien. Les autres effets du Spoutnik furent plus subtils: les chercheurs de toutes les disciplines se sentirent encouragés à faire preuve d'inventivité et à secouer leur train-train. Les mathématiciens participèrent aussi en la conception des ordinateurs pour le programme spatial dont l'ordinateur de guidage et de contrôle du programme Jupiter C, celui qui lança le Explorer I, le premier satellite américain
Pour ce qui est des détails législatifs de comment la NASA fut créée, ce fut le sénateur démocrate Lyndon B. Johnson, le futur vice-président -puis successeur- de Kennedy qui, le 25 novembre 1957, commença à présider des auditions concernant "l'espace et les missiles" américains au sein du "Preparedness Investigating Subcommittee of the Senate Armed Services Committee", un sous-comité du comité des Armées au Sénat américain. Cela conduisit, le 6 février 1958, à la mise en place du "Senate Special Committee on Space and Aeronautics" ("Comité spécial du Sénat sur l'espace et l'aéronautique) dont le but fut d'établir une agence spatiale. Lyndon Johnson en était le président. Au congrès, de l'autre côté du spectre politique, on créa un "Select Committee on Astronautics and Space Exploration", le 5 mars. Il était présidé par le chef des Républicains du congrès, le "House majority leader", John W. McCormack. Johnson demanda à l'analyste Eilen Galloway, analyste pour les services législatifs concernant la défense de résumer les séances du Congrès dans un rapport intitulé, en anglais, "The Problems of Congress in Formulating Outer Space Legislation" ("Les problèmes rencontrés par le Congrès pour formuler une législation sur l'espace"). Dans ce rapport, Galloway, soulignait 4 options: établir une agence nouvelle, faire passer l'espace à la Atomic Energy Commission ("commission à l'énergie atomique), faire du NACA (l'agence américaine pour l'aéronautique) l'agence chargée de l'espace, ou attribuer les compétences concernant l'espace au "Department of Defense’s Advanced Research Projects Agency" ("agence pour les projets de recherche avancés du Département de la Défence). Du côté de la Maison-Blanche, le président Eisenhower demanda à son conseiller scientifique, James R. Killian, Jr., de réunir le "Presidential Science Advisory Committee" ("Conseil scientifique de la Présidence") et de le faire délibérer sur cette question. Le 5 mars 1958, Eisenhower approuva un mémorandum, signé, du même jour, par Nelson Rockfeller, le président du "President’s Advisory Committee on Government Organization" ("Conseil de la Présidence sur l'organisation gouvernementale), auquel appartenait également Killian. Le mémorandum proposait la création d'une agence spatiale civile construite à partir du NACA (le "National Advisory Committee for Aeronautics" ("Comité National Consultatif pour l'Aéronautique")), l'agence consacrée à l'aéronautique qui datait de 1915 à une époque où les dirigeants américains étaient préoccupés de ce que les Etats-Unis perdaient leur avance en matière de technologie aéronautique par rapport à l'Europe, laquelle connaissait la Première Guerre Mondiale. Le NACA, à l'époque consacrait en fait la moitié de son temps à des études spatiales, dont le projet Vanguard, le X-15 ou les programmes de missiles du Département de la Défense. Dans les semaines qui suivirent, un projet de loi fut rédigé par le "Bureau of the Budget" du congrès, le NACA et Killian. Les personnes qui ont participé à cette élaboration se rappellent qu'à l'époque il n'y avait aucun précédent qui eût pu inspirer les rédacteurs. Ce qui sortit de ces travaux, ce fut, finalement, une agence entièrement nouvelle et pas une simple mise à jour du NACA -même si ce dernier fut le "coeur" de la NASA. On avait estimé que le NACA était une institution trop léthargique, comparée au rythme que prenaient les évènements. Bien qu'ancien chef militaire, le président Eisenhower pensait que ce serait une agence civile qui serait mieux à même pour ce qui était de la politique spatiale plutôt que l'armée au sein de laquelle les rivalités inter-armes avaient déjà démontré leur incapacité à mener à autre chose qu'à échouer à lancer un satellite. Le président Eisenhower, le 2 avril 1958, envoya le projet au Congrès, qui vota la loi créant la "National Aeronautics and Space Administration", la NASA, basée sur le NACA, agence aéronautique américaine existante. 12 jours plus tard, le Sénat et la Chambre des représentants commencèrent de travailler sur des version d'une loi visant à instituer une telle agences, les auditions commençant le lendemain. Les scientiques poussèrent le président Eisenhower, par ailleurs, a faire de toute organisation chargée de l'exploration spatiale une agence civile, craignant qu'un contrôle des militaires réduirait le champ des recherches aux seules priorités de ces derniers. Ce nom avait été choisi sur la demande de Eilene Galloway, qui travaillait aux services de la recherche de la Bibliothèque du Congrès et était la conseillère à la fois de Lyndon Johnson et de McCormack lors de l'élaboration du projet de loi. On préféra les termes "administration" et non "agence" car une administration était, aux Etats-Unis, dirigée par un "administrateur" et donc disposait d'une plus grand pouvoir qu'une simple agence fédérale, laquelle n'est dirigée que par un "directeur"; une "administration" était la meilleure solution pour coordonner les programmes spatiaux ainsi que les interventions d'autres agences gouvernementales. Le lancement, en mai, par les Soviétiques du Spoutnik 3 de près d'1,5t avait joué un fort rôle incitatif dans l'approbation de la loi par la Chambre des représentants et le Sénat puisque la Chambre des représentants adopta la loi le 2 juin et les sénateurs le 16. La Chambre voulait, pour conseiller le directeur de l'agence, un comité relativement faible alors que le Sénat souhaitait un conseil plus fort. Une commission bipartisane présidée par Johnson retint le comité fort, ce à quoi le président Eisenhower s'opposa. Pour résoudre l'impasse, le président et Johnson se réunirent le lundi qui suivait la fête nationale américaine du 4 juillet et le dernier recommanda que ce fut le Président des Etats-Unis qui présidât le comité et Eisenhower fut d'accord. Eilene Marie Galloway s'était vue demander par Lyndon Johnson d'aider aux auditions devant le Congrès. Elle aida à écrire le projet de loi, insistant sur la coopération internationale ou l'exploration à des fins pacifiques. Elle travailla ensuite sur les traités qui régirent l'exploration et l'utilisation de l'espace, ainsi le célèbre traité de 1967 sur l'espace extra-atmosphérique, qui fonda le droit spatial et le droit international de l'espace. Elle travailla alors avec le Comité des Nations-Unies sur l'utilisation pacifique de l'espace et elle contribua également activement à la fondation du "International Institute of Space Law" ("Institut International sur le Droit de l'Espace), qui est un forum mondial des spécialistes en la matière. Fut également important dans la rédaction du National Aeronautics and Space Act, le rôle joué par le conseil juridique général du NACA, Paul G. Dembling. Celui, en 1992, déclara que "si beaucoup d'aspects politiques de la loi furent rédigés rapidement, [...] les fonctions ainsi que les autorités concernées par la législation furent bien réfléchies et très bien prises en compte". Après les auditions du printemps 1958, le Congrès adopta la version finale de la loi, le "National Aeronautics and Space Act", le 16 juillet et le président Eisenhower la signa le 29. La loi établissait huit objectifs pour la NASA ("National Aeronautics and Space Administration"):
(bien que la Loi ait été amendée au fil des ans, ces huit objectifs décrivent encore les principales fonctions de la NASA aujourd'hui). Neuf mois après le Spoutnik, le Congrès américain avait identifié tous les aspects de la question spatiale. Au lieu que ce soit Hugh Dryden, le chef du NACA, qui soit nommé l'administrateur de la NASA, ce fut T. Keith Glennan – le président du "Case Institute of Technology" depuis 1947 et ancien membre de la commission américaine sur l'atome (la "Atomic Energy Commission") qui le devint, prêtant serment la Maison-Blanche le 19 août. Dryden devenait vice-administrateur et l'administrateur associé était un certain Richard E. Horner. Cette équipe dura jusqu'en 1960. La NASA commença officiellement de travailler le 1er octobre 1958. Elle s'était installée temporairement à Washington. Des milliers d'ingénieurs, de calculateurs, de techniciens et de différentes équipes venant du NACA élargirent leur champ de réflexion pour y inclure le vol au-delà (et à travers) de l'atmosphère terrestre. Le "National Space Council", un groupe dont le but était de coordonner les politiques de l'activité spatiale entre les agences et les départements gouvernementaux, fut d'abord créé en 1958 et, depuis, il n'a connu qu'une activité sporadique -le plus récemment, entre 1989 et 1993. Depuis, la politique spatiale relève principalement du "Office of Science and Technology Policy" de la Maison Blanche (le OSTP)
->George W. Lewis et le NACA
George W. Lewis fut le président du NACA, l'agence américaine pour l'aéronautique ("National Advisory Committee on Aeronautics"). Né en 1882, il effectua ses études d'ingénierie mécanique à la Cornell University. Devenu ingénieur-en-chef à l'institut Clarke-Thompson Research, à Philadelphie, en 1917, il rencontra alors le NACA, proprosant une recherche sur un moteur à combustion interne à deux cycles internes. Il finit alors par s'intéresser à une vaste gamme de sujets relatifs à la science aéronautique: aérodynamique du vol et de la propulsion, connaissance des matériaux, conditions de vol (en laboratoire et dans la réalité). Lewis, en 1919, fut nommé président de l'agence, responsable de la gestion au quotidien du personnel et des installations sous le contrôle des membres du comité directeur. Il fut également nommé directeur du premier laboratoire du NACA alors en construction à Langley Field. Il devint rapidement un dirigeant respecté, qui facilita le croissance de Langley et de l'agence. Le NACA passa alors, sous sa direction, de quelques employés et d'un centre de petite taille à, à son départ en 1947, une organisation de 6000 personnes et de trois centres de recherche. Son titre passa de directeur à celui de directeur de recherche en 1924 (en anglais: de "Executive Officer" à "Director of Research"). Avec le temps, le NACA avait été à l'origine du refroidissement des moteurs d'avion, du train rentrant et de nouveaux types de souffleries permettant des études plus avancées. Du fait de la guerre qui menaçait, d'autres sites furent créés (qui devaient aussi devenir des centres de la NASA): Palo Alto, en Californie et Cleveland, dans l'Ohio. L'aptitude de Lewis à créer des relations entraîna de forts liens entre le NACA et divers universités. Du fait de problèmes cardiaques, Lewis, en 1947, dut laisser la direction de l'agence à Hugh L. Dryden et il mourut l'année suivante
. intéressant! Le texte complet du National Aeronautics and Space Act de 1958, avec ses amendements ultérieurs (NB: en anglais seulement)!
