Après que l'Union soviétique eut lancé le Spoutnik, Mao-Tsé-Toung, le leader chinois avait ordonné à ses scientifiques et ingénieurs de préparer un satellite national, qui devrait être lancé en 1959, en honneur du "Grand bond en avant", ce plan chinois pour une industrialisation rapide (plan qui avait finalement échoué); mais la Chine n'avait pas la technologie nécessaire pour un tel exploit spatial et tous les efforts faits à direction de l'espace dans les décennies suivantes capotèrent à maintes reprises du fait des désordres politiques. Le premier satellite chinois enfin lancé en 1970 l'avait été dans le seul but de jouer les premières mesures de "L'Orient est rouge", le chant de la Révolution culturelle. La Chine avait commencé de maîtriser les vols spatiaux depuis la fin des années 1950, utilisant des missiles stratégiques transformés et elle a lancé son premier satellite en orbite en avril 1970, le "Dongfanghong-I". Son programme habité a commencé à la fin des années 1990 sous le contrôle de l'armée. Le premier vol habité a eu lieu les 15-16 octobre 2003 après une série précautionneuse de vols-tests non habités -dont certains emportant des mannequins-astronautes. Ce premier vol habité chinois a été un vol avec un seul astronaute (pour "astronaute", les chinois disent "taïkonaute" -en chinois: "yuhangyuan", "homme du grand vide"). Le premier vol habité de la Chine a consisté en 14 orbites, exécutées en 21 heures. Le vaisseau -nommé "Shenzhou", "vaisseau sacré" en chinois- a été lancé le mercredi 15 octobre 2003, à 9 h heure locale (1h GMT) depuis le centre spatial Jiuquan, situé dans le désert de Gobi. Le lancement s'est fait par le biais d'une fusée Longue Marche. Le vaisseau spatial s'est finalement posé le jeudi, à 6h 23 heure locale en Mongolie Intérieure. Le retour du vaisseau habité chinois s'est fait selon le mode suivi par les vaisseaux russes Soyouz
->Le module Tiangong-1, lancé en 2010, sera la base de la station orbitale chinoise!
Dans la perspective de construire sa propre station spatiale, la Chine lancera en 2010 le module Tiangong-1 ("Palais Céleste-1"). Ce module, de 8,5 t., sera déjà capable d'abriter des astronautes qui pourront y vivre et y effectuer des expériences. Plusieurs modules assemblés constitueront la station orbitale chinoise. En 2011, un vaisseau Shenzhou-8 s'amarrera au module Tiangong. Il semble qu'il faille voir là aussi, l'influence russe sur le programme spatial chinois. Aux temps de la Guerre Froide, les Soviétiques, en effet, s'étaient faits une spécialité des séjours de longue durée dans l'espace à bord de stations orbitales -Saliout, Mir- dont les buts n'ont, depuis, jamais été clairement élucidés
VOA News | .
Certains pensent que ce premier vol habité chinois doit être interprété comme un avertissement de type militaire: la Chine aurait voulu faire clairement passer ce message qu'elle maîtrise la technologie spatiale et que, donc, elle était ainsi prête à prendre part à tout conflit qui impliquerait l'espace dans le champ de bataille. Plus particulièrement, ce vol pourrait signifier que la Chine peut désormais soutenir, depuis l'espace, une attaque contre Taïwan. La date du vol, par ailleurs, pourrait ne pas avoir été choisie par hasard: il s'agissait, en effet, de la date du 39ème anniversaire de la première bombe atomique chinoise. Le vol, enfin, a été rapidement suivi par la mise en place d'une agence chinoise de coopération spatiale, laquelle se donne comme but de permettre l'accès à l'espace aux "nations les plus pauvres". La Chine, elle, bien sûr, proclame que sa technologie spatiale n'a pour but qu'un usage pacifique de l'espace. Pour ce qui est de la suite, la Chine prévoit un nouveau vol habité dès d'ici un à deux ans et on pense qu'elle développe une station spatiale, de type des anciennes stations soviétiques Salyout et Mir; les buts fondamentaux de ces stations russes n'avait jamais été clairement élucidés (pour plus de détails voir "50 ans de conquête spatiale"). Un autre but de la Chine -et sans doute très important en termes de prestige- est d'atteindre la Lune, avec une mission retentissante, en 2012. Les vols habités suivants de la Chine ont compris une sortie dans l'espace