La NASA absorba alors trois centres de recherche de la NACA -le Langley Aeronautical Laboratory de Hampton, en Virginie, le Ames Aeronautical Laboratory, à Mountain View en Californie et le Lewis Flight Propulsion Laboratory de Cleveland, dans l'Ohio- ainsi que des éléments de la Army Ballistic Missile Agency ("agence des missiles ballistiques de l'Armée de Terre") de Huntsville, dans l'Alabama et le Naval Research Laboratory de Washington. En décembre 1958, la NASA prit le contrôle du Jet Propulsion Laboratory (Pasadena, Californie). Avec le temps, la NASA créa ou intégra d'autres centres et installations de façon à pouvoir répondre aux besoins croissants du programme spatial américain et, de nos jours, elle compte 10 centres de recherches. Les services de l'Armée de Terre continuèrent de conserver une partie de leurs fusées, ce qui explique que la plupart des centres de la NASA, des sites de lancement et des sites de test sont encore aujourd'hui sous le contrôle du Corps des Ingénieurs de l'Armée de Terre. Les textes fondant l'agence américaine de l'énergie nucléaire (1946, 1954), qui encadraient les recherches dans ce domaine, ont certainement inspiré la législation concernant la NASA. Lors de ces premiers jours de la conquête de l'espace, l'essentiel des calculs mathématiques pour les missions étaient accomplis par des calculateurs "humains" (et la plupart des ces calculateurs étaient en fait des calculatrices, des femmes ou des personnes d'autres minorités américaines à une époque où, aux Etats-Unis, la plupart des métiers -et particulièrement dans les milieux techniques- étaient occupés par des hommes de race blanche). SCORE, le premier satellite de communications, fut lancé en décembre 1958 et, en janvier 1959, la NASA commença de recruter un corps d'astronautes. Le "Mercury Control Center" fut construit à Cap Canaveral en 1957 (il fut renommé, plus tard, "Mission Control", "centre de contrôle des missions"). Il fut le premier centre de contrôle américain et servit aussi bien pour les missions inhabitées que pour les vols habités de la NASA. La salle de contrôle était dominée par une carte géante du monde sur laquelle un vaisseau miniature indiquait le vol prévu du vaisseau réel. Les fonctions du Mission control furent ensuite transférées à Houston, au Texas (la Floride continua à servir de centre de secours pour le début du lancement et pour les trajectoires). Le centre du Cap Canaveral fut finalement détruit en 2010 et ses composants à valeur historique furent conservés et sont actuellement visibles au "Kennedy Space Center Visitor Complex", le centre touristique du Kennedy Space Center. Une relation a tôt existé entre la NASA et l'USGS, l'agence géologique américaine. L'USGS, par exemple, a aidé la NASA à préparer les astronautes des missions Apollo à leurs explorations géologiques de la Lune et les deux agences continuent, de nos jours, de collaborer sur les satellites Landsat 8 et 9
->Les Etats-Unis et les Russes ont envisagé, vers 1958, de faire exploser un engin nucléaire sur la Lune
En 1958, au Pentagone, la "Armour Research Foundation", institution basée dans l'état de l'Illinois et collaborant avec l'Armée de l'air américaine, l'US Air Force, mise au point le "Projet A119" (en anglais, "Project A119") ou "A Study of Lunar Research Flights" ("étude sur les vols de recherche lunaires"); il s'agissait d'un plan top-secret cherchant à étudier les effets que produirait un engin atomique explosant sur la Lune. La Armour Research Foundation avait commencé, dès 1949, des recherches théoriques sur les conséquences de faire exploser un tel engin sur la surface de la Lune. Le projet est resté secret jusque dans les années 1990, lorsqu'on apprit que l'astrophysicien célèbre Carl Sagan avait fait partie de celui-ci. En 1958, alors que les Soviétiques avaient pris la tête de la course à l'espace, le projet avait aussi pour but de soutenir le moral des Américains; l'US Air Force était très intéressée par la possibilité d'une explosion à fin de démonstration surprise, laquelle aurait lieu le long du terminateur lunaire, avec toutes les implications évidentes en termes de relations publiques et de Guerre froide (ils voulaient que soit produit un champignon atomique d'une taille telle qu'il serait visible de la Terre mais les concepteurs ne purent garantir qu'une lumière explosive faiblement visible à l'oeil nu). Le projet fut finalement annulé en 1959 du fait qu'une explosion nucléaire aurait irradié une zone importante et constitué une limite pour toutes les missions d'exploration à venir. Les Soviétiques, de leur côté, envisagèrent aussi une explosion atomique sur la Lune, ce qu'ils appelèrent le "Projet E". Korolev, le chef des programmes spatiaux soviétiques et Keldysh, un scientifique de l'Académie des Sciences de l'URSS, furent, en janvier 1958, à l'origine du projet et celui-ci fut approuvé par le dirigeant Khrouchtchev qui voyait l'intérêt politique de l'exploration spatiale. La première étape du projet, l'"étape E-1" consisterait à envoyer un vaisseau à la Lune, les phases E-2 et E-3 à orbiter autour de notre satellite et à prendre des photographies de la surface; enfin, la phase E-4 consisterait à faire exploser une charge nucléaire de petite taille à la surface de la Lune. Ce projet, en fait, visait surtout à montrer à l'opinion mondiale que l'URSS était capable de faire atterrir un vaisseau à la surface lunaire, qu'une fusée envoyée là serait visible ou qu'on pouvait déterminer la composition du sol lunaire. D'une façon générale, le Projet E consistait surtout à étudier à étudier les conditions nécessaires à une mission lunaire d'atterrissage et qu'une explosion serait visible depuis la Terre. Les physiciens russes, cependant, annulèrent le projet car ils considèrèrent que la lumière de l'explosion serait d'une trop faibles intensité et durée qu'elle ne pourrait être enregistrée sur film ou qu'envoyer un engin nucléaire dans l'espace n'était pas sans danger, les Russes ne maîtrisant pas complètement, à l'époque, le vol spatial. Un autre point de vue est que le projet fut annulé à l'initiative de Korolev pour des raisons techniques et politiques. La signature, en 1963, du Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires et le Traité de l'espace, en 1967, empêchèrent toute recherche supplémentaire du concept d'explosion d'un engin nucléaire sur la Lune
La course à l'espace était lancée! La sonde soviétique "Luna 1" réussit à frôler la Lune. Elle y fut suivie par un "Pioneer IV". C'était le lanceur "Juno II", de l'Armée de Terre, qui servait essentiellement aux lancements en direction du système solaire. Le "Juno V", une version plus avancée, qui devait devenir la "Saturn I", permettait le lancement de charges plus lourdes. L'U.S. Air Force, de son côté, développait les lanceurs "Atlas" et "Titan". En novembre 1959, le programme Explorer, le JPL et de nombreux spécialistes des fusées et des satellites furent intégrés à la NASA, ce qui développa encore le rôle de l'agence. TIROS 1, le premier satellite météo américain, fut lancé le 1er avril 1960. Pendant ce temps, le programme des vols habités démarrait! Ce furent cependant une fois encore les Russes qui furent les premiers à placer un être humain en orbite. Dès 1960, ils avaient mis en place, sous la direction de Korolev, la recherche de "cosmonautes". Les équipes de Korolev s'étaient mis à la recherche des premiers astronautes soviétiques: ils sélectionnèrent, dans les bases de l'armée de l'air soviétique, 3000 pilotes dont, finalement, 20 candidats émergèrent. Gagarine fut choisi parce qu'il remplissait les conditions de taille et de poids convenables pour l'espace limité du Vostock (son 1,64m, par ailleurs, lui avait causé, à l'école de vol, des problèmes pour les atterrissages). Le terme "cosmonaute" avait été choisi intentionnellement pour se démarquer des "astronautes" des Américains. Tous les cosmonautes choisis mesuraient moins d'1,70m. Youri Gagarine, un pilote, lieutenant-chef de l'armée de l'Air soviétique, âgé de 27 ans, devint, le 12 avril 1961, le premier homme dans l'espace. Il y eut, par ailleurs, une relation père-fils entre Korolev et Gagarine (qui, par ailleurs, était le citoyen soviétique exemplaire, venant d'une famille de paysans pauvres ayant souffert pendant la Seconde Guerre Mondiale). Le vol de Gagarine fut tenu secret jusqu'au moment du lancement et même son épouse ne connut la nouvelle que par la radio. Les ingénieurs conçurent, construisirent et assemblèent les vaisseaux et les fusées de lancement qui emporteraient les cosmonautes dans l'espace. Les Russes avaient réussi à lancer et ramener sur Terre deux chiens, Belka et Strelka, en août 1960 à bord du vaisseau Korabl-Spoutnik. En 1961, le dirigeant soviétique Nikita Krouchtchev devait faire cadeau d'un chiot de la chienne Belka, Pushinka, au président américain Kennedy comme geste de bonne volonté. Deux vols eurent encore lieu avec des chiens et des mannequins en mars 1961, dégageant la voie pour le premier vol habité soviétique qui eut lieu le mois suivant. Au son de l'hymne soviétique diffusé par toutes les radios du pays, Gagarine gagna le pas de tir du cosmodrome de Baïkonour et son vaisseau Vostock ("Est" en russe), German Titov étant l'un des deux pilotes de secours (il devait devenir le pilote du Vostock-2). La fusée décolla à 6h 07 heure locale, Gagarine lançant "Poyekhali" ('allons-y!') et le vaisseau fit une fois le tour de la Terre avant de ré-entrer dans l'atmosphère et d'atterrir. Il avait atteint la vitesse de 28200 km/h (17500 miles/h) et le vol avait duré 108 minutes. L'altitude maximale, sur une orbite qui n'était pas tout à fait circulaire, avait été de 327 km (203 miles). Le module de rentrée atterrit sur le territoire de l'URSS. L'agence de nouvelles soviétique avait préparé trois versions concernant ce premier vol habité: l'un en cas de succès, l'autre demandant de l'aide dans le cas où le vaisseau se serait posé dans une zone inaccessible ou dans un océan et, enfin, le dernier en cas de mort de Gagarine. Le cosmonaute