Le programme spatial habité chinois, par ailleurs, semble bien devoir beaucoup à la Russie. La Russie, en effet, semble avoir activement collaboré au programme chinois dans, par exemple, les domaines de l'entraînement des taïkonautes ou de la conception du vaisseau Shenzhou. Cette coopération bilatérale semble devoir continuer dans le futur et la volonté des Chinois de posséder une station orbitale pourrait bien, en ce sens, être liée également aux techniques voire aux buts russes
Diverses sources permettent d'avoir un aperçu de comment la Chine organise ses vols habités. Le lanceur, qui est une fusée du type Longue Marche 2, et le vaisseau sont placés sur une plate-forme mobile et transférés au pas de tir via un trajet de 1,5 km (1500 yards) -qui dure 1 heure. Une tour "d'échappement en cas de problèmes et de préparation" suit le même chemin, à faible distance derrière le lanceur (ce qui est une forte différence d'avec les pratiques de la NASA pour la navette spatiale, où une structure réside en permanence sur le pas de tir). Le lanceur Longue Marche 2 mesure 58,3 m (58,3 yards) de haut soit à peu près la même hauteur que la navette spatiale américaine. La fusée, le vaisseau et la tour sont préparés dans un gigantesque bâtiment, qui est semblable au "Vehicle Assembly Building" du Kennedy Space Center. Le transfert du lanceur et de la tour au pas de tir a lieu entre 4 et 9 jours avant le lancement alors que le lancement lui-même est annoncé comme possible dans un intervalle de 5 jours. Un répétition complète du vol, longue de 3 heures, prend place, ensuite, entre 3 et 8 jours avant le lancement, impliquant les personnels de toutes les branches de la mission, y compris le lanceur ou les équipes de récupération à l'atterrissage, par exemple. Le "feu vert", comme disent les Chinois, pour le lancement est donné une fois cette répétition effectuée avec succès. La date du lancement, ensuite de cela, n'est plus fixée que sur la base de considérations météorologiques. Suite à la répétition, une vérification finale du vaisseau proprement dit, de la fusée et des systèmes au sol d'observation et de contrôle est effectuée. Enfin, la veille du lancement, le remplissage des réservoirs de la fusée, signale que le lancement est irréversible et déclenche, donc, le compte à rebours (ce qui constitue une autre différence majeure d'avec les pratiques de la NASA, où le remplissage des réservoirs d'une mission peut toujours être vidangé dans le cas, par exemple, où il faut annuler et/ou retarder le vol pour cause de problèmes météorologiques ou autres). Le chargement du carburant dure un total de 7 heures. L'équipage de la mission rencontre la presse au centre de lancement la veille du lancement, rencontre qui suit une conférence de presse tenue, le même jour par le "quartier général" de la mission. L'équipage entre dans le vaisseau spatial (dans le module de rentrée) 3 heures avant le lancement et il vérifie alors le système de communications avec le contrôle au sol. Une mission habitée chinoise est suivie par des stations de suivi au sol (dont à Pékin et Xian), des navires et des avions. La Chine utilise une flotte de 6 vaisseaux "Yuanwang" pour suivre ses activitées spatiales. Ils sont capables d'atteindre les océans Pacifique, Atlantique ou Indien. Ces navires, ainsi que 20 stations terrestres, constituent donc le réseau chinois de télémétrie en charge des activités spatiales. Le centre de contrôle des vols spatiaux ("Space Flights Control Center", ou "Centre aérospatial de contrôle en vol") est situé à Pékin
Le vaisseau Shenzhou est essentiellement une évolution du Soyouz soviétique et russe: il est composé de trois modules -respectivement, de l'avant à l'arrière, le "module orbital", le "module de retour" et le "module propulsion et orientation". Les Shenzhou reviennent sur Terre à la façon des Soyouz et les astronautes, alors, s'installent dans le module de retour. Le module orbital, lui, est également utilisé comme point de départ des sorties dans l'espace et il peut être laissé en orbite, à des fins variées, une fois la mission terminée. A la différence des Soyouz, enfin, le vaisseau chinois porte deux panneaux solaires supplémentaires sur le module orbital