avait rédigé une lettre d'adieu pour sa femme et celle-ci ne la reçut que lors de la mort de Gagarin en 1968. Pendant le vol Gagarine ne fut pas autorisé à utiliser les commandes car les effets de l'apesanteur, jusqu'alors, n'avaient été testés que sur des chiens; aussi la capsule fut-elle contrôlée par les équipes au sol (une clé et un code permettant au pilote de reprendre les commandes en cas de problèmes avait cependant été fournie à Gagarine). La mission représenta un autre pas important des Sovétiques dans l'espace: l'URSS montrait qu'elle pouvait propulser à la vitesse de libération -28200 km/h, 8 km/s- une capsule lourde. Les ingénieurs soviétiques avaient réalisés un vol d'essai quelques semaines auparavant, avec le "Vostock-3KA-2", qui accomplit une orbite en orbite basse avec un mannequin -dénommé Ivan Ivanovich- à bord, ainsi qu'un chien, Zvezdochk. Le vaisseau Vostock utilisé pour le vol avait une forme sphérique et pesait 5 tonnes. Il ne possédait pas de rétro-fusées pour ralentir l'atterrissage et les premiers cosmonautes soviétiques devaient s'éjecter à une altitude de 6,4 km et atterrir en parachute. Comme cette caractéristique pouvait, pour ce qui était de la revendication du premier vol spatial, aboutir à ce que le vol n'ait pas été considéré comme tel -puisqu'il n'y eut pas atterrissage au sens propre du terme, les autorités ne firent pas état de ce détail dans les annonces officielles. Ce vol historique, cependant, fit immédiatement de Gagarine un héros et un symbole en URSS; il effectua de nombreux voyages d'amité à travers le monde. Lorsque Gagarine visita la Grande-Bretagne, la reine Elizabeth II, contrairement à l'étiquette, posa pour une photographie avec le cosmonaute, expliquant que celui-ci n'était pas un homme ordinaire mais un homme de l'espace. Tous les astronautes qui partent pour l'espace à bord d'un vaisseau russe perpétuent la mémoire de ce que Gagarine fit pour son propre lancement. Ainsi, par exemple, il planta un arbre à l'extérieur de Baïkonour ou il se fit couper les cheveux deux jours avant le lancement (certaines traditions ont été ajoutées par la suite, comme signer le livre des visiteurs au bureau de Gagarine à la Cité des Etoiles). Du fait de cette popularité, il ne fut plus autorisé, alors, à un quelconque nouveau vol spatial: les autorités ne voulaient pas perdre le potentiel qu'il représentait. Frustré, Gagarine dut retourner aux vols sur les Mig. Il devint aussi le directeur-adjoint des entraînements au centre d'entraînement des cosmonautes, aidant les nouveaux cosmonautes à préparer leurs vols et il passa avec succès, à l'académie Zhukovski de l'Armée de l'Air, une thèse en ingénierie aérospatiale sur la conception des vaisseaux spatiaux. Ironiquement, Gagarine trouva la mort alors que le gouvernement l'avait de nouveau autorisé à voler dans l'espace: il avait été assigné comme le remplaçant du cosmonaute Vladimir Komarov pour le premier vol Soyouz. Komarov s'étant tué en avril 1967 sur le Soyouz 1, les officiels se sentirent renforcés dans leur prudence et n'autorisèrent même Gagarine à ne voler à bord d'un avion qu'avec un instructeur de vol. Le 27 mars 1968, à l'àge de 35 ans, lors d'un entraînement avec son instructeur, Vladimir Seryogin, à bord d'un chasseur Mig-15, les deux hommes s'écrasèrent pour cause de mauvaises conditions météorologiques. Le pas de tir de Baïkonour d'où partit Gagarine continua d'être utilisé pendant la Guerre Froide et l'est encore aujourd'hui. Après sa mort, de nombreuses grandes installations spatiales furent renommées en son honneur. Ainsi, à Moscou, le centre où les cosmonautes s'entraînent pour les vols -autrefois un établissement tenu secret- fut nommé le Centre Gagarine d'entraînement des cosmonautess ou, au cosmodrome de Baïkonour, le pas de tir d'où Gagarine s'élança s'appelle le "pas de départ Gagarin". La Russie, à l'occasion du 50ème anniversaire du vol de Gagarine, en 2011, l'a célébré en fanfare, de chants patriotiques diffusés dans le métro de Moscou à des manifestations à bord de l'ISS ou des expositions et a rappelé que l'"exploration spatiale" restait la priorité du pays. Gagarine avait été fait Héros de l'Union Soviétique. Même Neil Armstrong, l'astronaute américain qui fut le premier à marcher sur la Lune a dit de Gagarine qu'il "nous avait tous invités à atteindre l'espace". 500 astronautes, de diverses nationalités, ont, depuis, fait ce pas. Des rumeurs de vols suborbitaux soviétiques ayant précédé celui de Gagarine apparurent dès 1958, parlant de cosmonautes tués, et elles se renforcèrent en 1959. On ne possédait alors que peu de données sur le programme habité soviétique; on pensait que trois cosmonautes, Belokonev, Kachur et Grachev s'entraînaient sur des vols à haute altitude. L'URSS a sans doute également lancé de faux vols habités avant celui de Gagarine. Les rumeurs de la mort de cosmonautes aux débuts du programme habité russe venaient essentiellement des présentations déformées qu'en donnaient les responsables de l'information, déformations qui n'étaient pas démenties par les officiels du programme spatial. L'URSS est toujours restée très cachotière sur ses missions spatiales: elles n'étaient annoncées qu'une fois le lancement réussi et les détails étaient rares ou volontairement erronés. La réponse américaine aux premiers vols habités soviétiques fut le fait de ce qu'on a appelé le "Projet Mercury" (en anglais, le "Project Mercury"), un groupe de sept hommes (Slayton, Schirra, Cooper, Carpenter, Glenn, Grissom et Shepard), qui furent les premiers astronautes américains. Le Projet Mercury se traduisit dans les faits par 3 vols habités: deux vols sub-orbitaux par Alan Shepard (5 mai 1961 à bord de "Freedom 7", une capsule Mercury-3) et Virgil Grissom (21 juillet 1961), et le réel premier vol orbital américain (par le major John Glenn, le 20 février 1962). Les Etats-Unis savaient alors qu'il se trouvaient dans une compétition mais la NASA, cependant, ne permit jamais que la pression en résultant amenât à prendre des risques qui auraient pu mettre en danger la vie de l'astronaute du vol suborbital, Alan Shepard, même pour la réussite de la mission. Les décideurs d'alors pensaient que l'Amérique et le "monde libre" tout entier avaient besoin de ce vol. Les vols sub-orbitaux avaient été lancés par une fusée Redstone, fusée qui était extrêmement fiable mais qui n'avait pas la puissance pour placer une capsule en orbite. Aussi, ce fut une Atlas qui permit le premier vol orbital habité américain. L'Atlas était, à l'origine, un missile ballistique; sa force était hors de doute mais sa fiabilité n'était pas très sûre. Les astronautes du programme Mercury accompagnèrent sa transformation en fusée de lancement et ils prirent place sans crainte dans leurs capsules. Pour sess vols orbitaux, la NASA passa à une fusée de lancement plus puissante, l'Atlas. Et, au lieu d'utiliser des chiens comme l'avaient fait les Soviétiques, les Américains firent appel à des chimpanzés pour les vols-tests aux fins d'assurer que les systèmes étaient sans risques pour les humains. Le chimpanzé Ham vola sur la Mercury-Redstone 2 le 31/01/1961, depuis le Cap Canaveral, pendant 16mn et 39s d'un vol suborbital. La capsule fut récupérée sans problèmes et en bon état par le USS Donner dans l'océan Atlantique ce qui ouvrit la voie au vol de Shepard trois mois plus tard. Le 29/11/1961, ce fut le chimpanzé Enos qui vola sur la Mercury-Atlas 5 et accomplit deux orbites; il fut récupéré par le destroyer USS Stormes; malgré quelques problèmes techniques avec la capsule, ce vol ouvrit, lui, la voie au vol orbital du major Glenn deux mois plus tard. Krouchtchev lui-même retourna le couteau dans la plaie, lors d'une visite officielle aux Etats-Unis, en offrant au président Eisenhower une copie de la boule d'acier qu'une sonde Luna portait avec elle lorsqu'elle s'était intentionnellement écrasée sur la Lune et demandant quand le drapeau américain viendrait rivaliser, sur la Lune, le drapeau soviétique qui y était déjà ainsi présent. Mais les Etats-Unis, sous l'égide de J.-F. Kennedy, leur nouveau président, firent monter d'un cran leur réponse aux défis soviétiques: Kennedy, dans un discours bien connu du 25 mai 1961, annonça que les Etats-Unis, avant la fin de la décennie allaient envoyer des hommes sur la Lune! Il semble que ce soit le vice-président, Lyndon Johnson, qui ait proposé cette idée; le président Kennedy lui avait demandé de trouver un projet qui redorerait l'image, alors ternie, d'une façon générale, des Etats-Unis dans le monde. En 1961, effectivement, Kennedy avait demandé à Lyndon Johnson -son vice-président: "Que devraient faire les Etats-Unis? Quel devrait être nos buts? Dans quel domaine pouvons-nous vaincre les Russes?" et ils étudièrent un ensemble d'options (un atterrissage sur la Lune, une station spatiale -puisque les Russes, avec leurs lanceurs puissants pouvaient lancer une station dès cette époque). Aussi, comme les Russes auraient eu besoin d'une fusée de lancement encore plus puissante pour atteindre la Lune, Kennedy choisit la Lune comme cible pour le programme spatial américain. Lyndon Johnson, depuis 1958, était bien conscient des aspects stratégiques du contrôle de l'espace. Il avait ainsi déclaré: "Le contrôle de l'espace c'est le contrôle du monde beaucoup plus certainement, plus complètement que tout contrôle qui a été ou pourrait être accompli par le biais des armes ou de troupes d'occupation [...] On a là la position ultime -une position de contrôle total de la Terre". Le discours de Kennedy fut prononcé peu de temps après qu'ait eu lieu le premier vol suborbital du programme Mercury, en avril 1961. L'Amérique n'avait donc pas encore accompli une seule orbite autour de la Terre. La course à l'espace prenait donc un tour différent. Le programme américain était désormais placé au service de la conquête de la Lune. La décision de Kennedy continuait de considérer l'espace comme un enjeu géo-politique: elle visait, finalement, à la suprématie américaine, contre l'URSS, en matière de science des fusées et en matière d'espace et elle avait des implications en termes de défense, les fusées utilisées pour la conquête spatiale permettraient également de fournir de meilleurs missiles intercontinentaux aux armes nucléaires. Peu après le discours, un sondage Gallup montra que 58% des Américains étaient opposés au projet; ensuite, après qu'au cours des années 1960, le taux d'approbation du programme Apollo ait eu du mal à s'élever, un seul sondage, en juillet 1969, montra que 53% des Américains estimaient que les dépenses faites pour atteindre la Lune le valaient. Kennedy réitéra le message le 12 septembre de la même année lors d'un discours présidentiel à la Rice University, sur le stade de football américain de celle-ci, dans le cadre d'une visite des différentes installations de la NASA. Il présenta alors plus en détail les raisons qui l'avaient décidé à désigner la Lune comme objectif: l'espace était une "nouvelle frontière" (concept cher aux Américains), un "nouvel océan" du nouvel âge de découvertes qui s'ouvrait. La conquête de l'espace, un impératif historique et stratégique allait mettre les Américains au défi de faire preuve de la grandeur de leur nation et montrer le prestige des Etats-Unis et leur leadership global. Bien que faisant état qu'il y avait concurrence dans la course à l'espace, ce discours, cependant, transcendait la Guerre froide et accentuait le concept d'une quête nationale, romantique et visionnaire. Il soulignait comment un grand effort technologique et trivial pouvait se mêler aux buts les plus élevés de l'aspiration humaine. Il soulignait, de plus, l'urgence des temps: "Nous nous retrouvons aujourd'hui à une heure de changement et de défis, dans une décennie d'espoirs et de craintes, dans un âge à la fois de savoir et d'ignorance"; ou encore: "... nous mettons la voile sur cette mer nouvelle car l'on peut y trouver une connaissance nouvelle, y gagner de nouveaux droits, droits que l'on doit gagner et utiiser pour le progrès de toute l'humanité ... Quant à savoir si cette mer deviendra une force de bien ou de mal, cela dépendra de l'homme et seulement si les Etats-Unis y occupent une position de prééminence pourrons-nous décider si cet océan sera un océan de paix ou un nouveau théâtre effrayant de guerre. Mais je dis que l'espace peut être exploré et maîtrisé sans allumer les feux de la guerre, sans répéter les erreurs que l'homme a faites en étendant son emprise sur le globe terrestre ... Pour ce qui est de l'espace, il n'existe pas encore de lutte, de préjugés ni de conflits nationaux. La conquête de l'espace mérite le meilleure de toute l'humanité et les opportunités qu'elle fournit pour la coopération pacifique peut ne jamais se reproduire. Mais, disent certains, pourquoi la Lune? Pourquoi en faire notre but à atteindre? Mais ils pourraient tout aussi bien demander: pourquoi escalader les plus hautes montagnes? Pourquoi, il y a 35 ans, avoir traversé l'Atlantique en avion. Pourquoi l'Université Rice joue pour le Texas [ndt: en termes de football américain]. Nous choisissons d'allers sur la Lune, nous choisissons d'aller sur la Lune au cours de cette décennie et faire aussi les autres choses que nous avons dites non parce que c'est facile mais parce que c'est difficile, parce que cela servira à organiser et prendre la mesure du meilleur de nos énergies et de nos talents, parce que ce défi, nous voulons l'accepter, nous ne voulons pas le retarder et ce défi est un défi que nous avons l'intention de remporter, ainsi que les autres". Cet effort américain, qui devint public sous Kennedy, avait été initié sous Eisenhower par Lyndon Johnson qui avait mis en garde contre la supériorité que l'URSS pourrait acquérir dans l'espace; une fois Kennedy élu, Lyndon Johnson fut nommé à la tête du National Space Council. L'attitude de Kennedy envers le programme spatial fut complexe. En arrivant à la Maison Blanche, il pensait que l'espace pourrait être une aire de coopération qui réduirait la tension avec l'Union soviétique, et il n'abandonna jamais cet espoir. Lors do sommet des 3-4 1961, à Vienne, avec le premier ministre soviétique Nikita Khrouchtchev, par exemple, Kennedy avait suggéré: "Pourquoi ne pas avancer ensemble?" Après avoir répondu positivement, Khrouchtchev, le lendemain, revint sur son accord au motif qu'un accord sur le désarmement devait d'abord avoir lieu. Kennedy réitéra son offre aux Nations Unies peu de temps avant d'être assassiné. Vers la fin de sa présidence, Kennedy revint à cette idée de la coopération entre superpuissances pour ce qui était de l'espace. S'exprimant devant les Nations Unies le 20 septembre 1963, il proposa "une expédition conjointe sur la Lune" et s'interroga sur "pourquoi le premier vol de l'homme vers la Lune devrait être une question de concurrence nationale?" La crise de Berlin puis celle des missiles, etc., émoussèrent les efforts de coopération. Puis l'idée de Kennedy, à l'automne 1963, fut de former un programme Apollo qui rapprocherait les deux super-puissance plutôt qu'augmenter les rivalités de la Guerre froide; il parlait d'envoyer sur la Lune des scientifiques qui représenteraient tous les pays et pays une nation unique. Krouchtchev, alors, commença de trouver que cette idée avait du mérite mais l'assassinat de Kennedy, en novembre 1963, mit un terme à ces évolutions. Cependant, la coopération spatiale entre les Etats-Unis et les Soviétiques resta sous-jacent pendant la Guerre froide. La décision de faire entrer les Etats-Unis dans la course à la Lune seuls se situa dans le cadre de l'énorme réaction américaine à la suite du lancement, par les Russes, le 12 avril 1961, du premier homme dans l'espace, Youri Gagarine. Huit jours plus tard, Kennedy demanda une étude dans l'instant pour définir "un programme spatial permettant des résultats spectaculaires et dans lesquel [les Etats-Unis] pourraient l'emporter". Dans ce cadre, le vice-président Lyndon Johnson rencontra, entre autres, Wernher von Braun. A la suite de cette rencontre, von Braun rédigea une lettre il disait du but d'un atterrissage sur la Lune: "nous avons une chance et avec un programme rapide, général, je pense que nous pourrions atteindre cet objectif en 1967-68". Lyndon Johnson rapporta rapidement ce jugement au président Kennedy, et, dès lors, les dés étaient jetés. A la suite immédiate du discours du 25 mai 1961, le budget de la NASA fut augmenté de 89% et, un an après, de 101%. Pour mener à bien le programme Apollo, la NASA devint cette grande organisation d'ingénierie qu'elle est aujourd'hui et elle se concentra sur les vols habités. Kennedy fut particulièrement attiré par les astronautes, qui devinrent les symboles populaires d'une administration qui avait choisi la Nouvelle Frontière. John Glenn, par exemple, fut fréquemment invité par les Kennedy dans leur résidence de Hyannisport, dans le Massachussets. Participa aussi au développement des programmes Mercury, Gemini et Apollo -voire la navette spatiale- le programme de l'avion super-sonique, ou avion-fusée, le X-15. Il s'agissait d'un programme conjoint entre l'U.S. Air Force, la NASA, l'U.S. Navy et le fabricant North American Aviation. Les techniques de recherche utilisées pour le programme X-1 étaient devenues le schéma de tous les projets X qui s'ensuivirent y compris le X-15, avion expérimental pour la recherche sur le vol hypersonique (société North American Aviation). La NASA mena le projet X-15 avec l'U.S. Air Force et l'U.S. Navy entre 1959 et 1968. De la même façon que le X-1 largué depuis un bombardier B-29, le X-15 l'était depuis le dessous de l'aile d'un B-52 et ensuite allumait son moteur-fusée. 12 pilotes de la NASA, de l'Air Force, de la Navy et de North American accomplirent 199 vols sur trois avions X-15, certains dépassant d'une dizaine de kilomètres la frontière des 80 km que l'U.S. Air Force considère comme la frontière de l'espace. Le X-15 avait pour but de recueillir des données en vol sur l'aérodynamique, les structures, les commandes de vol et les aspects physiologiques des vols à haute vitesse et haute altitude. Une extension du programme utilisa même l'appareil pour emporter diverses expériences scientifiques au-delà de l'atmosphère terrestre. Le NACA, en relation avec le programme X-15, développa un plan qui voulait construire un vaisseau spatial à corps émoussé (en anglais "blunt body spacecraft") lequel, pourvu d'un bouclier thermique, rentrerait dans l'atmosphère; le projet prévoyait aussi un réseau de stations de suivi mondial et des contrôles qui, progressivement, donneraient plus de contrôle du vaisseau à son pilote
. A lire! Le discours sur la Lune du 25 mai 1961 du président Kennedy. Le texte complet du discours (en anglais) se trouve sur le site de la JFK Library