Pour ce qui est du retour, les astronautes chinois prennent place à bord du module de retour puis ils se séparent de ce dernier -ou non (si les Chinois décident ou pas de laisser le module orbital en orbite pour quelque temps après la mission pour l'utiliser pour d'autres expériences). Puis le vaisseau Shenzhou allume des moteurs de freinage qui le freine sur l'orbite et l'amènent donc à commencer sa descente. La descente se fait à la façon d'un Soyouz: le module de retour se sépare soit du seul module de propulsion et orientation, soit de celui-ci et du module orbital (si celui-ci n'a pas été laissé en orbite) et, finalement, il atteint les couches denses de l'atmosphère. La friction échauffe la capsule et empêche toute communication radio. La capsule, ensuite, est freinée par parachutes, ce qui lui permet d'atterrir avec douceur dans les plaines de Mongolie Intérieure, en Chine. Une équipe d'assistance à l'atterrissage se hâte vers le Shenzhou et une équipe médicale surveille l'état de santé de l'équipage pendant que celui-ci se ré-adapte à la pesanteur terrestre (cette ré-adaptation, d'ailleurs, se fait à l'intérieur même du module, à la différence du retour d'un Soyouz russe). Pendant une mission qui comporte une sortie dans l'espace, comme cela s'est vu pour la troisième mission habitée chinoise, en 2008, les taïkonautes qui participent à la sortie entrent dans le module orbital où ils revêtent leur combinaison spatiale puis ils dépressurisent la cabine et sortent du module par un module-sas. Ils utilisent ce même module pour rentrer dans le vaisseau et ils repressurisent celui-ci
->Plus sur les prochains vols chinois
. à l'été 2010, la Chine avait terminé le premier module de sa station spatiale. Une fois des modifications apportées à une fusée Long March 2F, celle-ci placera ce module, de 8,5 tonnes, en orbite en 2011. Un vaisseau Shenzhou 8 s'y amarrera ensuite et deux autres ensuite en 2012
. Une deuxième mission lunaire devrait lancer en octobre 2011 et alunir en 2012
. Une mission lunaire habitée reste d'actualité; elle devrait avoir lieu en 2017
Depuis le lancement du premier satellite artificiel chinois en avril 1970, la Chine a mis en oeuvre quatre séries de satellites: des satellites récupérables à capteurs (les Dongfanghong, our DFH), des satellites de télécommunications (les "Fengyun" ou FY), des satellites météorologiques et, enfin, des satellites emportant des expériences scientifiques et technologiques (les "Shijian", ou SJ). Les fusées Longue Marche ont fini par se différentier en 12 variantes et par être capables d'acquérir une part du marché des lancements commerciaux. Pour ce qui est de la télémétrie et du contrôle des vols, les vols habités ont mené à la création d'un système intégré dit "Suivi par télémétrie et centre de commande" ("Telemetry Tracking and Command" ou TT&C en anglais), qui comprend des stations au sol et des navires; le "Space Payload Application Center", lui, a permis les activités de base en termes de soutien aux missions emportant des expériences scientifiques. Les satellites avec capteurs pour observation à distance et les satellites de télécommunications représentent 71% du nombre total des satellites lancés par la Chine. La coopération spatiale avec les pays en voie de développement, ainsi le Brésil, est aussi un centre d'intérêt chinois en matière de construction, de technologie et de composants satellitaires. La Chine accorde aussi de l'importance une coopération régionale avec les pays de la région Asie-Pacifique ainsi la Thaïlande ou le Pakistan, la Mongolie voire la Corée du Sud. La Chine, d'une façon générale, affirme que son programme spatial ne vise que des buts pacifiques et qu'il a pour but la mise des ressources spatiales au service du bénéfice de l'humanité tout entière
plus de détails sur le programme spatial chinois en général à nonuslau.htm#China
Pour ce qui est de la sélection des astronautes chinois, ceux qui ont participé aux trois premiers vols habités chinois ont été choisis dans un premier groupe de 14 astronautes sélectionné en 1998, sur la base de leurs conditions physique et psychologique ainsi que de leurs aptitudes techniques. Ils ont ensuite suivi un entraînement intensif à l'issue duquel les astronautes qui ont réellement participé aux missions ont été sélectionnés. Ils ont alors suivi un dernier entraînement, cette fois centré sur la mission spécifique à laquelle ils ont été affectés. Les deux premiers groupes d'astronautes chinois ont été composés de pilotes de l'armée de l'air; le troisième groupe, à la mi-2017 va inclure aussi des ingénieurs
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