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Les Russes continuaient une série de vols spatiaux remarquables (mission conjointe de deux vaisseaux spatiaux en 1962, mission de longue durée de Vostok 5, première femme dans l'espace en 1963, nouvelle première russe en mars 1965 avec la sortie dans l'espace d'Aleksei Leonov -Leonov eut des problèmes pour réintégrer la capsule car son scaphandre avait gonflé du fait du système respiratoire et il dut évacuer de l'air dans l'espace). Les vols américains, eux, passaient du programme Mercury au programme Gemini. Le programme Gemini allait contribuer au moral des Américains concernant leur programme spatial: la sortie d'Ed White dans l'espace a donné une impulsion et le rendez-vous entre deux capsule Gemini a été la première spatiale des Etats-Unis. Le programme Gemini, avec ses capsules pouvant accueillir deux hommes d'équipage, servit de pont essentiel entre les vols Mercury et le programme lunaire Apollo. Le programme comporta 10 vols, entre mars 1965 et novembre 1966, qui testèrent les techniques de rendez-vous spatial et d'arrimage, ainsi que des sorties dans l'espace, qui allaient s'avérer cruciales pour le programme Apollo. Les vols testèrent également les séjours de longue durée dans l'espace. Le programme Gemini, ainsi, posa les fondations du programme lunaire Apollo. Le programme Apollo fut massivement critiqué, en 1963, par toutes les tendances du Congrès américain car trop cher et les bénéfices attendus ne justifiant pas ces coûts (le programme Apollo allait finalement coûter 155 millons de dollars de 2011 sur 8 ans). Seul le "Bureau of the Budget", institution américaine aujourd'hui appelée le "Office of Management and Budget", défendit le programme Apollo. La décision d'arrêter de fabriquer des fusées Saturn fut prise par le président Lyndon Johnson en 1967. Les Russes, se trouvant confrontés au défi américain concernant la Lune, étaient maintenant obligés de modifier leur perspective: alors qu'ils avaient commencé les années 60 avec une politique de prestige, ils devaient maintenant passer à un programme lunaire... Ils n'y réussirent pas. L'idée d'atteindre la Lune était apparue dès 1955 et des sondes avaient été lancées: Luna-1 en 1959 avait de peu manqué la Lune, Luna-2, en 1960 s'y était écrasé et Luna-3, en 1961, avait renvoyé des photographies. Mais, très vite, les militaires soviétiques avaient recentré le programme spatial russe sur des buts militaires et donc sur la Terre. L'espace soviétique était un élément du patriotisme et, ainsi, le Luna 2 avait été rempli de breloques en métal qui portaient le marteau et la faucille, les symboles de l'Union soviétique et l'impact les dispersa sur le sol lunaire. L'autre cause de l'échec russe dans la course à la Lune semble bien qu'ils n'aient pas su développer un lanceur plus puissant. Le programme lunaire habité soviétique a reçu l'approbation officielle du gouvernement en 1964. Le 25 novembre 1967, moins de trois semaines après le premier vol Saturn V au cours de la mission Apollo 4, les Soviets firent sortir une fusée N1 jusqu'au nouveau pas de tir 110R du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan soviétique. Cette fusée particulière, désignée 1M1 et également appelée le "Facilities Systems Logistic Test and Training Vehicle" ("véhicule de test et d'entraînement logistique des systèmes de lancement"), était une maquette conçue pour donner aux ingénieurs une expérience en termes de déploiement, d'intégration au pas de tir et de retour au hangar. La N1 russe fit le voyage horizontalement puis fut ensuite levée à la verticale sur le pas de tir, pratique standard des véhicules de lancement soviétiques. Le 11 décembre, après la réalisation de nombreux tests, la fusée N1 fut ramenée à l'horizontale et transférée au bâtiment d'assemblage. La maquette 1M1 allait être utilisée plusieures fois dans les années suivantes dans le cadre d'autres tests d'intégration au pas de tir. Bien que le test de 1967 ait été secret, un satellite de reconnaissance américain photographia la N1 au pas de tir peu avant son retour au bâtiment d'assemblage. James Webb, alors administrateur de la NASA eut accès à ce document et autres documents d'espionnage similaires, lesquels montraient que les Russes planifiaient sérieusement des missions lunaires habitées, ce qui influença plusieures décisions-clés américaines au cours des mois suivants: l'imagerie satellite semblait montrer que les Soviétiques s'apprêtaient à un vol d'essai de la N1. Mais les données de renseignement ne purent révéler que la fusée utilisée n'était qu'une maquette et que les Soviétiques avaient en fait de nombreux mois de retard dans la course à la Lune. Les Russes, eux, pensaient qu'ils pourraient effectuer un vol-test de la N1 au cours de la première moitié de l'année 1968 mais, pour un ensemble de raisons techniques, l'essai ne put avoir lieu avant plus d'une année. La fusée soviétique "N-1" fut testée pour la première fois en 1969 mais le lancement échoua. Korolev, de plus, le père du programme spatial soviétique, était mort à l'hôpital, en 1966, d'une affection mal soignée. La technologie soviétique était dépassée. La fusée Semiorka, dérivée des missiles soviétiques, qui avait lancé le Spoutnik, devait, ainsi, rester, via différentes versions -dont la fusée Soyouz- le lanceur principal russe jusqu'à nos jours. Les Etats-Unis, au contraire, avec Wernher von Braun, avaient construit la "Saturn V", cette gigantesque fusée de trois étages, qui pouvait placer les éléments Apollo sur la trajectoire Terre-Lune. Les Etats-Unis avaient également lancé une série de sondes lunaires -les "Ranger"- qui photographièrent l'ensemble de la Lune (elles ont d'ailleurs donné les meilleurs photographies de la Lune dont on dispose encore actuellement) -voire y atterrirent, préparant aussi, ainsi, l'alunissage des missions Apollo. Une série de missions, s'approchant progressivement du but, permirent qu'en 1969, le 21 juillet, la mission Apollo 11 remplisse la promesse faite par le président Kennedy 8 ans plus tôt. L'évènement fut télévisé sur toute la planète et regardé par des millions de personnes. Les Etats-Unis avaient remporté la course à l'espace! Von Braun, dès après le succès d'Apollo 11, proposa au vice-président américain un projet pour les 100 prochaines années (dont une mission habitée à Mars dès 1985) mais, l'enthousiasme des premiers pas sur la Lune passé, sa proposition n'intéressa personne; sans doute le signe que les ingénieurs allemands capturés en 1945 avaient donné le meilleur de ce qu'ils pouvaient. Les ingénieurs-informaticiens d'Apollo 11 donnèrent naissance à la nouvelle industrie informatique; en effet, ils furent licenciés après la réussite de la mission. De plus, le fameux "missile gap", dont les Etats-Unis s'étaient inquiétés, n'existait même pas! Tôt dans les années 1960, les satellites de reconnaissance Corona prouvèrent qu'il n'y avait pas d'avantage russe en la matière et que s'il y avait un avantage, c'était à l'encontre des Soviétiques. Alors que les Américains pensaient que, comparé à leurs 40 missiles ballistiques, les Soviétiques en avait plusieurs centaines, la réalité était que l'URSS ne possédait en fait que 4 missiles! Les premières spatiales russes de la fin des années 1950 n'avaient donc été que des coups de bluff et on doit se demander à quoi avaient correspondu les sur-réactions d'une partie de la classe politique américaine! En 1967, même si l'intérêt principal de la NASA était d'envoyer des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie, l'agence spatiale américaine s'intéressa aussi à l'étude de l'espace interplanétaire. Ce fut alors que le Ames Research Center, ou ARC, à Mountain View, en Californie, dirigea le programme Pioneer -des orbiteurs solaires, un programme souvent méconnu mais qui fut couronné de succès. En 1965 et 1968, 4 satellites Pioneer gagnèrent l'orbite solaire pour accomplir des mesures globales des champs magnétiques interplanétaires et le flux et la structure du vent solaire. Ces Pioneers servirent aussi du premier réseau de météorologie solaire basé dans l'espace et donnant des données sur les tempêtes solaires pouvant impacter les communications et les systèmes électriques de la Terre. Le programme intéressait aussi le programme Apollo dont les astronautes dans leur chemin vers et depuis la Lune pouvaient en être affectés. Les Pioneers étaient placés dans des orbites solaires semblables, juste à l'intérieur ou à l'extérieur de l'orbite terrestre, mais espacés à intervalles variés. Prévus pour durer 6 mois, tous les Pioneer excédèrent de loin cette durée, permettant, ainsi, l'observation, en août 1972, d'un fort flare solaire
Le Président Johnson n'avait pas d'intérêt pour des effort spatiaux suivant l'atterrissage lunaire de 1969 et le budget de la NASA atteint son pic en 1965 puis connut un déclin régulier. La NASA procéda à une réorganisation manageuriale dès la fin de la mission réussie d'atterrissage lunaire Apollo 11: l'agence américaine passa immédiatement du programme lunaire à de nouveaux projets pour les années 1970. Dès août 1968, James E. Webb, le directeur de la NASA, avait refusé de financer sur le long terme toute fusée Saturn au-delà du nombre de 15 originellement prévu, ce qui amena essentiellement la fermeture des lignes de montage. Après son arrivée à la Maison Blanche en janvier 1969, le Président Nixon nomma un groupe pour définir les options qui suivraient la fin du programme Apollo. A part un vague consensus que le programme habité devait continuer, aucun projet ne fut approuvé et les propositions de la NASA, quant à elles, consistaient en une station spatiale, une navette pour l'atteindre et même une base lunaire. Le groupe, dans des conclusions rendues en septembre de la même année, notait que les Etats-Unis devraient poursuivre un programme équilibré entre missions robotiques et missions habitées mais soulignait aussi l'importance de ces dernières et établissant le but à long terme d'une mission à Mars avant la fin du XXème siècle. Ce plan grandiose ne fut pas suivi par le Président Nixon: les Etats-Unis étaient confrontés au conflit en Asie du sud-est et des programmes nationaux étaient en compétition pour des dollars fédéraux rares. Après plusieurs options prises en compte et annoncées, seules les missions Apollo 16 et 17 furent finalement approuvées puis le programme spatial américain se tourna, à partir de 1972, vers la navette spatiale, seul élément qui survécut aux coupes budgétaires. Depuis les débuts du programme Apollo, de nombreux scientifiques doutent que les missions habitées aient une réelle valeur scientifique et, ainsi, ils n'ont jamais aimé ces missions lunaires. Ils préfèrent les missions robotiques en orbite et dans le système solaire car ils estiment que les missions habitées sont trop chères et qu'un équipage n'est pas efficace en termes d'expériences délicates. Les progrès scientifiques qu'ont permis les missions Apollo, cependant, ont permis que s'ouvre l'âge d'or de l'exploration planétaire et les missions robotiques, depuis, sont devenues les sources principales de données nouvelles sur la Lune et les planètes. Au cours des années 1970 et 1980, un grand nombre de missions américaines furent envoyées à peu près partout dans le système solaire, collectant un ensemble de données qui, jusque là, n'étaient accessibles que depuis les télescopes terrestres
Le 9 avril 1965, la NASA avait transféré le centre de contrôle des vols habités de la Cape Kennedy Air Force Station au nouveau Mission Control Center du Manned Spacecraft Center ("centre de contrôle des missions, ou MSC) à Houston. Les opérations y commencèrent avec le vol Gemini IV de 4 jours en juin 1965. En mars, au cours du précédent vol -le Gemini 3- le centre de contrôle de Houston avait servi en tant que centre de secours. La nouvelle installation, significativement plus grande que l'ancienne salle de contrôle, comprenait des ordinateurs plus neufs et plus rapides et des experts des vaisseaux se trouvaient dans des salles spéciales d'où ils aidaient les contrôleurs de vol. Les missions spatiales habitées, qui devenaient progressivement plus longues, nécessitaient que les contrôleurs de vol opérassent en trois équipes qui se succédaient, permettant le contrôle 24 heures sur 24; cette façon de procéder continue encore de nos jours. Le "Mission Control Center" de Houston, au Johnson Space Center fut là où les équipes de contrôle de la NASA planifièrent, testèrent et exécutèrent le contrôle des programmes Gemini, Apollo, Apollo/Soyouz, Skylab ainsi que des missions de la navette spatiale jusqu'en 1992. Pour les vols Mercury, Gemini et Apollo, la NASA utilisa des stations au sol positionnées autour du monde, qui formaient un réseau de communications. Cependant un tel réseau pouvait, au mieux, suivre 15% de l'orbite d'un satellite. En 1973 on passe au "TDRS Project" qui met en place un concept nouveau: des satellites en orbite géosynchrone et deux stations au sol. Il allait permettre à la NASA une communication continue avec les satellites et vaisseaux en orbite terrestre basse (y compris avec la navette spatiale). Le réseau permettait la communication simultanée avec 26 satellites. Le réseau TDRS, de plus, était prévu pour réduire les coûts, en hausse rapide, des lancements spatiaux puisque des dizaines de stations au sol furent supprimées dans le monde
->Les femmes et l'espace
Les premières classes d'astronautes furent des hommes aussi bien aux Etats-Unis qu'en Union soviétique car les agences spatiales de l'époque avaient besoin de personnes habituées à la technologie avancée, de hautes accélérations, des réactions rapides et la capacité de rester calmes sous la pression et les deux pays décidèrent que ce type était le plus souvent rencontré chez les pilotes militaires, lesquels, à l'époque, était seulement des hommes. Après le vol de Youri Gagarine, en Union soviétique, Sergei Korolev eut l'idée, pour cause de propagande, d'envoyer une femme dans l'espace et il sélectionna une première série de 40 femmes sur 400 candidates, qui subirent des entretiens et des tests médicaux et autres en janvier 1962. Valentina Terechkova fut l'une des 5 femmes sélectionnées le 16/02/1962. Les quatres autres virent leurs noms tenus secrets jusqu'en 1987 (Tatyana Kuznetsova, Valentina Ponomaryova, Irina Solovyova, Zhanna Yorkina). Terechkova était née en 1937 et, bien que d'autres candidates présentaient des dons techniques plus avancés, elle présentait un profil plus "politique": son père était mort pendant la Seconde Guerre mondiale et elle, puisqu'ouvrière d'usine, elle correspondait mieux à l'image du prolétariat soviétique. Le fait qu'elle était parachutiste expérimentée et membre des Jeunesses communistes locales puis du Parti communiste fut aussi un facteur. En mai 1962, une délégation spatiale soviétique voyagea aux Etats-Unis et elle eut l'impression -fausse- que les Etats-Unis sélectionnaient des astronautes femmes et qu'ils lanceraient l'une d'elle dans très peu de temps; aussi, pour ne pas être devancés, les Soviétiques planifièrent non seulement d'envoyer dans l'espace, dès 1962, non pas une mais deux femmes, chacune dans un vaisseau Vostock et Ponomaryova et Terechkova furent les candidates placées en tête. Mais des retards eurent lieu et le plan se transforma en visant à n'envoyer qu'une seule cosmonaute, un homme occupant l'autre vaisseau. Ce fut le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev lui-même qui prit la décision finale et il choisit Terechkova, Solovyova étant la première remplaçante et Ponomaryova la seconde. Le 14 juin 1963, le Vostock 5 fut lancé avec le cosmonaute Valeri Bykovskiy à bord et, deux jours plus tard, ce fut Valentina Terechknova qui fut lancée, à bord du Vostock 6. Elle entrait ainsi dans l'histoire comme la première femme dans l'espace. Son nom de code était "Chaika" ("mouette"); le vol de Terechkova faisait ainsi partie du second vol de groupe lancé par les Soviétiques (le vaisseau de la Soviétique manoeuvra dans l'espace avec le vaisseau lancé précédemment). Terechkova accomplit 48 orbites en trois jours, se parachutant avec succès le 19. Terechkova fut fêtée comme un héros en Union soviétique puis accomplit de nombreuses visites internationales partout dans le monde pour célébrer son vol -lequel, de plus, constituait encore une première soviétique. Le Major-général Nicolaï Kamanin, qui était responsable de l'entraînement des cosmonautes, pensa que Terechkova devait voler en premier, notant dans ses mémoires qu'"elle était active en société, spécialement agréable d'apparence et qu'elle exerçait sa grande autorité sur toutes les personnes qu'elle connaissait". Après son vol, Valentina Terechkova fut intégrée au système politique russe: elle devint membre du Soviet Suprême, du Prédium du Soviet Suprême et du Comité Central du Parti communiste. Elle fut aussi une représentante bien connue de l'URSS à l'étranger: elle fut représentante à la Conférence de l'ONU pour l'année internationale de la femme, en 1975 et elle conduisit la délégation soviétique, à Copenhague, à la Conférence mondiale sur les femmes. Elle obtint la médaille d'or Joliot-Curie pour la paix pour son action avec le Conseil Mondial pour la Paix. 19 ans plus tard, après que les Etats-Unis eurent recruté des femmes dans leurs corps des astronautes, l'URSS fit voler Svetlana Savitskaya, pendant l'été 1982, sur une mission qui rejoignit la station spatiale Salyout 7, s'assurant ainsi que la deuxième femme dans l'espace fut également une Soviétique. Valentina Terechkova ne retourna plus jamais dans l'espace et la mort de Korolev, en 1966, mit un terme au plan qui existait d'autres vols spatiaux féminins; le groupe de cosmonautes femmes fut officiellement dissous en octobre 1969 (il faudrait attendre 19 ans pour les Soviétiques envoient de nouveau une femme dans l'espace). Il fallut, aux Américains, attendre jusqu'au 18 juin 1983 pour envoyer une astronaute dans l'espace -Sally Ride, qui voyagea à bord d'une mission de la navette spatiale; les Américains avaient cependant sélectionné un groupe de pilotes femmes qui avaient excellemment subi les tests médicaux des astronautes du programme Mercury mais, selon une politique mise en place en décembre 1958 par le Président Eisenhower, la NASA exigeait des astronautes une formation de pilote de tests militaire et cette politique exista jusqu'au milieu des années 1960, époque à laquelle les premiers astronautes ayant une formation scientifique furent choisis. Sally Ride faisait partie d'un groupe de 6 femmes (les autres femmes choisies étaient: Kathy Sullivan, Shannon Lucid, Anna Fischer, Judy Resnik, et Rhea Seddon) qui avaient été sélectionnées en 1978 pour faire partie du groupe n° 8 des astronautes de la NASA (avec la navette spatiale, la NASA avait étendu le recrutement de pilotes seulement à des scientifiques et des ingénieurs et donc les femmes avaient pu être sélectionnées). Le groupe comprenait aussi les trois premiers Afro-américains et le premier Américain d'origine asiatique. Le vol de Ride sur la mission STS-7 de la navette spatiale eut lieu presque le jour du 20ème anniversaire du lancement de la cosmonaute russe Valentina Terechkova. Sally Ride était née à Los Angeles en 1951; elle avait obtenu un doctorat en physique de l'Université de Stanford. Elle avait présenté sa candidature au corps de la NASA parmi 8000 autres candidats (et 35 seulement avaient été sélectionnés). Sally Ride vola une seconde fois à bord de la navette spatiale en 1984 puis elle fit partie des deux commissions établies à propos de la perte par accident des navettes Challenger et Columbia. Elle prit sa retraite de la NASA en 1987 et après avoir été, entre autres, professeur de physique à l'Université de Californie-San Diego et directeur du California Space Institute, elle est morte en juin 2012 d'un cancer du pancréas. Maintenant, on compte 60 femmes de 9 pays différents qui ont participé à 138 vols spatiaux. La Chine, elle, a envoyé sa première femme taïkonaute dans l'espace en 2012
Les années 1970, qui ont vu se terminer le programme Apollo and la fin des vols habités d'exploration, peuvent être interprétées soit comme le début d'une époque de limites apportées à l'élan initial voire ont participé au déclin que représente, selon certains cette décennie intermédiaire. Vers 1970, l'URSS inaugura les "vols troïka" (du nom des traîneaux russes tirés par 3 chevaux), premiers vols au cours desquels des vaisseaux emportaient 3 membres d'équipage (ce qui mena aussi au record de 7 cosmonautes en orbite en même temps autour de la Terre). Certains, ainsi, voient la construction de la série des lanceurs européens Ariane, par exemple, comme une rupture profonde avec la position globale que les Etats-Unis avaient tenue jusque là. Dans les années 1970, la capacité de la NASA pour l'orbite géo-stationnaire n'était que de 35 kg. On commença alors d'ajouter aux fusées de lancement des moteurs à carburant solide, ce qui mena progressivement cette capacité à 750-800 kg. Les programmes habités de prestige des années 1960 n'avaient pas été la part essentielle des activités spatiales. Edgar Cortright, pour ce qui est de la NASA, qui avait travaillé à l'agence NACA, supervisa la formulation initiale du programme météorologique américain, dont TIROS et Nimbus; puis, à partir de 1963, pendant 10 ans, il dirigea les programmes concernant l'exploration scientifique robotique et l'utilisation de l'espace (dont les sondes lunaires et planétaires), les satellites et les missions de géophysique et d'astronomie, les "bio-sciences", les satellites "d'application" ainsi que le développement et l'utilisation de fusées de lancement légères et moyennes. Par la suite, il joua aussi un rôle important dans les missions martiennes Viking. Durant ces mêmes années et au début des années 1970, une pléthore de missions interplanétaires avaient été lancées. L'exploration du système solaire par la NASA commença dès le 27 août 1962, avec le lancement de la mission Mariner 2. Le lancement eut lieu sur une fusée Atlas-Agena et elle visait Vénus, qu'elle frôla à 34000km (21000 miles), renvoyant des données scientifiques inédites sur l'espace interplanétaire et l'atmosphère vénusienne. L'expérience du vaisseau consacrée au vent solaire fut également la première mesure de la densité, vitesse, composition et variation de celui-ci. La sonde cessa de transmettre en 1963. Ces missions ont amené une plus grande connaissance du système solaire et elles continuent encore actuellement. Des satellites scientifiques en orbite -le plus connu étant le télescope spatial Hubble- de plus, ont permis à l'astronomie d'encore avancer dans sa connaissance de l'Univers. De plus, dès le début de la conquête spatiale, l'utilisation civile, l'observation depuis l'espace s'étaient développées. Les satellites d'observation météo furent les premiers utilisés, puis une flotte de satellites d'observation se mit en place rapidement après 1970 en même temps que les techniques d'observation se perfectionnaient. La "National Oceanographic and Atmospheric Administration" (NOAA) américaine fut créée en 1974 pour gérer ces activités. Vers 1980, ce secteur de l'activité spatiale était sorti de l'époque des débuts. Il intégra, pendant la décennie suivante, les missions de la NASA. La première utilisation de l'espace en matière de télécommunications fut le fait des satellites Echo I and Echo II, qui étaient de grandes structures gonflables. Ils permirent la première communication parlée par satellite ou la première liaison téléphonique par satellite reliant les côtes est et ouest des Etats-Unis. Les missions Echo, de plus, permirent l'étude de la densité atmosphérique, de la pression solaire, de la propulsion par voiles solaires ou la transmission vidéo par satellites. Echo était un satellite de communication "passif" -qui avait été appelé un "satelloon", "ballon-satellite". Ses transmissions inclurent un message du Président Dwight D. Eisenhower, expliquant qu'Echo prenait place dans le programme spatial américain d'une recherche spatiale pacifique accessible aux autres pays ainsi qu'un message de Lyndon B. Johnson -qui n'était alors que sénateur- qui imaginait un "futur pas si éloigné où un homme et un programme pourraient être vus et entendus simultanément dans chaque salon des Etats-Unis. Puis le Project Relay, un satellite actif qui recevait et réémettait sur des fréquences distinctes constitua l'étape suivante. A partir de là, le JPL -et la NASA- cessèrent -tôt dans l'âge spatial- les technologies de communications par satellite parce que des sociétés commerciales étaient prêtes pour en prendre la responsabilité. Pour ce qui est des retransmissions télé par satellite, la NASA, depuis 1960, développa des partenariats avec des compagnies privées pour permettre la couverture mondiale d'évènements internationaux. Le premier satellite capable de relayer des signaux TV de l'Europe à l'Amérique du Nord fut le Telstar 1, une sphère de 85kg et de 88cm de diamètre remplie de transistors et couverte de panneaux solaires. Il fut lancé sur une Thor/Delta depuis le pas de tir 17B de la Cape Canaveral Air Force Station le 10 juillet 1962. Placé sur une orbite elliptique de 5600 par 954km, Telstar relaya ses premières images en direct en direction de la France, l'image d'un drapeau américain flottant à la station réceptrice d'Andover, dans le Maine. Le Telstar, de plus, pouvait également relayer les appels téléphoniques, la transmission de données et des images en fac-similé. L'impact international fut immédiat, un sondage américain montrant que Telstar était devenu plus célèbre, par exemple, en Grande-Bretagne que le Spoutnik soviétique. Telstar fut aussi le premier satellite financé privativement: Bell Laboratories le conçut et le construisit et il fut financé, dans le cadre d'un accord avec la NASA, par AT&T (American Telephone and Telegraph Corp.) Jusqu'alors les actualités télévisées internationales étaient tournées par les équipes de télévision et les films développées lors du voyage retour aux studios. Telstar ouvrit donc l'ère de la couverture mondiale des actualités TV et la retransmission en direct d'évènements lointains. La limite, alors, était que Telstar n'étaient disponible que 18 minutes de suite, le temps de leur passage au-dessus de l'Atlantique. Les satellites TV actuels sont beaucoup plus grands et sont sur une orbite géosynchrone, à 35900km d'altitude; ils restent donc au-dessus de la même zone, permettant des communications TV permanentes entre deux continents. Les stations de réception des Telstar se trouvaient à Andover, dans l'état du Maine, aux Etats-Unis, à Pleumeur-Bodou, en France (en Bretagne) et à Goonhilly Downs, en Grande-Bretagne; elles utilisaient des antennes énormes. Aujourd'hui, de simples paraboles individuelles suffisent. On ajouta, en 1985, la "connaissance de la Terre" au premier but défini dans le chapitre 102 du Space Act de 1958 et, en 1989, on ajouta aux buts de la NASA un neuvième but, la "préservation de la position dominante des Etats-Unis en matière aéronautique et spatiale par le biais de la recherche scientifique et du développement technologique et en lien avec les process industriels associés"
Pour ce qui de l'idée de stations orbitales habitées, elle était apparue chez les Soviétiques pendant la course à la Lune des années 1960. Ils développèrent le concept d'un séjour habité, permanent, en orbite basse et des pièces de matériel déjà construit servirent à construire les premières stations spatiales russes. L'URSS, de façon remarquable a assuré une présence humaine continue en orbite depuis 1971 ... Au programme Saliout, dont l'accès était assuré par des Soyouz, succéda, en 1986, le programme Mir. Il est possible que ces séjours de longue durée aient fusionné dans un projet d'atteindre Mars dans les années 1980. Mais, quoi qu'il en soit, le but original de ces stations spatiales soviétiques n'a jamais été totalement élucidé. La station Mir est restée en fonction de 1983 à 1998, étant alors précipitée dans l'océan Pacifique
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Pendant ce temps, les Etats-Unis, s'étaient engagés, dans les années 1970, dans le programme de la navette spatiale. Le concept d'une "navette spatiale" remonte au "Amerika Bomber" allemand, ou le "Silbervogel". Le projet fut repris par le Bureau of Aeronautics de l'U.S. Navy et de telles études amenèrent finalement différents programmes auxquels participèrent l'armée américaine, le NACA et la NASA. L'avion X-15, par exemple, fut l'un de ces projets. L'U.S. Air Force, elle, avait travaillé sur l'avion X-20, ou le "Dyna-Soar", un prédécesseur plus direct de la navette mais le projet s'arrêta en 1963. L'époque était aux idées de Wernher von Braun qu'on appelait le "paradigme von Braun". Ces vues consistaient en une suite d'étapes: vols habités en orbite, véhicule réutilisable, rendre l'accès à l'espace moins cher et plus facile, utiliser le véhicule pour construire une station spatiale, habiter celle-ci et l'utiliser comme base d'où on lancerait des missions vers la Lune, puis Mars. Cela devint une sorte de feuille de route pour la NASA, nouvellement créée mais la pression que subissaient les Etats-Unis du fait des réussites soviétiques dans l'espace les amenèrent à passer, dans le cadre du programme lunaire Apollo, quelques-unes de ces étapes. Ainsi, le concept d'avion spatial laissa la place à la construction rapide de capsules sûres. Les capsules, de plus, étaient d'une technologie que les ingénieurs comprenaient mieux et d'une approche beaucoup plus faible en termes de technologie. Une fois que la course à la Lune eût été remportée par les Etats-Unis, ceux-ci durent redéfinir leurs plans pour l'espace. Cela fut fait début 1969 quand le président Richard Nixon mit en place un groupe d'études sur l'espace. Le groupe recommenda de revenir, en un certain sens, au paradigme von Braun: une natte, une station spatiale, des voyages habités sur la Lune et, enfin, des missions habitées vers Mars. Mais Nixon refusa du fait du coût de ce programme. Aussi la NASA dut-elle se concentrer sur le seul aspect de l'avion spatial, la navette. Cette décision, par ailleurs, marqua une évolution importante par laquelle les Etats-Unis passèrent de l'exploration spatiale à l'utilisation de l'espace. Elle fut annoncée par le président Nixon lui-même en janvier 1972 qui souligna qu'un tel véhicule spatial permettrait aux Etats-Unis d'accéder à l'espace fréquemment et à relativement bon marché. L'espace, ainsi, devenait les environs de la Terre. Une première version d'une navette n'alla guère loin pour cause de problèmes de financement: il s'agissait d'un système à deux étages, le premier étage, hypersonique, portant, sur son dos, un orbiter jusqu'à au moins 50000 ft puis revenant atterrir, l'orbiter continuant sa route jusqu'à l'orbite. La NASA finit donc par choisir le système que l'on connaît. On notera que des problèmes de financement empêchèrent aussi, par la suite, les Etats-Unis de construire une navette de deuxième génération et la NASA fut obligé d'utiliser la navette pendant 30 ans, avec cette technologie des années 1960 et 1970. Des atterrissages de précision effectués par un véhicule expérimental -un "lifting body" dont la portance s'effectuait via une surface plane inférieure seulement- le X-24B, en 1975, à partir d'une altitude de 60000ft à la base aérienne d'Edwards, en Californie, permirent de décider qu'on n'équiperait pas la navette spatiale de moteurs atmosphériques pour l'aider au cours de l'approche. Les tests permirent de comprendre que des véhicules à haut rapport portance-traînée pouvaient descendre d'une altitude élevée et même de l'orbite et atterrir comme un appareil conventionnel (les premiers vols habités effectuaient des rentrées ballistiques, semblables à celle d'une tête nucléaire lancée par missile). D'autres tests avec les lifting body HL-10, M2-F3, and X-24B validèrent les suppositions des ingénieurs que de tels véhicules pouvaient être précisément contrôlés pendant l'approche et l'atterrissage. L'avantage du lifting body ou d'ailes était de réduire les coûts (ceux de la récupération des astronautes en mer, ceux gagnés sur le poids au lancement) et de permettre une plus grande zone de manoeuvre lors du retour (la navette allait ainsi pouvoir, mettre à sa disposition tous les Etats-Unis ainsi que la plus grande partie du Mexique). La première navette américaine vola en 1981. Le concept permettait de placer un vaisseau en orbite, lequel revenait ensuite atterrir sur Terre par ses propres moyens. Les coupes budgétaires décidées par l'administration Nixon amenèrent le concept de réservoir extérieur non récupérable ou de boosters latéraux qui l'étaient. Les Etats-Unis, par ailleurs, utilisèrent les derniers éléments du programme Apollo pour construire une station spatiale expérimentale, "Skylab", en 1973-74. Le projet "Skylab" permit de faire la preuve que l'homme pouvait vivre et travailler en orbite. Cette idée d'une station spatiale qui serait propre aux Etats-Unis fut de nouveau avancée au milieu des années 1980. Ce fut le projet "Freedom" (alors que seules neufs missions de la navette spatiale avaient eu lieu, le Président américain Ronald Reagan demanda à la NASA d'utiliser les capacités du véhicule pour un nouveau bond de géant, un avant-poste orbital). Il ne fut jamais mené à bien. Par contre, c'est ce projet qui donna naissance à l'actuelle Station Spatiale Internationale, -qui est une entreprise conjointe entre plusieurs nations ou organisations, dont les Etats-Unis- via la coopération ancienne Union Soviétique-Etats-Unis autour du programme Mir dans les années 1990. Jesco von Puttkamer, dont la carrière à la NASA commença en 1962 en tant qu'ingénieur au Marshall Space Flight Center dans l'équipe de von Braun relative aux lanceurs du programme Apollo, a été l'acteur déterminant pour ce qui est de la coopération soviéto (russo)-américaine) en matière de vol spatial habité: ses relations personnelles tant en Union Soviétique qu'aux Etats-Unis lui permit de rapprocher les deux communautés scientifiques en termes de dialogue et d'activités. Il organisa une traduction en anglais de la série de Boris Chertok consacrée à "Fusées et peuples", laquelle retraçait l'histoire du programme spatial russe. Von Puttkamer organisa aussi des expositions, en URSS, des réalisations spatiales américaines. Par ailleurs, son livre-chronique du premier atterrissage sur la Lune -Apollo 11- fut publié à Pékin en 1982 dans une traduction chinoise. On sait peu que les Etats-Unis et l'URSS -puis Russie- ont men&eacu;te, depuis aux alentours de 1970, des missions conjointes ayant trait à la recherche biologique concernant les effets du vol spatial sur les créatures et les êtres vivants. Une autre utilisation bien connue de l'espace est, depuis aux environs de 1978, les systèmes GPS. Via une triangulation de plusieurs satellites, ces systèmes permettent un positionnement très précis de leurs utilisateurs pour toute la Terre. Ces systèmes ont d'abord été utilisés par les militaires puis ont connu des versions civiles, qui sont utilisés pour toute un ensemble d'usages. Le premier système GPS a été américain; le premier satellite en a été lancé en 1978. Le système GPS américain est contrôlé par la base aérienne de Shriever, dans le Colorado. Les Soviétiques -puis les Russes- conçurent également leur propre système, le GLONASS. Leur premier satellite fut lancé en 1982. Suite à la dissolution de l'URSS, les capacités opérationnelles du système se sont dégradées par manque de fonds mais il tend, de nos jours, à être restauré dans ses pleines capacités. Le GLONASS opère depuis le centre de contrôle du système, qui se situe à Moscou. L'Europe, plus récemment, a commencé à mettre en oeuvre un GPS propre, le système "Galileo", dont le premier satellite a été lancé fin 2005 et continue d'être mis en oeuvre avant une complète mise en service
Qu'en est-il de l'évolution récente? Depuis 1980 on est réellement passé à une logique néo-libérale pour l'espace avec les sociétés d'accès à l'espace ou les projets d'extraction minière sur la Lune ou les astéroïdes. Les années 1970 pourraient avoir annoncé la fin des liens qui étaient faits entre âge de l'espace et futur, espace et progrès ou optimisme technologique et réalisations militaires. Cela, vraisemblablement, aura ramené l'humanité à une réflexion terre à terre, prenant conscience que le futur devenait soudainement plus proche, sur cette Terre. Une fois l'URSS disparue et que de nouveaux acteurs spatiaux aient émergé, ou que la Russie ait accepté des programmes communs avec les Etats-Unis (des missions jointes à bord de la navette spatiale ou des séjours en commun à bord de la Spation Spatiale Internationale), l'espace, de nos jours, s'oriente vers un futur fait de privatisation, de coopération voire de guerre spatiale. Les dernièes années de la conquête spatiale pourraient souligner qu'on est passé, via la crise économique des années 1970, des budgets exorbitants des années 1960 puis à la commercialisation de l'espace et, finalement, des projets de tourisme spatial. Cette ère nouvelle de la conquête spatiale est souvent désignée par le mot "NewSpace". En 1989, la NASA a commencé d'acheter des lanceurs pour ses propres missions plutôt que continuer d'en être les propriétaires. Le marché principal des lancements, chaque année, consiste en 25 satellites de télécommunications; l'Europe en assure 60% alors que la société privée américaine SpaceX, née des nouveaux choix de l'administration Obama en matière spatiale est un concurrent low cost; l'Inde et le Japon peuvent devenir des concurrents émergents. Il semble très probable que l'espace commercial consiste surtout à utiliser commercialement les ressources de l'espace, comme, par exemple, les minerais de la Lune ou des astér&oium:l;des. Une vue plus élaborée est que l'espace commercial viserait aussi à trouver des lieux nouveaux où pourraient vivre les générations à venir d'humains. A peu près à la même époque, le système de lancement de la NASA cessa d'employer un opérateur pour actionner un bouton de lancement et les pas de tir passèrent à un auto-séquenceur automatique, tel celui de la navette spatiale (mais il fallait encore un opérateur pour accomplir un clic de souris...) Une autre tendance est la volonté de nombreux pays de disposer de la technologie du vol habité ou d'envoyer des hommes sur la Lune. Un travail en collaboration est ainsi en cours entre l'Union européenne et la Russie en vue d'un vaisseau habité (mais les deux pays conservent, chacun, un programme habité propre); la Chine, l'Inde et même le Japon visent tous aux vols habités et/ou à des missions lunaires. Les Etats-Unis visent aussi Mars et une mission vers un astéroïde en sera une étape; ces vues lointaines, par ailleurs amènent à une volonté de coopération internationale et à l'emploi de technologie robotique aidant les astronautes. Tout cela pourrait bien mener aussi à une course à l'espace telle que celle qu'ont connue les années 1960 entre les Etats-Unis et l'URSS. L'espace, enfin, pourrait s'orienter vers un futur guerrier. Alors que l'utilisation militaire de l'espace avait déjà commencé dès les années 1960, l'idée est maintenant bien ancrée que l'espace est d'une grande utilité pour le champ de bataille sur Terre et que l'espace pourrait même être un champ de bataille en soi, le "fourth battlefield" (le "4àme champ de bataille", en anglais). Les systèmes anti-missiles ou les systèmes destructeurs -ou brouilleurs- de satellites font désormais partie des programmes de tout pays capable d'accéder à l'espace. "Opérations "contre-espace"" (en anglais: "counterspace operations"), tel est le nouveau nom de ces capacités de perturber -ou de défendre- les activités spatiales d'un pays. La question se complique d'autant plus que même les satellites commerciaux peuvent ête utilisés pour perturber ou détruire des satellites, de même que le peuvent un grand nombre de satellites militaires qui n'ont pas été spécialement conçus pour cela. Les lasers, de plus, que certains pays utilisent pour suivre leurs satellites peuvent également servir d'arme spatiale. Le traité de 1967 sur l'utilisation de l'espace extra-atmosphèrique, signé par la plupart des états, stipulait que l'espace ne devait être utilisé qu'à des fins pacifiques mais ce que ces termes signifiaient n'a jamais été clairement défini. Les nations spatiales se fondèrent sur la Charte des Nations-Unies de 1945 dont la définition de "fins pacifiques" inclut le droit inhérent d'un pays à légitimement se défendre et ces nations des débuts de la conquête spatiale -dont l'URSS et les Etats-Unis- ont placé dans l'espace des systèmes de communications militaires et des satellites d'alerte précoce mais elles sont également allées plus loin en développant et en testant des armes anti-satellites (ce qui d'ailleurs a également eu lieu avant le traité de 1967). Sur les 1380 satellites en orbite aujourd'hui, 149 sont des satellites militaires américains, 75 russes et 35 chinois. Israël en possède 9, la France 8 et le Royaume-Uni et l'Allemagne 7 chacun. Cette question de la militarisation de l'espace a évolué, depuis, en ce qu'un conflit spatial prendrait plutôt la forme d'un brouillage électronique, d'attaques d'énergie contre des capteurs voire, plus vraisemblablement, de piratages de terminaux au sol de sorte à les rendre inutilisables
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